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Appels à contributions
Neurosciences cognitives et enseignement des langues   

Neurosciences cognitives et enseignement des langues

Publié le par Université de Lausanne (Source : Revue algérienne des lettres RAL)

Revue algérienne des lettres

Appel à contribution pour le n°8

(en français et anglais)

 

Neurosciences cognitives et enseignement des langues

Numéro thématique coordonné par BOUTERFAS Belabbas et BAHRI Souâd

Depuis que les études sur le cerveau se sont intensifiées, les spécialités liées à l’apprentissage et à l’acquisition des connaissances ont investi ces nouveaux champs de recherche dans l’espoir d’expliquer les mécanismes qui permettent aux apprenants de construire leurs savoirs et de comprendre les origines de certains troubles qui entravent ou retardent les apprentissages. De nos jours, l’apport scientifique des neurosciences et l’attraction que ces dernières exercent sur les spécialistes de l’éducation et de la formation ont conduit les décideurs et les pédagogues à accélérer les transferts de ces résultats à l’intérieur de la classe car, pensent-ils, il est temps de mieux cerner l’acte d’apprendre, depuis que des progrès considérables ont été réalisés en imagerie cérébrale. En effet, l’acte d’apprendre est complexe du moment qu’il mobilise un ensemble tissé d’activités intellectuelles qui interfèrent simultanément. Les savoirs issus de la psychologie cognitive et des sciences de l’éducation ont, bien avant les récentes avancées des neurosciences éducatives, tenté de comprendre comment s’effectuaient les constructions des savoirs et des acquisitions et comment remédier aux difficultés liées à l’apprentissage. Les neurosciences éducatives bénéficient, en plus, des apports de la neuroscience cognitive, connue comme une « discipline scientifique et domaine de recherche qui [a] pour objectif d'identifier et de comprendre le rôle des mécanismes cérébraux impliqués dans les différents domaines de la cognition (perception, langage, mémoire, raisonnement, apprentissages, émotions, fonctions exécutives, motricité …) » (Berthier et al., 2018 : 18). De surcroît, les neurosciences éducatives intéressent particulièrement les secteurs de l’éducation par le fait qu’elles peuvent agir sur la compréhension du processus d’apprentissage et la construction du savoir en même temps que sur l’acte pédagogique et donc sur les meilleures pratiques à adopter dans la formation des formateurs.

Les informations dévoilées sur le fonctionnement du cerveau et ses perpétuels changements, de par la création de nouvelles connexions neuronales et la destruction d’autres ― ce qui permet la consolidation de certaines zones du cerveau au détriment d’autres ― montrent à quel point les différents apprentissages façonnent le cerveau de manière à ce qu’il puisse s’adapter à l’environnement dans lequel l’apprentissage est pratiqué, à tout âge, et cela grâce à sa plasticité (Vidal : 2012). Par conséquent, tout ce que l’individu fait et à n’importe quel âge, permet des interconnexions de neurones prouvant la pertinence de la plasticité cérébrale « dépendante de l’expérience » (Lovden et coll. : 2010) que les neurosciences tentent de démontrer depuis trente ans. En dépit du fait que cette neuroplasticité diminue avec l’âge, il n’en demeure pas moins que la préservation des compétences acquises est maintenue par leur exercice régulier.

Toutefois, l’engouement suscité par le développement des neurosciences et leur apport aux domaines de l’éducation et de la formation reste mitigé car difficile à mettre en pratique à cause de la complexité des dispositifs à mettre en place.

Dans ce numéro nous proposons aux chercheurs en sciences de l’éducation, aux didacticiens, linguistes, psychologues,  neurolinguistes, neuroscientifiques…de réfléchir sur la place qu’occupent actuellement les neurosciences et les sciences cognitives dans le domaine de l’enseignement/apprentissage en général et leur relation avec l’enseignement/apprentissage des langues, en particulier. Au-delà du simple travail descriptif et interprétatif des résultats obtenus, il est question de penser une école  consciente de la pertinence indélébile de la plasticité cérébrale et de l’évolution des motivations et des capacités des apprenants pour pouvoir s’adapter à leurs besoins en mouvement.

Dans l’enseignement dit « ordinaire », par opposition à l’enseignement spécialisé, l’enjeu majeur sera de prendre en considération la diversité de la classe en tenant compte de la construction du savoir des apprenants et la remise en question des théories traditionnelles encore appliquées dans le domaine de l’enseignement des langues, entre autres. Il convient aussi de s’interroger sur la relation entre le phénomène du plurilinguisme et les mécanismes d’apprentissage.

Dans le domaine de la formation des formateurs, nous nous interrogerons sur les moyens à mettre en œuvre pour l’intégration des neurosciences et des sciences cognitives dans le cursus de formation afin de permettre d’actualiser les connaissances, les méthodes d’enseignement et de modifier la perception de la classe comme espace d’enseignement.

Nous nous interrogerons, également, sur le rapport entre la didactique et la psychologie cognitive et la prise en compte des stratégies cognitives, métacognitives et socio-affectives dans l’apprentissage des langues.

Les interrogations concerneront, par la même occasion, la créativité en contexte d’enseignement qui ne peut avoir lieu qu’avec une implication active des apprenants dans leur processus d’apprentissage, tout en reconsidérant la place de l’affect dans l’enseignement des langues et ce, grâce à des expériences authentiques vécues par les apprenants leur permettant de les évoquer en faisant usage d’un vocabulaire et de phrases ; ce qui permettrait à l’apprenant de « vivre » son apprentissage en mobilisant ses sens et ses émotions. De fait, le Emo-learning, qui tend à prendre en considération l’évolution du cerveau tant sur le plan intellectuel que sur le plan affectif et la mobilisation de ces deux facultés dans l’apprentissage de manière générale et dans l’acquisition des langues de manière particulière, est une voie nouvelle susceptible d’ouvrir de nouveaux horizons dans le domaine de l’apprentissage.

