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"Pierre Guyotat : Je chante par ma plaie", par J.-Ph. Cazier (Diakritik.com)

Publié le par Université de Lausanne

Pierre Guyotat : « Je chante par ma plaie »

par Jean-Philippe Cazier

 

Dans l’œuvre de Guyotat, les corps sont omniprésents : corps de cinq cent mille soldats, corps innombrables des morts oubliés de l’Histoire, corps asservis, torturés, corps désirants… Corps partout, autant objets que sujets de l’écriture, corps des autres ou corps de l’écrivain. Ces corps s’entrechoquent, se caressent et se tuent dans le même instant, s’asservissent et se baisent, se lèvent de leurs propres cendres, défèquent, pissent et éjaculent en pleine lumière.

Cette omniprésence des corps engage une politique, une érotique, une poétique – l’écriture, les corps, le politique étant indissociables. L’Histoire et la pornographie se rejoignent, le sang et le sperme s’écoulent en même temps, les ombres du passé sont les plus actuelles, le mort est le plus vivant. Les livres de Guyotat peuvent être lus comme une histoire des corps dans tous leurs états, une œuvre dans laquelle les corps sont exhibés dans toutes leurs dimensions, celles qui incluent leur aliénation comme leur orgasme, celles par lesquelles chaque corps est relié à des milliers d’autres, vivants et morts, corps érotiques et politiques et poétiques.

Les rapports entre tous ces corps produisent le développement d’une écriture par laquelle les identités, les temporalités, les hiérarchies, les normes se troublent, s’entremêlent, s’excluent ou se chevauchent, sont prises dans des tourbillons qui les décapitent, dans des réseaux qui en révèlent la complication vertigineuse. Ces rapports font que l’œuvre peut osciller entre ou inclure simultanément des registres ou genres très divers : épique, historique, critique, intime, outrancier, pornographique, lyrique… […]

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