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"Quelle critique pour les musiques actuelles ? Pour une approche littéraire du discours critique : des années 1980 à nos jours"

Publié le par Vincent Ferré (Source : Aurélien Bécue)

Quelle critique pour les musiques actuelles ?

 

Pour une approche littéraire du discours critique : des années 1980 à nos jours

 

Université Rennes 2, CELLAM, « Axe littérature et arts », Groupe Phi / Institut universitaire de France, 7 avril 2014

 

Dans le cadre du programme collectif « La critique musicale au XXe siècle » déposé par Timothée Picard auprès de l’Institut Universitaire de France, deux journées d’études sont consacrées à la critique des « musiques populaires », organisées par Aurélien Bécue et Noëmie Vermoesen. La première, intitulée « La critique rock : formes, valeurs et représentations1 » a eu lieu le 3 avril 2013 à l’Université de Rennes 2 tandis que la seconde s'intéressera plus largement à la critique des musiques actuelles.

 

L'histoire du rock se caractérise par une fragmentation stylistique2 et la vacuité progressive du qualificatif « rock » pour désigner un ensemble de pratiques musicales, parfois également regroupées sous la bannière des « musiques populaires ». Celle-ci, d'abord utilisée pour inclure des mouvements tels que le disco, le hip-hop, la house, la techno ou encore le rap, a cédé la place en France dans les années 1980 à l’expression « musiques actuelles », qui désigne moins leur hétérogénéité que leur contemporanéité. Si la critique rock possède désormais une longue histoire, depuis sa fondation à la fin des sixties jusqu'à sa constitution par la critique – littéraire cette fois – comme un objet d'étude à part entière3, la disparité des courants appartenant aux « musiques actuelles » pose la question de leur approche critique4.

 

Sans chercher à appréhender l'ensemble des courants musicaux pouvant appartenir à ces « musiques actuelles », nous proposons durant cette journée d'analyser les formes littéraires prises par les critiques de ces musiques autant dans la presse (papier et numérique) que dans la publication de recueils ou d'essais. Nous verrons notamment si, à la fragmentation des styles musicaux, répond une fragmentation des pratiques critiques ou si, au contraire, ces dernières se proposent comme des lieux où s'exprime une relative continuité dans la manière d'écrire (sur) les musiques. Aussi se pose-t-il avec acuité la question de l'existence d'une critique spécifique du hip-hop ou d'une critique techno en tant qu'elles induiraient de nouvelles formes d'écriture. Enfin, la critique des musiques actuelles ne pourrait être pensée sans interroger les évolutions des supports de la critique musicale. En effet, outre leur prise en compte par des supports papiers (magazines, webzines, fanzines, presse généraliste ou spécialisée), les musiques actuelles font corps avec le médium numérique, depuis leur création par ordinateur à leur critique sur le web, interrogeant la porosité entre le geste créateur, le geste critique et l'espace numérique où ils se produisent.

 

Dès lors, afin de caractériser au mieux la critique des musiques actuelles en tant que fait littéraire, nous envisageons trois axes de réflexions principaux pour lesquels sont proposées quelques pistes non exhaustives d’études :

 

Styles musicaux, formes littéraires : continuité ou spécialisation de la critique musicale ?

 

  • l'apparition de nouvelles manifestations critiques pour des styles musicaux contemporains : « critique hip-hop », « critique house-techno », « critique de la chanson »

  • la continuité ou la disparité du geste critique vis-à-vis d'autres champs de la critique musicale (classique, jazz, rock)

  • la polyvalence des instances critiques en terme de styles musicaux (les magazines généralistes, Les Inrocks, Technikart, Vice, I-D, The Face, Dazed & Confused ; les magazines de « musiques actuelles », Magic rpm, Tsugi, Vox Pop) ou au contraire leur spécialisation à outrance (comme par exemple pour les musiques électroniques Coda, eDEN, ou The Source pour le hip-hop)

  • la construction d'imaginaires musicaux dissociés ou le partage d'invariants thématiques et de caractéristiques formelles

La critique musicale à l'heure du numérique : la question du support

 

  • du fanzine au webzine : les mutations de la critique liées au numérique

  • la démultiplication des supports (sur internet : les bandes sons, les vidéos, l'omniprésence des visuels) comme défi au verbe

  • la liberté apportée par le support numérique et la persistance de critiques approfondies (Gonzaï, Pitchfork)

  • l'explosion des stratégies de communication et la place laissée à la réinvention des formes

  • la résistance des autres supports et leur diversification antérieure au numérique

 

Diversification du discours critique : instance auctoriale et légitimité

 

  • le rôle des réseaux sociaux : démocratisation de la parole et nouvelles manifestations du récit à la première personne

  • l'affirmation identitaire de sous-cultures musicales par la critique musicale

  • la dimension critique de la presse et l'emploi des termes « musiques populaires », « musiques actuelles » dans la critique musicale

