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Pustules, virus et bien être. Le corps sanitaire et la bande dessinée

Pustules, virus et bien être. Le corps sanitaire et la bande dessinée

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Chauvaud)

Les soins, la situation des hôpitaux, les politiques de santé publique ont pris une place considérable auprès de l’opinion publique depuis la crise ouverte par la propagation de la covid 19. Actrices et acteurs de la vie politique, journalistes, observateurs, épidémiologistes, médecins et personnels soignants, patientes et malades, écrivains et autrices, et bien d’autres encore, se sont mobilisés, ont été affectés, ont été meurtris… Les débats portent à la fois sur les symptômes, les risques, les mesures à prendre, les comportements individuels et les conduites collectives… La fin d’un fléau, une guérison ou même une rémission permettent de porter un regard différent sur l’existence humaine. Une pandémie ou une longue maladie sont aussi des moments où chacun peut apprécier les instants passés, les périodes d’accalmie, voir se projeter dans l’avenir. 
       Le 9e art a depuis longtemps traité des épidémies fulgurantes et des virus ravageurs. Les dessinateurs et scénaristes ont porté une grande attention aux manifestations visibles. La purulence, les croutes et cicatrices annoncent de redoutables manifestations. Les albums qui évoquent la conquête du Nouveau Monde, et la disparition des civilisations précolombiennes, évoquent les combats et le choc culturel, mais aussi les ravages provoqués par la rougeole qui décime des milliers d’Indiens. 
       Les pandémies comme la peste noire qui vit disparaître un tiers de la population européenne, sont l’objet des nombreux récits. Tout récemment, Eric Stalner et Cédric Simon ont traité par l’entremise d’un personnage, appartenant à l’ordre des hospitaliers, de l’apparition de la peste en 1347.  Un navire à la dérive, sans âme qui vive si ce n’est des rats qui contamine tous les compagnons de Baldus, le personnage principal (2021). Plus didactique, en direction d’un lectorat juvénile, Fabrice Erre et Sylvain Savola, ont entrepris de faire l’ Histoire d’une pandémie (2020). D’autres albums n’ont pas hésité à traité d’un épisode historique comme la peste qui s’abat sur Marseille en 1720 (Fred Lévy et Frédéric Chabaud, 2021 ) emportant la moitié de la population. La sarabande morbide ne s’arrête pas à ces albums. Des héros comme Jen (2017), maître Pancacre (adaptation de Marcel Pagnol en  2019) font plonger les lectrices et lecteurs dans des univers où les peurs, les superstitions, les égoïsmes, les rejets mais aussi les solidarités se bousculent. 
       Les pandémies peuvent surgir de n’importe où mais aussi être instrumentalisées. C’est ainsi que Didier Covard et Denis Falque, avec Lacrima Christi, offrent une vision des contaminés et indiquent qu’il existe un antidote réservé à quelques-uns (2016). On doit à Jacques Martin en 1964, d’avoir traité du terrorisme sanitaire. Axel Borg a, en sa possession, une bombe bactériologique et menace d’éradiquer toute la population de Gardsten, en Suisse, puis de réduire Venise à l’état de ville morte. Dans Sérum, Cyril Pedrosa et Gaignard évoque de la zénadrine dans le réseau d’eau potable (2017). Dans un autre registre, Sylvain Ricard et Rica ont mis en scène dans trois albums un personnage travaillant dans un laboratoire, part en croisière en Méditerranée mais il est porteur d’un virus mortel capable d’éradiquer la population de tout un continent et la situation semble échapper à tout contrôle (2019-2021).
       Le corps malade peut aussi être atteint par des maladies plus sournoises et individuelles, comme le cancer ou la sclérose en plaques. Des bandes dessinées autobiographiques ont vu le jour et insistent sur les traitements suivis et sur les manières de vivre avec la maladie. La guérison annoncée et réalisée, ou la stabilisation d’un état, apporte d’autres couleurs à l’existence. Le bien-être, aujourd’hui promu par toute une littérature bavarde, prend à la suite d’une maladie soudaine une autre dimension. Mais le corps amoindri, bouleversé ou encore défaillant peut venir d’un accident, d’une contamination ou d’une malformation. Dans A cœur ouvert, Nicolas Keramidas livre un récit graphique de longue haleine (2021). Faisant partie des bébés opérés pour une malformation cardiaque, il est de nouveau opéré quatre décennies plus tard. Il confie que « l’autorisation de sortie est une des choses que l’on attend le plus quand on est hospitalisé ». Vivre mieux c’est alors un très long parcours et un horizon d’attente.
       Il conviendra de privilégier les manières de décrire, de parler et de mettre en images, et l’humour n’est pas absent, les maladies et les pandémies. Il importera aussi de s’attacher à l’annonce ou à la découverte de la maladie, voire des scandales sanitaires, aux traitements et aux façons de lutter contre elle, sans oublier bien sûr les malades et acteurs des soins, sans méconnaître le rôle des « aidants ».
       Les émotions suscitées et leurs expressions -effroi, découragement, dénis, espoir, joie- seront l’objet d’une grande attention. Enfin, une place particulière sera accordée aux chemins vers la guérison et aux questions du bien-être à l’aune de la maladie ou de l’épidémie.
 
Colloque organisé par la MSHS de Poitiers, avec la collaboration de la CIBDI et de Magelis. Avec le soutien de l’EESI, de l’INSPE de Poitiers, du CRIHAM, du FORELLIS et du Réseau de Recherche Régionale en Nouvelle Aquitaine sur la bande dessinée (3RBD).
 
Les propositions de communications (1000-1500 signes) et une courte notice bio-biblio (300-500 signes) sont à adresser, avant le 12 avril, à Frédéric Chauvaud frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr, à Julien Gaillard julien.gaillard@univ-poitiers.fr et à Guillaume Garnier guillaume.garnier@univ-poitiers.fr
 
       Le retour des expertises aura lieu le 10 mai.
 
Les organisateurs prennent en charge les nuitées, les repas, les frais d’inscription et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.