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Présence des Disparus de Daniel Mendelsohn dans la création contemporaine (Cergy-Pontoise)

Présence des Disparus de Daniel Mendelsohn dans la création contemporaine (Cergy-Pontoise)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Aurélie Barjonet)

Colloque international indisciplinaire

Présence des Disparus de Daniel Mendelsohn dans la création contemporaine (15-16 juin 2023) 

Maison internationale de la Recherche Neuville-Cergy Pontoise

CY Cergy Paris université & Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines Paris Saclay

Appel à communications / Call for papers (s. english below)

 

L’auteur américain Daniel Mendelsohn a connu un grand succès public et critique à la parution des Disparus aux Etats-Unis en 2006, et en France l’année suivante.

Cette enquête, menée sur six personnes de sa famille assassinées pendant la Shoah, renouvelle profondément l’écriture littéraire de l’Histoire et de la mémoire familiale. L’auteur a trouvé une forme en mesure de résoudre un grand nombre de difficultés propres à la représentation des tragédies historiques ; ce qui explique la formule paradoxale voire oxymorique de l’écrivain et essayiste Camille de Toledo pour qui Les Disparus est une « épopée de l’absence ». Ce texte a suscité un engouement pour les enquêtes familiales et a trouvé un écho dans de nombreuses disciplines, a fortiori dans la littérature mais aussi dans le cinéma, le film documentaire, la photographie, l’histoire, la psychologie, la philosophie, les arts dans leur ensemble. Pourquoi ? En quoi séduit-il ? Quelle est son originalité ?

En France, cette œuvre a fait l’objet de nombreuses analyses, de deux thèses en études anglophones, et d’un ouvrage. Notre ambition est autre, et constitue un second temps de la recherche : celui de l’étude de sa réception créatrice. Le colloque indisciplinaire que nous proposons souhaite explorer le dialogue que nombre de créateurs contemporains mènent avec ce texte. Il s’agit d’étudier l’influence explicite et implicite des Disparus sur les écritures, les discours et les formes, que ce soit en littérature – récits d’enquête, fictions documentées, non fictions... – ou dans le vaste domaine des arts. Et cela sans limite thématique, géographique ou générique.

En somme, il ne s’agit pas seulement de comparer Les Disparus à d’autres œuvres mais d’étudier les emprunts et les références, conscients ou non, réels ou potentiels, à l’œuvre de Daniel Mendelsohn.

Le premier enjeu est de mettre en évidence le caractère novateur et inspirant de l’écriture proposée par Daniel Mendelsohn, marquée par :

  • un regard sur la Shoah et une judéité propres à l’Amérique du Nord, associés à une grande francophilie ;
  • le croisement de l’historique et du familial, de la fresque et du détail, de la grande histoire biblique et de la petite histoire de quelques êtres humains ;
  • la composition circulaire, l’autoréflexivité, l’apparente non-fiction ;
  • la capacité de l’auteur à animer une mémoire encore « communicative » (Jan Assmann) mais surexploitée.

Le second enjeu est d’examiner comment – à « l’ère du scrupule » (D. Viart) – les non-témoins, et notamment les représentants de la « génération intermédiaire » qui est celle de D. Mendelsohn, peuvent s’emparer de manière à la fois artistique et éthique d’un événement historique. Dans son œuvre, ce dernier ne vise ni à réparer le passé ni à se faire “témoin du témoinˮ mais enquête en philologue, soucieux d’éviter les écueils de la fiction, de l’anachronisme et du kitsch. Le résultat est un texte marqué par une relation forte, respectueuse, mais aussi vivante, actuelle, au passé, qui se méfie de l’actuel(le) cult(ur)e de la mémoire, comme l’exprime lui-même l’auteur, en entretien avec Christian Boltanski : 

« À mon avis, et contrairement à cette phrase que tout le monde me dit depuis la publication des Disparus, il est impossible de faire revivre les morts. Cela relève de la sentimentalité. [...] Il est pour moi nécessaire en ce début de vingt-et-unième siècle [...] de lutter contre cette sentimentalité culturelle générale. Les morts sont morts, totalement morts, et ce que nous faisons, nous le faisons pour nous. » 

Deux grands invité.e.s ouvriront les journées.

 Le colloque international aura lieu les 15-16 juin 2023 à la Maison internationale de la recherche (1 rue Descartes, 95000 Neuville-sur-Oise) et prévoit de faire intervenir plusieurs artistes inspirés par Les Disparus.