 

Voici des axes de réflexion à titre de propositions.

Axe 1 : Espace, cognition et enseignement des langues

Axe 2 : Neurosciences affectives, pédagogie positive et enseignement attractif des langues  

Axe 3 : Cognition et caractère ludique de l’enseignement

Axe 4 : Imagination, apprentissage et cognition

Axe 5 : Intelligences multiples et apprentissage

Axe 6: Introduction des pratiques liées aux découvertes en neurosciences dans l’enseignement

Axe 7 : Vers un nouveau profil d’enseignants

 

 

Date importante :

 

Dernier délai pour la réception des contributions : 10 avril 2021

 

 

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Algerian Journal of letters

 

Call for papers

Issue 8

 

Cognitive neuroscience and language teaching

Issue coordinated by BOUTERFAS Belabbas and BAHRI Souâd

 

Since studies on the brain have intensified, specialties related to learning and the acquisition of knowledge have invested these new fields of research in the hope of explaining the mechanisms that allow learners to build their knowledge and understand the origins of certain disorders that hinder or delay learning. Nowadays, the scientific contribution of neuroscience and the attraction they exert on specialists in education and training have led decision-makers and educators to accelerate the transfer of these results within the classroom. The reason is that they believe it is time to get a better grasp of the act of learning, since considerable progress has been made in brain imaging. Indeed, the act of learning is complex as long as it mobilizes a woven set of intellectual activities that simultaneously interfere. Knowledge from cognitive psychology and educational sciences, long before recent advances in educational neuroscience, attempted to understand how the construction of knowledge and its acquisition were carried out, as well as how to remedy the difficulties associated to learning. Educational neuroscience benefit, in addition, from the contributions of cognitive neuroscience, defined as a "scientific discipline and field of research which aims to identify and understand the role of the brain mechanisms involved in the different domains of cognition (perception , language, memory, reasoning, learning, emotions, executive functions, motor skills…) ”(Berthier et al., 2018: 18). Moreover, educational neuroscience is of particular interest to the education sectors by the fact that it can act on the understanding of the learning process and the construction of knowledge at the same time as on the teaching act and, therefore, on best practices, to be adopted in the training of trainers.

The information unveiled about the functioning of the brain and its perpetual changes, by the creation of new neural connections and the destruction of others - which allows the consolidation of certain areas of the brain to the detriment of others - shows how different forms of learning shape the brain so that it can adapt to the environment in which it is practiced, at any age thanks to its plasticity (Vidal: 2012). As a matter of fact, whatever the individual does through his/her life time enables interconnections of neurons proving the relevance of the "experience-dependent" brain plasticity (Lovden et al.: 2010) that neuroscience is attempting to address as it has been demonstrated for thirty years. Despite the fact that this neuroplasticity decreases with age, the fact remains that the preservation of acquired skills is maintained by their regular exercise.

However, the enthusiasm generated by the development of neuroscience and its contribution to the fields of education and training remains mixed because it is difficult to be put into practice due to the complexity of the mechanisms to be implemented.

For this new issue of the journal, we invite researchers in educational science, didacticians, linguists, psychologists, neurolinguists, neuroscientists ... to think about the place currently occupied by neuroscience and cognitive science in the field of teaching / learning, in general, and their relation to language teaching / learning, in particular. Beyond the simple descriptive and interpretative work of the results obtained, it is a question of designing a school aware of the indelible relevance of cerebral plasticity and the evolution of the motivations and capacities of learners to be able to adapt to their needs in movement.

In so-called “ordinary” education, as opposed to specialized education, the major stake will be to take into consideration the diversity of the class by taking into account the construction of the knowledge of the learners and the questioning of still traditional theories applied in the field of language teaching, among others. It is also necessary to question the relationship between the phenomenon of plurilingualism and the mechanisms of learning.

In the field of the training of trainers, we will examine the means to be implemented for the integration of neuroscience and cognitive science into the training course in order to update knowledge, teaching methods and change the perception of the classroom as a teaching space. In the same vein, we will inspect the relationship between didactics and cognitive psychology and the consideration of cognitive, metacognitive and socio-affective strategies in language learning.

At the same time, the questions will concern creativity in the teaching context, which can only take place with the active involvement of learners in their learning process, while reconsidering the place of affect in the teaching of languages, thanks to authentic experiences as evoked by the learners by the means of making use of a vocabulary and sentences. This would allow them to "live" learning by mobilizing their senses and emotions. In fact, Emo-learning, which tends to take into account the evolution of the brain, both intellectually and emotionally, and the mobilization of these two faculties in learning, in general, and in the acquisition of languages, in particular, is a new path likely to open up new horizons in the field of learning.

 

Areas of research :

- Space, cognition and language teaching

-  Affective neuroscience, positive pedagogy and attractive language teaching

-  Cognition and playful teaching

-  Imagination, learning and cognition

-  Multiple intelligence and learning

-  Introduction of practices related to neuroscience discoveries in teaching

- Towards a new teacher profile

 

 

Deadline for receipt of contributions: 10 April 2021

 

 

 

Références bibliographiques

 

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