Réception, appropriations, détournements des fêtes de cour.
Journée d’études organisée par Marine Roussillon et Claudine Nédelec. Arras, 15 juin 2018.
La recherche sur les fêtes de cour s’est longtemps consacrée à la reconstitution des spectacles : aux aspects institutionnels et aux modalités pratiques de leur organisation, à leur esthétique et à l’imaginaire politique qu’ils mettaient en scène. Cette journée d’études propose de déplacer le regard porté sur les fêtes en interrogeant leur réception : plus que leurs effets sur leurs premiers spectateurs, difficilement saisissables, il s’agit d’étudier la manière dont elles ont été ressaisies dans l’écriture, appropriées, mobilisées dans des actions nouvelles.
Les fêtes de cour fascinent, jusqu’à aujourd’hui. C’est cette admiration que nous voudrions interroger. L’admiration suscitée par les gravures et les récits officiels des fêtes est l’effet programmé des stratégies de publicité du pouvoir, bien plus qu’une trace ou qu’une survivance des émotions qu’a pu provoquer l’événement des fêtes. Elle occulte l’écart qui existe entre la fête et les écrits qui la convoquent, qu’ils s’agissent de récits officiels, de mémoires ou de pamphlets, et du même coup l’action propre de ces écrits, qui utilisent la fête, et les valeurs auxquelles elle est associée, pour intervenir dans le monde social. Elle masque ainsi la possibilité de divergences dans l’interprétation des fêtes et de l’imaginaire du pouvoir qu’elles véhiculent, de débats, voire de résistance. En interrogeant cette admiration, nous voulons mettre en lumière les enjeux – esthétiques, éthiques et politiques – de l’écriture des fêtes et de leur interprétation, aux XVIIe et XVIIIe siècles et encore aujourd’hui.
9h30. Accueil et introduction
10h – 12h. Récits de fêtes
Marie-Claude CANOVA-GREEN, Goldsmiths, University of London. Regards féminins sur la fête de Versailles de 1668.
Kirsten DICKHAUT, Stuttgart Universität. Écrire la fête, fêter l’écriture : Félibien et la machinerie royale.
Laura NAUDEIX, Université Rennes 2. Une fête pour le Dauphin en 1688.
12h – 13h30 Déjeuner
13h30 – 14h45 Fêtes inventées
Claudine NÉDELEC, Université d’Artois. Les fêtes burlesques des Mazarinades.
Christophe SCHUWEY, Université de Fribourg. Une fête virtuelle : le Parlement d’amour de 1669.
15h00 – 16h15 Mémoire et transmission
Youri CARBONNIER, Université d’Artois, CREHS. Les Menus Plaisirs : mémoire et laboratoire des fêtes de cour au XVIIIe siècle
Benoît BOLDUC, New York University. À la recherche du Balet comique de la Royne : détour historiographique.