 Un titre et un résumé d’environ 150 mots en français ou en anglais, accompagnés d’une brève notice bio-bibliographique, devront être envoyés avant le 1er octobre 2022 à l’adresse suivante : colloquemendelsohn@gmail.com.

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English

 

American writter Daniel Mendelsohn has known a great public and critical success when The Lost was published in the USA in 2006, and in France the following year.

The investigation on six murdered members of his family during the Shoah deeply renews the writings of history and family memory. The author has found a form to solving many difficulties of the representation of historical tragedies, which explains an «  epic of absence »,  the paradoxical even oxymoric formula of the writer and essayist Camille de Toledo about The Lost.

This text aroused a keen interest for family investigations and found an echo in many disciplines, a fortiori in literature but also in cinema, documentary film, photography, history, psychology, philosophy, and all the arts. Why ? What is particularly attracted in this text ? What is its originality ?

In France, this book has been the subject of many critical analyses, two theses in English studies, and an essay. Our project is different and constitues a second stage of research : we'll examine the creative reception. 

In this indisciplinary colloquium, we'll invite you to explore the dialogue between contemporary artists and Mendelsohn's text. Studying the explicit and implicit influence of The Lost on the writings, speeches and the forms is the question. Both in literature -- investigations stories, documented fictions, non-fictions.. --  and in the large space of the arts, without any thematic, geographical or generic limit. 

In short, the question is not only comparing The Lost with others works but also highlighting the borrowings and references, conscious or not, real or potential, to Daniel Mendelsohn's work.

The first challenge is to highlight the innovative and inspiring characteristics as :

  • a specific north American look at the Holocaust and the Jewishness, associated with a great Francophilia;
  • the intersection of the History and the family story, of the fresco and the detail, of the big biblical story and the little story of humans;
  • the circular structure, self-reflexivity, apparent non-fiction;
  • the author's ability to animate a still « communicative » (Jan Assmann) but overexploited memory.

 

The second issue is to examine how - in the « age of scruples » (D. Viart) - the non-witnesses, and in particular the members of the « hinge generation » which is Mendelsohn's, can seize in a same way artistic and ethical of a historical event. In the Lost, the ultimate aim is neither to repair the past nor to become a « witness of the witness »  but it's investigate as a philologist, anxious to avoid the pitfalls of fiction, anachronism and kitsch. The result is a text marked by a strong, respectful, but also living, current relationship with the past,  which beware of the current culture of memory, as the author said to Christian Boltanski :

« In my opinion, and contrary to this sentence that everyone has been telling me since the publication of the Lost, it is impossible to raise up the dead. It is sentimentality. […] It is for me necessary at the beginning of the twenty-first century […] to fight againt the general cultural sentimentality. The dead are dead, entirely dead, and what you do, we do for ourselves. »

 

Two great guests will open the days.

 

The international symposium will take place on 15-16th June in la Maison internationale de la recherche (1 rue Descartes, 95000 Neuville-sur-Oise) and plans to invite several artists inspired by The Lost.

 

A title and an abstract of approximately 150 words in French or English, accompanied by a brief bio-bibliographic notice must be sent before October 1, 2022 to the following address / colloquemendelsohn@gmail.com.

Bibliographie

Barjonet, Aurélie, L’Ère des non-témoins. La littérature des “petits-enfants de la Shoahˮ, Paris, Kimé, 2022.

Biégelmann, Fabienne, « Les Disparus de Daniel Mendelsohn », Che vuoi ?, n° 29, juin 2008, p. 181-187.

Boblet, Marie Hélène, « Le récit affecté par l’Histoire : sur Les Disparus et L’Origine de la violence », dans : Marc Dambre (dir.), Mémoires occupées. Fictions françaises et Seconde Guerre mondiale, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2013, p. 71-79.

Boblet, Marie Hélène, « Enargeia, Akribeia : écrire Les Disparus dans le sillage d’Hérodote et de Thucydide », Tangence, n° 116, 2018 : Expériences de lecteurs. La réception d’auteurs antiques à la croisée de l’histoire et de la littérature, p. 93-106.

Brodziak, Sylvie, « Il y avait des photos et des voix, il y eut un roman : Les Disparus de Daniel Mendelsohn », dans : Anne-Marie Petitjean (dir.), Fictions documentées, Paris, Editions le Manuscrit, 2020, p. 180-200.

