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Pourquoi et comment faire lire des textes latins et grecs aujourd’hui ? (Montpellier)

Pourquoi et comment faire lire des textes latins et grecs aujourd’hui ? (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Aline Estèves)

Pourquoi et comment faire lire des textes latins et grecs aujourd’hui ?

Pédagogie et didactique de la lecture en langues anciennes : 

problématiques spécifiques et solutions de remédiation

Workshop international, 16-17 novembre 2017

Université Paul Valéry, Montpellier, France

 

Lien pour l'appel à communications :  

https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/2120/files/2014/08/Appel-_workshop_lecturelatingrec.pdf

 

Quel enseignant de langue ancienne, du secondaire à l’enseignement supérieur, n’est pas confronté à la difficulté de faire lire à ses élèves ou étudiants des textes latins et grecs en langue originale ? Il existe plusieurs causes de « blocage » potentielles : perplexité des apprentis lecteurs devant l’étrangeté langagière de ces textes, au regard de leur langue maternelle ; incompréhension des systèmes culturels dont ils témoignent ; peur de ne pas maîtriser leur grammaire, comme s’il s’agissait d’un sésame indispensable pour les lire ; difficultés pour développer des compétences personnelles d’investigation du texte, ou pour transformer leur savoir théorique en connaissances appliquées. Ces situations, parce qu'elles sont susceptibles d'entraîner un découragement préjudiciable à l’acte de lecture, peuvent amener les apprentis lecteurs à oublier que le texte littéraire est un objet signifiant, voire leur faire perdre toute envie de découverte.

Des contraintes structurelles entravent également l’accès à la lecture des textes : le nombre d’heures de cours se résorbe progressivement, alors même que les exigences en termes de contenus de formation ne diminuent pas. D’autres problématiques découlent d’un système d’apprentissage traditionnel plaçant la grammaire normative au cœur de l’approche des textes – et ce, alors même que le métalangage grammatical fait souvent défaut aux apprenants –, de sorte que la dimension littéraire apparaît secondaire dans le processus de formation. Pourtant, elle constitue la caractéristique essentielle des textes qui nous sont parvenus, et elle représente sans doute, en raison du plaisir de lecture qu’elle devrait susciter et des interrogations axiologiques qu’elle véhicule, un des attraits psychologiques et un des leviers cognitifs essentiels de l’apprentissage.

Les problématiques d’apprentissage liées à la lecture ne sont pas, loin s’en faut, l’apanage des langues anciennes : la question du « sujet lecteur » constitue depuis une vingtaine d’années l’un des domaines de prédilection de la recherche en didactique de la littérature. Le rapport de l’Inspection Générale sur l’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré (http://cache.media.education.gouv.fr/file/2011/55/3/Rapport-2011-098-IGEN_215553.pdf), paru en 2011, invite de fait à revoir la conception de la lecture d’un texte en rappelant que « lire n’est pas traduire, traduire n’est pas comprendre ». Les textes définissant la refondation de l’enseignement des langues anciennes en France depuis 2013 (http://eduscol.education.fr/cid73887/refondation-lca.html) insistent, quant à eux, sur l’idée que le parcours d’apprentissage des élèves doit viser « à une lecture directe et personnelle des textes originaux », soulignant la nécessité de sortir de certains réflexes pédagogiques, comme celui de la version, dont il est désormais démontré qu’ils ne suffisent pas à faire entrer dans la lecture des textes, quand ils n’empêchent pas l’accès à leur littérarité. L’objectif est d’amener les lecteurs, qu’ils soient spécialistes ou non, à davantage d’autonomie, de sécurité et de plaisir, en associant maîtrise de la langue et finesse de la lecture, devant les textes grecs et latins donnés à lire en langue originale, au lieu de se servir de ces derniers comme de prétextes à l’apprentissage grammatical normatif des deux langues. Comme le souligne la synthèse récente de D. Augé, un tel choix suppose de réfléchir aux « postures de lecteur » que l’on veut amener les apprenants à construire, pour qu’ils puissent mettre en œuvre des « stratégies d’appropriation du texte » dans toute sa littérarité, en tenant compte des trois composantes essentielles de la lecture : « la composante sémiotique (la construction du sens), la composante psychoaffective (la modalisation du sens) et la composante axiologique (l’évaluation du texte) » (D. Augé, Refonder l’enseignement des langues anciennes : le défi de la lecture, Grenoble, 2013, p. 156).

