Revue
Nouvelle parution
Qu'est-ce que la parenté? Incidence, n°1

Qu'est-ce que la parenté? Incidence, n°1

Publié le par Camille Esmein (Source : Delphine Boisselier)

INCIDENCE
Revue de philosophie, de littérature et de sciences humaines et sociales


Publication semestrielle
Octobre 2005, n° 1.

DIRECTRICE DE LA REDACTION
Cécile Gribomont

COMITE DE REDACTION
James-Patrick Daughton, John Farhat , Frédéric Joulian, Bruno Karsenti, Valéry Laurand, Joëlle Le Marec, Alain Mahé, Bertrand Ogilvie, Enric Porqueres i Géné, Jean-Marc Proslier, Laurence Rouzaud, Jérôme Wilgaux.

SECRETAIRES DE REDACTION
Delphine Boisselier et Laure Creff

RESPONSABLE D'EDITION
Delphine Boisselier

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Thierry de la Croix

ADRESSE DE LA REDACTION
revue_incidence@yahoo.fr

ADMINISTRATION ET ABONNEMENTS
Editions Michel de Maule
41, rue de Richelieu - 75001 Paris


Incidence se propose de faire tourner chaque numéro autour d'une pensée présentée dans un texte, ou un ensemble de textes représentatifs de cette pensée ou d'un de ses aspects essentiels. Le ou les textes peuvent être des textes déjà connus, ou des textes peu connus, voire inédits, ou encore non traduits en français ; la revue en donnera alors une traduction originale. Les auteurs qui participeront à cette revue appartiennent à des domaines différents du champ de la recherche : anthropologie, sociologie, philosophie, psychanalyse, histoire, littérature, etc. Chacun de ces auteurs, avec l'intelligence du monde, les concepts, les modes d'argumentation, les modèles théoriques qui sont propres à ces disciplines, chacun donc avec sa rigueur et sa compétence, mais aussi avec sa passion, discutera avec liberté et détermination de cette pensée. Il s'agira d'envisager les multiples résonances qu'elle peut susciter aujourd'hui, son impact, ses prolongements, son actualité dans chacun de ces domaines : le degré d'incidence de cette pensée se mesurant dans la rencontre d'intérêts, d'interrogations, qu'elle parvient à créer autour d'elle, et dans la solidarité intellectuelle, la communication et l'échange d'idées qu'elle parvient à vivifier d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre. A travers une situation d'éclatement des sciences humaines, de dispersion des théories, de richesse illimitée des données, le projet de la revue consisterait à tenter un certain recentrement, modeste attachement à un centre en effet : la pensée d'un autre. Attachement qui prend son sens dans l'idée pour nous essentielle de fidélité : il s'agira dans tous les cas d'être attentif à la restituer dans son véritable éclairage, son contexte, avec les problèmes que l'auteur s'est posés, les impasses théoriques qu'il devait affronter. La fidélité doit s'associer au questionnement, à la mise à l'épreuve de cette pensée, prise dans la continuité qu'elle entretient avec nous. En somme, qu'elle appartienne au passé ou au présent, il s'agit d'en activer l'incidence dans notre monde contemporain, ceci dans la conscience du caractère relatif de la contribution à sa mise en résonance.


QU'EST-CE QUE LA PARENTE ?
AUTOUR DE L'OEUVRE DE DAVID M. SCHNEIDER.