Buliard, Mathilde, « Quand littérature et photographie figurent l’absence : les enquêtes intermédiales de Daniel Mendelsohn et de Ruth Zylberman », IIe journée des Arts et Lettres. ENS de Lyon, 17 juin 2021, CAELum (Carnet Arts et Lettres du département Lettres et Arts de l'ENS de Lyon), mis en ligne en 2022 : https://enscaelum.hypotheses.org/206#_ftn4.

Decout, Maxime, « En amont et en aval de l’enquête de terrain sur la Shoah », Revue critique de fixxion française contemporaine, n° 18, mai 2018, p. 63-72 : http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx18.05.

Fontenay, Elisabeth de, « Une enquête aux confins », dans : Bruno Clément (dir.), Aux confins du récit. Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2014, p. 209-224.

Grégoire, Vincent « Lemberg et ses environs. Lecture croisée de Daniel Mendelsohn, Philippe Sands et Stefan Zweig », Sens-Dessous, n° 28, t. 2, 2021. p. 103-136.

Jablonka, Ivan, « Comment raconter la Shoah ? À propos des Disparus de Daniel Mendelsohn », La Vie des idées, 30 octobre 2007, http://www.laviedesidees.fr/Comment-raconter-la-Shoah.html.

Lévy, Paule, « The Lost de Daniel Mendelsohn ou l’expérience dérobée », dans : Françoise Bort, Oliver Brossard, Wendy Ribeyrol, Clément Houdiard (dir.), L’Expérience, Paris, Michel Houdiard, 2012, p. 168-183.

Revault D’Allonnes, Myriam, « La vie refigurée. Autour des Disparus de Daniel Mendelsohn », Esprit, n° 371, janvier 2011, p. 148-161.

Toledo, Camille de, Le Hêtre et le bouleau. Essai sur la tristesse européenne, Paris, Le Seuil, 2009.

Vallas, Sophie (dir.), Daniel Mendelsohn’s Memoir-Writing. Rings of Memory, Lanham (Maryland), Lexington Books, 2022.

Viart, Dominique, « Nouveaux modèles de représentation de l’Histoire en littérature contemporaine », Nouvelles écritures littéraires de l’Histoire, t. 10 : Écritures contemporaines, Caen, Lettres Modernes Minard, 2010, p. 11-39.

Wuillème, Tanguy « Quelle imagination au service du ‘travail de mémoire’ ? (Modiano, Mendelsohn, Sebald) », dans : Marie Panter et al. (dir.), Imagination et histoire : enjeux contemporains, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 271-283.

 

Filmographie :

Férault-Levy, Leïla, Bon-papa, un homme sous l’Occupation, France, 69 min., 2007 et Les Ombres, un conte familial, France, 86 min., 2013.

Otzenberger, Elise, Lune de miel, France, 88 min., 2018.

Zylberman, Ruth, Les Héritiers, France, 52 min., 2014.

 

Comité organisateur / Organizing committee :

Aurélie Barjonet (Maître de conférences HDR en Littérature comparée, Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin, Paris Saclay) & Sylvie Brodziak (Professeure de Littératures française et francophone et d’Histoire des idées, UMR-CNRS 9022 Héritages, CY Cergy Paris université)

 

Comité scientifique / Scientific committee :

Marie-Hélène Boblet (Professeure de littérature française à l’Université de Caen)

Anny Dayan Rosenman (Maitresse de conférences en littérature et cinéma à l’Université Paris VII-Denis Diderot)

Maxime Decout (Professeur de littérature française à Sorbonne Université)

Audrey Kichelewski (Maitresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg)

Laure Lévêque (Professeure de littérature française à l’Université de Toulon)

Fransiska Louwagie (Senior Lecturer in French Studies, University of Aberdeen)

Céline Masson (Professeure de psychologie à l’Université Picardie Jules Verne, psychologue et psychanalyste)

Anne-Marie Petitjean (Professeure de littérature française et de création littéraire à CY Cergy Paris université)

Marianne Rubinstein (Maitresse de conférences HDR en économie à l'Université de la Sorbonne Paris Cité et écrivaine)

Béatrice Turpin (Maitresse de conférences en sciences du langage à CY Cergy Paris université)

Paul Zawadzki (Maitre de conférences HDR en philosophie politique à l’Université Paris I, membre du GSRL-EPHE-PSL et de l'Institut Européen Emmanuel Lévinas)