Le workshop a pour ambition de constituer un laboratoire de réflexion centré sur la lecture des textes latins et grecs en langue originale, en articulant trois modalités d’exploration :

  • Des communications scientifiques, destinées à affermir le cadre théorique de la réflexion ou à proposer des comptes rendus d’expériences au long cours dont l’intervenant a pu constater l’efficience
  • Des ateliers didactiques (portant notamment sur l’approche lexicale et systématique de la langue) qui auront pour fonction de proposer des dispositifs concrets favorisant la lecture
  • Une table-ronde conclusive, destinée à produire des ressources (sous forme de retours réflexifs ou de propositions didactiques) qui nourrissent la réflexion générale.

En nous fixant des cadres méthodologiques qui respectent les niveaux d’apprentissage et les spécificités de la langue-source (latin ou grec), mais qui envisagent aussi la structuration inter-niveaux de l’apprentissage, du collège à l’enseignement supérieur, nous réfléchirons aux modalités d’enseignement permettant d’amener les apprenants à développer un contact authentique avec les textes, qui soit formateur et efficace, afin qu’ils deviennent des lecteurs confiants et autonomes, capables de comprendre le sens d’un texte et d’en percevoir la richesse littéraire comme l’importance culturelle, sans nécessairement passer par l’étape de la traduction. La lecture sera envisagée comme un mode d’appropriation exigeant des textes, qui s’inscrit dans une démarche réflexive et structurée, mais qui permet aussi de renouer avec le plaisir et l’intérêt pris à la lecture du texte littéraire en langue originale, tout en limitant les erreurs de compréhension littérale.

 Le workshop accueillera huit communications d’une durée de 25 mn, émanant d’enseignants du secondaire et du supérieur (classes préparatoires et université). Les propositions de contribution peuvent, à titre d’exemple :

  • Présenter des approches textuelles (appareillage, présentation bilingue, texte à reconstituer, texte accompagné d’un questionnaire…)
  • Offrir des approches intertextuelles ou intermédiales (travail sur le recours aux images fixes ou animées ; sur la constellation culturelle destinée à faire le lien entre culture antique, patrimoniale et populaire ; sur la constitution de corpus et les choix de progression facilitant la compréhension de textes authentiques complexes…)
  • Exposer l’intérêt de sources croisées (utilisation de sources en latin tardif, médiéval, renaissant ou moderne comme médiateurs vers le latin classique, par exemple)
  • Mettre en œuvre une réflexion autour de l’usage du numérique comme medium spécifique d’apprentissage
  • Inventorier les outils existants et leur mise en œuvre, etc.

Propositions de contribution : envoyer un résumé de 400 à 600 mots, par mail, aux organisatrices. Les propositions seront examinées par le comité scientifique.

Date limite d’envoi des propositions : 15 avril 2017

Organisatrices du workshop :

Aline Estèves, aline.esteves@univ-montp3.fr

Flore Kimmel-Clauzet, flore.kimmel@univ-montp3.fr

 

Composition du comité scientifique :

Dominique AUGÉ, docteur, spécialiste de didactique des langues anciennes, IA-IPR de Lettres, Académie de Grenoble ; Isabelle CALLIZOT, Professeur Formateur Académique, Agrégée de Lettres Classiques, Académie de Montpellier ; Aline ESTÈVES, Maître de conférences en langue et littérature latines, Université Paul Valéry ; Flore KIMMEL-CLAUZET, Maître de conférences en langue et littérature grecques, Université Paul Valéry ; Antje-Marianne KOLDE, Professeur de didactique de latin et de grec, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Suisse ; Thierry SÉRÉNO, Professeur de chaire supérieure, Académie de Montpellier ; Agnès VRINAT-JEANNEAU, IA-IPR de Lettres, Académie de Montpellier.