  • les nouveaux rôles de la critique à l'heure de la disponibilité de la musique

  • la porosité grandissante entre le domaine de production et l'espace critique (Pitchfork et ses festivals ou encore les Transmusicales, la Route du Rock, Electroni-K et les Siestes électroniques qui proposent des conférences et des tables rondes critiques)

 

 

Enfin, si cette journée est à première vue destinée aux spécialistes de littérature comparée, française ou étrangère, tant elle invite à appréhender les conséquences de ces mutations sur la manière d'écrire les musiques (actuelles), toute proposition émanant d’autres disciplines (sociologie, musicologie, philosophie, histoire, esthétique, etc.) sera évidemment la bienvenue. Les approches croisées seront privilégiées afin de cerner au mieux les caractéristiques stylistiques, génériques, esthétiques et éthiques de ces textes critiques. Les propositions (une page maximum présentant la problématique et le corpus, accompagnée d’une biographie) sont à envoyer aux adresses suivantes : noemie.vermoesen@gmail.com et aurelienbecue@gmail.com.

 

 

 

 

Calendrier :

 

Date limite pour l’envoi des propositions : 1er février 2014

 

Retour des propositions : 15 février 2014

 

Journée d'études : 7 avril 2014, Université Rennes 2

 

Les communications feront l’objet d’une publication dans le cadre d'un volume issu du programme collectif « La critique musicale au XXe siècle » déposé par Timothée Picard auprès de l'IUF.

 

 

 

 

 

Comité scientifique : Aurélien Bécue, Timothée Picard, Noëmie Vermoesen

 

 

 

 

Bibliographie indicative:

 

Chang Jeff, Can't Stop Won't Stop : Une histoire de la génération hip-hop, Paris, Allia, 2006

Chastagner Claude, De la culture rock, Paris, PUF, 2012.

Denieul Sandrine (dir.), « Culture de masse : l’illusion du choix », L’autre côté n°2, Paris, 2011.

Ghosn Joseph, Musiques numériques : Essai sur la vie nomade de la musique, Paris, Seuil, 2013.

Jones Steve (dir.), Pop music and the press, Philadelphia, Temple University Press, 2002.

Kosmicki Guillaume, Free parties : Une histoire, des histoires, Marseille, Le Mot et le Reste, 2010.

Kosmicki Guillaume, Musiques électroniques : Des avant-gardes aux dance floors, Marseille, Le Mot et le Reste, 2009.

Leloup Jean-Yves, Renoult Patrick, & Rostain Jérôme, Global Tekno, Paris, Camion blanc, 1999, rééd. augmentée Paris, Scali, 2007.

Leloup Jean-Yves, Digital Magma : de l'utopie des raves parties à la génération MP3, Paris, Le Mot et le Reste, 2013.

Lestrade Didier, Chroniques du dance floor, Paris, Singulier, 2010.

Lindberg Ulf et al., Rock Criticism from the Beginning, Amusers, Bruisers & Cool-Headed Cruisers, New-York, Peter Lang, 2005.

Malfettes Stéphane, Les mots distordus, ce que les musiques actuelles font de la littérature, Paris, IRMA/Editions Mélanie Sétéun, 2000.

Mansier Thomas, Identité du rock et presse spécialisée, évolution d'une culture et de son discours critique dans les magazines français des années 90, Lille, ANRT, 2005.

« Musiques actuelles : un pas de côté », Volume !, n°4 : 2, Saint-Amant-Tallande, Ed. Mélanie Séteun, 2005.

Poshard Ulf, DJ culture, Paris, Kargo/L'Eclat, 2002.

« La presse musicale alternative » (Etienne Samuel (dir.)), Volume !, n°5:1, Saint-Amant-Tallande, Ed. Mélanie Séteun, 2006.

« Le savant à l'épreuve du populaire/Musiques électroniques », Volume !, n°3 :1, Clermont-Ferrand, Ed. Mélanie Séteun, 2004.

Shapiro Peter et al., Modulations : Une histoire de la musique électronique, Paris, Allia, 2004.

Shapiro Peter, Turn the beat around, L'histoire secrète de la disco, Paris, Allia, 2008.

« Sonorités du hip-hop » (Gérôme Guibert et Antoine Parent (dir.), Volume !, n°3 : 2, Clermont-Ferrand, Ed. Mélanie Séteun, 2004.

1L'appel et le programme de cette journée sont respectivement disponibles aux adresses suivantes : http://www.cellam.fr/?appelacontribution=appel-a-communication-la-critique-rock-formes-valeurs-et-representations

http://www.cellam.fr/wp-content/uploads/2013/03/programme-JE-critique-rock.pdf

2Glam rock, punk, post-punk, grunge, noise ou postrock par exemple.

3Ce premier mouvement constituait l’objet de la première journée d’étude « La critique rock : formes, valeurs et représentations ».

4Un numéro de la revue Volume ! invitait ainsi déjà en 2005 à effectuer un « pas de côté » dans l'appréhension des musiques actuelles. Voir « Musiques actuelles : un pas de côté », Volume !, n°4 : 2, Saint-Amant-Tallande, Ed. Mélanie Séteun, 2005.