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Appels à contributions
Penser, écrire et traduire l’altérité (Revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature)

Penser, écrire et traduire l’altérité (Revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anna Maziarczyk)

Appel à contributions

Revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature, no 4/2021

« Penser, écrire et traduire l’altérité »

 

« Par le regard qu'autrui pose sur moi, il me révèle à moi-même comme objet, me fait accéder à la reconnaissance de moi comme ego. Mon être est un être-vu »[1], a déclaré Jean-Paul Sartre, il y a presque un siècle. Avant lui, Martin Buber stipulait que le Je et le Tu ne vivaient pas séparément[2], alors que Mikhaïl Bakhtine qui avait introduit la notion du dialogisme, énonçait : « Être, c’est communiquer dialogiquement. Lorsque le dialogue s’arrête, tout s’arrête. C’est pourquoi, en fait, le dialogue ne peut et ne doit jamais s’arrêter »[3].  La présence de l’Autre serait une condition incontournable de la reconnaissance de notre identité (y compris par nous-mêmes), mais qui est, en fait, cet Autre? Ce regard qu’il porte sur nous, est-il bienveillant ou critique ? Et quel regard portons-nous sur lui, en retour ? Y a-t-il des facteurs qui définissent la nature de ce regard ou bien est-il arbitraire ?

Au cours de l’histoire universelle, la perception de l’altérité (que ce soit une altérité culturelle, nationale, religieuse ou sociale) a fait un énorme chemin. Ainsi, elle a évolué de la méfiance et de l’hostilité médiévales (dont les chansons de geste sont les meilleurs témoignages), en passant par la curiosité, parfois quelque peu condescendante de l’époque de la Renaissance et des grandes découvertes (qui est bien visible dans les réсits de voyage de Jacques Cartier, Jean Léry, André Thévet etc.), la tolérance naissante des Lumières, jusqu’au goût de l’exotisme et, finalement, au « politiquement correct » de l’époque contemporaine. Cependant, ce n’est qu’un trajet parmi d’autres de son évolution, le plus familier à la civilisation européenne, alors qu’il y en a qui restent assez peu étudiés voire méconnus. C’est la littérature qui est le témoin le plus fidèle des changements qui se produisent durant ce parcours et qui traduit la vision de l’Autre dans une société à un moment donné de son histoire.

Le présent volume de la revue Lublin Studies in Modern Languages and Literature se propose d’exploiter de nouvelles pistes de l’étude du problème de l’altérité dans la création littéraire, ce dernier faisant objet de nombreuses recherches en philosophie, sciences sociales, psychologie, linguistique, études culturelles. Notre objectif est de scruter la (les) manière(s) de représenter l’altérité dans les littératures française et francophones, ainsi que leur rapport au contexte socioculturel des écrits en question.

Cette réflexion peut se focaliser sur les questions suivantes :

- L’Autre est-il toujours un étranger ? Y a-t-il des époques et / ou des sociétés dont cette tendance serait particulièrement typique ? Par quels procédés est-elle exprimée ?

- Quelle est la place du stéréotype et du préjugé dans l’image de l’Autre dans des œuvres littéraires ? Comment sont-ils rendus au niveau textuel ?

- La tolérance et le politiquement correct, sont-ils toujours bénéfiques ? Quelle est leur représentation langagière et littéraire ?

- En quoi consiste l’expérience personnelle de l’altérité ? Dans quelles situations l’homme se sent comme l’autre ou bien voit l’autre en lui ? Quelles émotions y sont liées ? Est-ce un événement significatif dans la vie ?

- Quelle est la rhétorique de l’altérité ? Semble-t-elle homogène, cohérente et judicieuse ? Évolue-t-elle avec le temps ? 

- Est-ce que l’altérité se manifeste­-t-elle sur le plan formel de la littérature ? Quelles variantes pourrait-on distinguer ? Quels effets textuels en découleraient ? L’altérité formelle accompagnerait-elle le motif de l’Autre ou bien serait-elle un phénomène autonome ? Comment pourrait-on l’interpréter ?

- Comment les moyens de décrire l’Autre changent-ils dans la traduction ? Sur ce plan, le texte traduit, est-il une copie fidèle de la version originale ?

Sans être exhaustive, cette liste peut être complétée par toute autre piste de recherche s’inscrivant d’une manière pertinente dans la problématique du volume.

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Calendrier :                                                  

avant le 1 mars 2021 : envoyer une proposition d’une longueur maximum de 500 mots, accompagnée d’une courte notice bio-bibliographique mentionnant le nom de l’auteur et son rattachement institutionnel, aux adresses suivantes :

oa.kulagina@mpgu.edu

anna.maziarczyk@umcs.edu.pl

15 mars 2021: réponse des responsables du numéro

30 juin 2021 : remise des articles respectant la feuille de style par le site internet de la revue

décembre 2021 : publication du numéro

La revue accepte aussi des articles divers dans la rubrique « Varia ».

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Responsables :

Olga Kulagina, Université pédagogique d’État de Moscou

Anna Maziarczyk, Université Marie Curie-Skłodowska, Lublin

https://journals.umcs.pl/lsmll

 

 

[1] Sartre J.-P. L’Être et le Néant. Paris : Gallimard, 1943.

[2] Buber M. Je et Tu. Paris : Aubier Montaigne, 1970 (première publication en allemand : Leipzig, 1923).

[3] Bakhtine M. Les Problèmes de la poétique de Dostoïevski. Lausanne : L’Âge d’homme, 1970 (première publication en russe: Léningrad, 1929, sous le titre Problèmes de l'œuvre de Dostoïevski – Problemy tvorchestva Dostoevskogo).