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"Plus de 30 ans après La forêt invisible, qu’en est-il de la littérature en langue picarde ?"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Olivier ENGELAERE)

Appel à communication

"Plus de 30 ans après La forêt invisible, qu’en est-il de la littérature en langue picarde ?"

Agence Régionale de la Langue Picarde

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Présentation :

En 2019 sera célébré le 150e anniversaire de la naissance de Philéas Lebesgue, écrivain né en 1869 à La Neuville-Vault, près de Beauvais dans l’Oise. Spécialiste reconnu des littératures norvégienne, serbe, brésilienne, etc. à la Revue des Deux Mondes, polyglotte connaissant le breton et le gaélique, Philéas Lebesgue, comme d’autres figures littéraires au nord de Paris, a écrit en picard et en français.

À cette occasion, l’Agence régionale de la langue picarde, en partenariat avec l’Association des amis de Philéas Lebesgue, le Centre d’études picardes, le Centre d’études des relations et des contacts linguistiques et littéraires de l’Université de Picardie-Jules Verne, l’Unité de recherche Textes, Représentations, Archéologie, Autorité et Mémoires de l'Antiquité à la Renaissance de l’Université de Picardie-Jules Verne, organisent une journée d'étude sur la littérature en langue picarde. Le précédent avait été organisé en 1972 et avait posé, pour la première fois, la question des lettres en picard lors d’un événement universitaire. Cette entrée dans le champ de l’étude et de la critique littéraire avait trouvé un premier aboutissement en 1985 avec la publication de l’anthologie « La forêt invisible, au nord du français : le picard » dirigée par Jacques Darras.

Les questions qui se posent sont nombreuses et touchent à de nombreux domaines des sciences humaines et sociales. Les organisateurs de ce colloque souhaitent, sans négliger les aspects économiques, ou plus sociologiques liés à l’édition ou à l’écriture en général, que l’on s’interroge, sur le fait de l’existence d’une littérature en langue picarde toujours vivante en ce début de 21e siècle et sur les problématiques littéraires qui la parcourent et l’animent.

Par ailleurs, la littérature est souvent considérée comme contribution déterminante au statut de langue, vs « patois » ou « dialecte ». De ce point de vue, même si l’histoire de cette littérature en langue picarde doit encore être creusée, on constate que la prise de conscience d’une littérature constitutive d’une langue a connu une forte progression dans la deuxième moitié du 20e siècle avec le travail entrepris par le poète Pierre Garnier dans le cadre de l’association Eklitra. Que le colloque de 1972 ait été organisé par cette association à l’initiative de ce poète, n’est donc guère surprenant.

Bien entendu, l’écriture à vocation littéraire en picard soulève des problématiques que l’on retrouve dans d’autres domaines linguistiques. On ne manquera donc pas de s’intéresser à ces convergences avec d’autres langues dites régionales. Néanmoins, on pourra également souligner des spécificités plus propres à cette langue (négation du statut de langue, non reconnaissance dans l’enseignement, image de patois, problème de nomination, émergence tardive d’un standard, stigmatisation particulièrement violente, auto-dévalorisation des locuteurs…) et l’éventuelle existence de traits singuliers.

Les demandes d'information et les propositions de communication sont à envoyer à Olivier ENGELAERE, directeur de l'Agence régionale de la langue picarde : olivier.engelaere@languepicarde.fr / 06 82 92 17 77.

Voici, sans exhaustivité,un ensemble de sujets qui pourraient donner lieu à une ou des interventions dans le cadre de cette journée.

