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Postures ventriloques (XVe-XVIIIe s.)

Postures ventriloques (XVe-XVIIIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : CIREM 16-18)

Postures ventriloques (XVe-XVIIIe siècles)

4e Colloque international transversal du CIREM 16/18

 

Depuis la plus haute Antiquité grecque et latine et à travers tout le Moyen Âge, les historien.ne.s, philosophes, littéraires et artistes ont mis en scène des personæ féminines, et leur ont donné une voix. Qu’elles relèvent de l’ethos de l’amante éplorée (pensons aux poésies de Sapho ou aux Héroïdes d’Ovide), de la femme cruelle, de la jeune fille chaste et pure ou de la vieille d’origine modeste, ces « voix » féminines modulées à la première personne présentent une grande diversité d’ethe. Si on retrouve bien évidemment ces mêmes « voix » dans l’histoire, la littérature et les arts d’Ancien Régime, les bouleversements socioculturels importants que connaît la première modernité (XVe-XVIIIe siècles) et qui amènent une transformation radicale du rapport des femmes à la culture (Timmermans, 1993) ont entraîné une modification profonde des enjeux et modalités qui entourent la prise de parole des femmes. Le 4e colloque du CIREM 16/18 vise à préciser la nature et l’ampleur de cette modification dans la construction du genre[1] en apportant des réponses aux diverses questions que soulèvent, durant cette période, les postures associées à des figures féminines : de quelle manière les femmes s’expriment-elles sous la plume des écrivain.e.s, des historien.ne.s ou des penseur.e.s ?  Comment les artistes – acteur.rice.s, peintres, sculpteur.e.s – donnent-ils voix à la femme ? Quelles sont les stratégies adoptées pour contourner la censure religieuse ou les prescriptions rhétoriques qui interdisent aux femmes de se faire entendre en public ? Quelles représentations de la prise de parole féminine au « je » donne-t-on à voir dans les textes, les discours, les dialogues, les journaux, les lettres, les beaux-arts, la musique et les arts de la scène ? Ces personæ sont-elles caractérisées par la modestie, ou trouve-t-on davantage de postures affirmées et revendicatrices ? Ces imitations de « voix » féminines (entendues ici comme une métaphore) reproduisent-elles les stéréotypes associés à la « nature » féminine que véhiculent les divers registres du discours social (philosophique, théologique, juridique) ou s’en démarquent-elles ? Et selon quelles modalités ? Quelles traces la société actuelle conserve-t-elle de ces dispositifs qui se mettent en place sous l’Ancien Régime ?

Nous sollicitons des propositions d’intervention qui aborderont les constructions identitaires des « je » féminins, à travers notamment la notion rhétorique d’ethos discursif ou d’actio (éloquence du corps), dans une perspective pluridisciplinaire se situant au carrefour de la littérature, de l’histoire, de la philosophie, de l’histoire de l’art et des arts de la scène. Il sera également possible d’envisager la question de la parole des femmes de l’Ancien Régime du point de vue de l’héritage culturel et de sa réactualisation dans les pratiques textuelles, discursives, historiographiques, et visuelles contemporaines, comme le cinéma, la bande dessinée ou les discours médiatiques. Les communications inédites ne devront pas dépasser les vingt minutes allouées à chaque participant.e. Les propositions de communication en français incluant titre et résumé de 250 mots, affiliation institutionnelle, statut (étudiant.e au cycle supérieur, professeur.e, chercheur.euse indépendant.e, etc.) et coordonnées complètes (adresse postale et adresse courriel) devront être envoyées avant le 1er octobre 2021 à l’adresse cirem16-18@uqar.ca

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Comité scientifique :

Jean-Philippe Beaulieu, Ersy Contogouris, Diane Desrosiers,

Daniel Dumouchel, Karine Hébert et Roxanne Roy

 

Les articles issus des communications seront publiés après avoir été soumis à une évaluation par des pairs.

 

 

La revue Clio offre un aperçu des débats en histoire du genre et des femmes. Voir notamment Guillaume Mazeau et Clyde Plumauzille :  https://journals.openedition.org/lrf/1458#tocto2n1 Pour les enjeux contemporains liés au genre, voir Éric Marty, Le sexe des modernes : pensée du Neutre et théorie du genre, Paris, Seuil. 2021.