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À quel(s) saint(s) se vouer ? (La Roche Guyon)

À quel(s) saint(s) se vouer ? (La Roche Guyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Eric Vial)

« À quel(s) saint(s) se vouer ? »

La Roche Guyon (95), 7 novembre 2020

 

Depuis 2011, les laboratoires CICC, puis AGORA (EA 7392) de l’Université de Cergy-Pontoise organisent annuellement une journée d’études, pluridisciplinaire même si l’Histoire y a été particulièrement représentée, au château de La Roche Guyon (95), avec l’aide, sous le patronage et en collaboration avec l’EPCC du Château, journée dont les actes sont ensuite publiés dans une collection spécifique au Château, « La Bibliothèque fantôme », d’abord aux éditions de l’Amandier (Paris) puis, depuis leur disparition, aux éditions de l’Œil (Montreuil). Depuis 2018, le thème de la journée est lié à la programmation annuelle des activités du Château.

Cette année, cette dernière est centrée sur la sainteté. Peut-être par esprit malin, nous avons emprunté le titre de notre journée à l’expression populaire  « À quel(s) saint(s) se vouer ? », ceci entre considération du nombre de saints spécialisés et parfois concurrents, existence de saints fantaisistes, conceptions différentes de ce qui peut être appelé sainteté selon les différentes religions, équivalents des saints dans le cadre de religions civiques ou politiques, etc.

La multiplicité des saints dans (ou « au sein de ») la catholicité serait à l’origine de l’expression, au XVIe siècle, et en ces temps d’épidémie où on a parfois vu écrit « porteurs saints », intéressant lapsus, on pourra se rappeler de Louis, Roch ou Sébastien invoqués face à la peste comme Jude, Lazare ou Sylvain face à la lèpre et Grégoire (le Grand), Côme ou Damien (séparément) en cas de maux d’estomac, quitte à dévier en rappelant des cumuls de fonction, comme pour sainte Rita patronne des étudiants qu’enseignants et chercheurs ont en général été, et patronne des cas désespérés ce que l’on ne commentera pas. On évitera peut-être également d’ajouter Glinglin, Frusquin, ou Phorien, deux fois saint dit-on, mais on pourra se rappeler de Guinefort, le saint Lévrier dont Jean-Claude Schmitt retraça l’histoire voici quatre décennies, et s’interroger sur des canonisations populaires étonnantes, éventuellement mal vues de l’Église catholique. On pourra aussi s’interroger sur la pérennité même du culte des saints, en remarquant qu’aucun d’entre eux ne semble avoir été chargé du Covid-19 ni par la piété spontanée, ni par les autorités ecclésiastiques, le Souverain Pontife ayant, dans ses prières publiques, préféré « s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints », selon une autre expression populaire. On pourra aussi s’interroger sur des sanctifications laïques, non pas celles des dictateurs, carrément divinisés, mais celles de grands noms, de personnages exemplaires, comme Léon Blum à la Libération – dans son Histoire de la IVe République,  Georgette Elgey disparue l’an passé, le disait « béatifié de son vivant » – ou, plus surprenant peut-être,  Ravachol, auquel est attachée la formule de Paul Adam, romancier aux opinions d’ailleurs erratiques : « un saint nous est né ». Mais il ne faudrait pas oublier non plus qu’existent des saints dans des religions autres que catholiques, romaine ou orthodoxe, sans compter les chrétientés orientales, avec des statuts et dans des perspectives différentes, par exemple dans le judaïsme, ou dans l’islam avec des contradictions rappelées par les 333 saints de Tombouctou et le saccage des mausolées par les intégristes radicaux en 2012…

On ne pourra évidemment prétendre faire le tour du sujet – de toute façon Albert Camus, par ailleurs bon candidat à la béatification laïque, disait en 1957, devant des réfugiés espagnols, que « si l’écrivain tient à lire ou à écouter ce qui se dit ou ce qui s’écrit, il ne sait plus alors à quel saint se vouer » – mais nous espérons que comme chaque année les communications apporteront des éclairages divers, d’un point de vue tant chronologique que thématique, et entreront en résonnance les unes avec les autres. Cet appel s’adresse aussi bien aux historiens qu’aux spécialistes de littérature, aux civilisationistes, du fait de la composition du laboratoire AGORA, aux sociologues et aux anthropologues du fait de la prochaine fusion d’une partie de ce même laboratoire dans une FRE préparant une UMR « Héritages : Patrimoine/s, Culture/s, Création/s » mais aussi, bien évidemment, aux théologiens, politistes, ethnologues, etc. sans nulle limitation disciplinaire.

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Les propositions de communications sont à envoyer avant le 31 juillet 2020 à François Pernot ( françois.pernot@cyu.fr ) et Eric Vial ( eric.vial@cyu.fr ).

Le château assure la restauration, notre budget limite la possibilité de prise en charge des déplacements depuis des lieux trop lointains, mais en tout état de cause deux départs en voiture (très matinaux) depuis le sud de Paris sont prévus, avec retour le soir, afin d’assurer le co-voiturage d’intervenants.

En cas de nouveau confinement, peut-être ne saurions-nous pas à quels saints nous vouer, mais une solution serait évidemment trouvée, report ou colloque virtuel sur internet.