Ce numéro a été réalisé sous la direction scientifique de
Jérôme Wilgaux


L'étude de la parenté, qui peut être considérée comme l'un des domaines fondamentaux de la recherche en anthropologie, a connu un bouleversement considérable au cours des années 1960-70, remettant en cause la possibilité d'une définition universelle de la parenté elle-même. Au fond, qu'est-ce que la parenté ?
Le numéro 1 de la revue Incidence se propose de répondre à cette question en basant sa réflexion sur les travaux de l'anthropologue américain David M. Schneider consacrés pour les uns à la parenté américaine (American Kinship. A Cultural Account. 2nd ed. Chicago. University of Chicago Press. 1980) et pour les autres à la déconstruction de l'approche traditionnelle de la parenté en anthropologie (A Critique of the Study of Kinship. Ann Arbor. University of Michigan Press. 1984), travaux peu connus en France mais qui ont eu un grand retentissement en Amérique. Ils ont tenté de dépasser, d'un point de vue symbolique, l'antinomie inhérente à la définition de la parenté telle que les anthropologues (mais pas seulement eux, les historiens et les sociologues également) l'ont énoncée : comme un ensemble de relations de consanguinité et d'affinité qui relèvent pour certains du biologique et pour d'autres du juridique (ou du social). Pour David M. Schneider, en effet, le fait de valoriser le supposé fondement biologique, et d'accorder ainsi un rôle essentiel à la nature, au sang et à la généalogie dans la définition de la parenté, enferme les anthropologues dans leur propre culture. C'est la raison pour laquelle David M. Schneider a voulu isoler, et saisir avec rigueur pour les combiner et les recombiner ensuite les catégories de chaque culture, de chaque société, plutôt que de rechercher des traits supposés universaux. Cette nouvelle approche de la parenté a joué un rôle d'autant plus important dans le renouvellement de la discipline qu'elle est apparue à une époque de profonds bouleversements des normes et pratiques familiales (comme la remise en cause du mariage traditionnel, l'avènement de nouvelles formes de parentalité ou l'invention de nouvelles techniques de reproduction).
Les auteurs du numéro 1 se sont attachés à restituer la pensée de David M. Schneider dans son véritable éclairage, son contexte, avec les problèmes qu'il s'est posés et les impasses théoriques qu'il a du affronter. Leurs articles ont particulièrement mis en évidence les nouveaux outils conceptuels et technologiques qui permettent de mieux appréhender les transformations actuelles des relations de parenté. En somme, en questionnant la pensée de David M. Schneider, en la mettant en quelque sorte à l'épreuve, ils ont réussi à en activer l'incidence dans notre monde contemporain.


SOMMAIRE


Introduction, Jérôme Wilgaux (historien, maître de conférences à l'Université de Nantes).

David M. Schneider et l'anthropologie de la parenté, Carles Salazar (anthropologue, professeur titulaire à l'Université de Lleida, Barcelone).

La classification de la parenté trobriandaise et le relativisme culturel de David M. Schneider, Susan P. Montague (anthropologue, professeur émérite de l'Université de Northern Illinois, Dekalb).

David M. Schneider en Attique : le sang, le sperme dans les représentations de la parenté en Grèce ancienne, Jérôme Wilgaux.

David M. Schneider et les symboles de la parenté : l'inceste et ses questionnements, Enric Porqueres i Géné (anthropologue, maître de conférences à l'EHESS).

Une relecture de David M. Schneider à la lumière des nouvelles familles, Anne Cadoret (anthropologue, chargée de recherche au GRASS-CNRS, Paris).

La question de l'anonymat et de la connaissance des origines biologiques dans la procréation médicalement assistée par don d'ovocytes, Monique Bydlowski (psychiatre et psychanalyste, responsable du laboratoire de recherche en psychopathologie périnatale, Maternité Cochin-Port Royal, Hôpital Tarnier, Paris).

Parenté, ethnicité, race et nation : sur les différents modes de partage de substances biogénétiques, Joan Bestard (anthropologue, professeur titulaire à l'Université de Barcelone).

Des nouveaux cadres des familles contemporaines aux nouvelles pathologies, Alain Lazartigues (professeur de pédopsychiatrie au CHU de Brest).

La médiation médicale, Monique Schneider (psychanalyste, Paris).

Le roman de Henry James, Ce que savait Maisie : une aventure de la parenté, Jean-Marc Proslier (professeur certifié de lettres modernes à Paris).

Morceaux choisis de l'oeuvre de David M. Schneider, traduits par Cécile Gribomont.