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Partoches ! Usages et détournements historiens de la partition musicale 1850-1950 (Paris Sorbonne)

Partoches ! Usages et détournements historiens de la partition musicale 1850-1950 (Paris Sorbonne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Sophie Lhermitte)

Partoches !

Usages et détournements historiens de la partition musicale 1850-1950

3 décembre 2022

Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, Centre d’histoire du XIXe siècle

 
Aussi évidente soit-elle pour le musicien d’hier et d’aujourd’hui, la partition musicale est un objet mal connu des historiens. Véritable archive ouverte, elle donne pourtant accès à une infinité d’usages et d’interprétations par sa multimodalité : images, texte, notation musicale s’entremêlent pour offrir un support unique qui fait appel, autant que la carte géographique, à l’imagination du lecteur.

Cette journée d’étude se propose d’inciter les chercheurs intéressés par ces questions à interroger l’historicité de la partition. L’un de ses objectifs sera de réfléchir à l’insertion dans une culture de l’imprimé de ce qui paraît à première vue, par nature, un objet strictement musical. La partition, se situe précisément à la frontière des formes culturellement légitimes de l’imprimé : il existe ainsi une hiérarchie tacite au sein des imprimés musicaux, les plus complets, le « matériel » orchestral s’adressant aux bons lecteurs de musique, ceux qui pratiquent un instrument, tandis que les formes allégées visent un public de moins en moins familier de la notation musicale. Du grand format chant et piano pour artistes et amateurs éclairés au petit format pour chant seul à destination du « grand public », en passant par la presse et toutes les formes de recueils, poétiques, médiatiques, parfois sans notation musicale mais toujours destinés à faire de la musique ou du chant « sur l’air de » comme seule référence mélodique, tous les formats de l’édition musicale appellent à un traitement et à une réflexion spécifique.

En corollaire de cette dimension, il s’agira également d’interroger la partition sous l’angle de la culture visuelle : comment le format tripartite « couverture illustrée-ligne de chant seul+paroles-catalogue de l’éditeur » a-t-il fini par s’imposer au cours de la période ? Pourquoi le petit format musical est-il essentiellement perçu aujourd’hui par ce prisme de l’image avant même son contenu musical ? Quelle place tiennent les artistes qui jouent du crayon ou du pinceau aux côtés de ceux qui tiennent la plume ou le piano ?

Enfin, la dernière dimension qui devra être abordée, celle qui paraît la plus évidente, mais sans doute la plus difficile à traiter : alors qu’il s’agit paradoxalement d’un support parfaitement silencieux, la partition musicale est aussi le moins coûteux et le plus populaire de ceux qui permettent de diffuser la musique et le son au début du XXe siècle. Comment permet-elle de « saisir la dimension sonore des sociétés[1] »?

Axes proposés :

Matérialité : les propositions seront sensibles aux matérialités diverses de l’imprimé musical et à ses différents supports (feuille isolée, recueil, « albums », qualité du papier, de l’impression mono ou polychrome, réédition sous forme de cartons perforés faisant pencher la partition du côté de la musique mécanique et des formats audiovisuels).
 
Production : on s’intéressera à la conception formelle et de plus en plus industrialisée de ces supports, notamment du point de vue des éditeurs qui en imaginèrent divers formats à destination de « marchés » différents, ainsi qu’à leurs circuits de diffusion (magasin de musique, musiciens de rue, vente par correspondance, abonnements, etc.). 
 
Réseaux : l’analyse détaillée des partitions met en évidence la structuration de réseaux au centre desquels se situent les éditeurs, articulant différents métiers et savoir-faire qu’il conviendrait de recenser.
 
Fonctions : les partitions seront examinées sous l’angle de la diversité de leurs usages, allant des plus évidents (la pratique musicale, les aspects promotionnels pour les éditeurs et les artistes) aux plus improbables (collection, complément discographique…).
 
Ces contributions offriront non seulement un bref aperçu de la richesse de ces imprimés encore méconnus, permettront de dresser un état des lieux de la recherche actuelle sur ce support à cette période, et d’envisager d’éventuelles perspectives théoriques et méthodologiques.


 
Les propositions (300 mots) accompagnées d’une courte biographie sont à envoyer avant le 30 septembre 2022, à

marie.goulf@gmail.com et Sophie.Lhermitte@univ-paris1.fr

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Comité scientifique :

Romain Bénini (Université Sorbonne-Université)
Anaïs Fléchet (Université Versailles-Saint-Quentin)
Jean-Yves Mollier (Université Versailles-Saint-Quentin)
Agnès Sandras (BnF)
Bertrand Tillier (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne)
Sylvain Venayre (Université Grenoble-Alpes)
Jean-Claude Yon (EPHE)

Organisation :

Marie Goupil-Lucas-Fontaine


  
[1] Pascale Goetschel, et Christophe Granger, « Saisir la dimension sonore des sociétés », Sociétés & Représentations, vol. 49, no. 1, 2020, pp. 9-23.