Quelle continuité pour la littérature en langue picarde ? peut-on parler de continuité depuis le Moyen Age ? Sommes-nous toujours sur des bases littéraires jetées au 19e siècle ? La modernité du picard s’inscrit-elle en rupture de son histoire ? A partir de quand passe-t-on d’une littérature en « patois » ou dialectale à une littérature acceptée comme écrite en langue régionale ? Comment se porte la littérature en picard ? Quel le s sont ses auteur e s ? Quels en sont les acteurs  ? (éditeurs, associations, institutions) Comment les écrivain e s viennent-ils à la littérature en langue picarde ? Quel est le sens de leur écriture dans une langue régionale ? Que veulent-ils montrer ou démontrer ? Les auteur e s sont-ils des militants ou avant tout des écrivains ? Qu’en est-il du renouvellement des auteur e s ? Quelles sont les tendances historiques ? Quelles sont les tendances actuelles ? Quelles sont les écoles littéraires actuelles ? Quel rôle joue l’écriture collective dans la vitalité de la littérature en picard ? Les prix littéraires jouent-ils un rôle dans le développement de la vie littéraire en picard ? Peut-on parler d’auteur e s notoires dans la littérature en langue picarde ? Comment est-elle soutenue, ou pas, par le monde du livre en région ? (AR2L, association des auteurs, des éditeurs, DRAC, Conseil Régional HDF). L’écrit en picard est-il présent dans les événements littéraires ? Comment fonctionnent les rendez-vous littéraires (salons, signatures…) ? Comment écrit-on en picard ? Selon les époques ? Dans quelle variété ? Pour quel public ? La littérature en picard a-t-elle toujours été en prise sur l’actualité ? Quelle est le rôle de la littérature médiévale dans l’histoire littéraire du picard ? L’œuvre en picard, ou en langue régionale, peut-elle prendre sa place dans une œuvre plus vaste ? Comment le public accède-t-il à cette littérature en langue régionale ? Qui sont les lecteurs ? Quelles sont leurs attentes ? Comment transmettre la connaissance de la littérature en picard à l’école ? A l’Université ? Par d’autres vecteurs ? La demande de « reconnaissance » de la langue, et de sa littérature, est-elle juste un discours militant ? Ou un pré-requis de leur développement ? De quoi parle-t-on ? L’édition en picard a-t-elle une réalité économique ? Qu’édite-t-on en picard ? Que de la littérature ? Quels sont les tirages ? L’édition en picard n’est-elle que régionale ? Quelles sont les stratégies et les choix d’éditeur ? Peut-on défendre une œuvre littéraire en picard ? Comment ? Avec quels outils et quel soutien ? La traduction est-elle le nouvel eldorado de l’édition en picard ? Comment l’écrit littéraire en langue picarde, et en langue régionale en général, se diffuse-t-il aujourd’hui ? Est-ce toujours une littérature de revue ? Peut-on parler de littérature orale dans le contexte picardophone ? Quelle connaissance a-t-on de la littérature en picard aujourd’hui ? Quel point peut-on faire sur la recherche dans ce domaine ? Qu’en est-il de la numérisation des écrits littéraires en langue picarde ? L’histoire de la littérature en picard et de ses auteurs est-elle encore à écrire ? Quelles relations la littérature en picard entretient-elle avec les littératures en d’autres langues ? La littérature en picard dépasse-t-elle son territoire linguistique ? Quelle est sa notoriété, sa réputation, son lectorat au-delà du domaine picard ? Exerce-t-elle une influence littéraire sur d’autres littératures ? Peut-on comparer la littérature en langue picarde aux autres littératures en langue régionale ou minoritaire ? Nombre d’écrivains ? Chiffres de l’édition ? Vie littéraire ? Promotion par les organismes publics ? La littérature en picard aborde-t-elle tous les genres ? Les nouveaux écrivains sont-ils forcément novateurs ? Quels témoignages des nouveaux et nouvelles auteur e s ? Quels sont leurs besoins ? es besoins se situent-ils sur le plan linguistique uniquement ? Quels outils sont à leur disposition ? Lesquels sont à créer ? La littérature picarde est-elle appréhendée (par les auteurs, les lecteurs, les institutions) à l’échelle de la région (vs de sous-ensembles) ? La standardisation est-elle utile ou nécessaire à cela ? Quelles sont les tendances, notamment dans l’édition. Peut-on parler d’un point de vue historique, mais aussi d’un point de vue actuel, d’une « exception picarde » ? La littérature en picard, ou en langue régionale, a-t-elle favorisé, ou favorise-t-elle, l’émergence d’une prise de conscience linguistique ? Ou est-ce l’inverse ? Quel rôle peut jouer la littérature en picard aujourd’hui ? La littérature en picard est-elle sortie du bois ?