Essai
Nouvelle parution
R.E. Lerner, Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

R.E. Lerner, Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

Publié le par Marc Escola

ROBERT E. LERNER

Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

[Ernst Kantorowicz : A Life]

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jacques Dalarun

Collection Bibliothèque des Histoires, Gallimard

Parution : 25-04-2019

640 p. — ISBN : 9782072785955

 

Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considéré à la fois comme un spécialiste d’histoire de l’art, de théologie médiévale et de droit canonique, de philologie et de droit patristique, de littérature et de philosophie médiévales. Peut-être le doit-il d’abord à sa nature artiste. Sa biographie de Frédéric II de Prusse parue en 1927 est devenue un best-seller et Les Deux Corps du roi (publié en 1957), une expression de la science politique et du langage courant.

Sa vie elle-même traverse les tragédies du siècle. Né dans une famille juive industrielle de Poznán, il débute en ardent nationaliste, engagé volontaire au service du Kaiser, blessé à Verdun, volontaire encore pour la lutte contre les spartakistes. C’est à ce titre qu’après la Première Guerre il est étroitement lié au Cercle de Stefan George – considéré alors comme le plus grand poète vivant – qui avait constitué autour de lui une sorte de secte fanatique d’antimodernisme et d’antirationalisme dévouée au culte du héros et à la recherche d’une Allemagne secrète et souterraine.

Nationaliste conservateur, Kantorowicz s’engage pourtant dans la lutte antihitlérienne dès 1933, ce qui le conduit à refuser de prêter serment au régime nazi et donc à devoir démissionner de son poste universitaire en 1934. Il échappe de peu à la Nuit de cristal en 1938 et réussit à fuir, par l’Angleterre, aux États-Unis où il trouve un poste à Berkeley. Il s’y attache, fait école jusqu’à ce que le maccarthysme fasse de lui un des défenseurs de l’indépendance universitaire (à l’allemande), un des premiers intellectuels à refuser le serment de loyauté. Déchu de nouveau de son poste universitaire, il est accueilli à Princeton au sein de l’Institute for Advanced Study. Mais c’est sa personnalité qui rend Kantorowicz fascinant : cet érudit avait l’élégance d’un dandy, un charme personnel qui lui valait toutes les conquêtes, féminines et masculines. Il s’est lancé dans des liaisons brillantes avec l’aristocratie allemande et fut tout proche, sa vie durant, du grand historien d’art d’Oxford Maurice Bowra, autour de qui se pressait une cour d’esprits brillants.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La déconstruction de Kantorowicz", par Christian Galdón (en ligne le 24 septembre 2019)

Peu célébrée en France, l’œuvre d’Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considérée par sa puissance théorique comme un monument précieux de l’historiographie médiéviste du XXe siècle. Sa vie n’est pas moins intéressante que son œuvre. Dans une excellente traduction de Jacques Dalarun paraît Ernst Kantorowicz, une vie d’historien, une biographie très documentée, par le médiéviste américain Robert E. Lerner.