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Appels à contributions
Médias et construction idéologique

Médias et construction idéologique

Publié le par Florian Pennanech (Source : Université de Buea -Cameroun)

PROJET D’OUVRAGE COLLECTIF SUR

MÉDIAS ET CONSTRUCTION IDÉOLOGIQUE

 

Date limite : 30 Juin 2013

 

Le présent projet entend réunir les contributions portant sur la langue des hommes de médias, sur la manière dont ils prennent position, eux qui sont supposés garder une certaine distance, eu égard aux fameux principes de la neutralité et de l’impartialité enseignés dans toutes les écoles de journalisme, dans le (re)traitement de l’information, sur l’ensemble des moyens (audio, visuel, sémiotique, etc.) très souvent convoqués pour faire basculer la balance d’un camp à l’autre, en fonction des intérêts en jeu et sur les effets pragmatiques des médias sur l’auditoire et le téléspectateur. Le journaliste use parfois des stratégies communicatives très souvent constituées des « subjectivèmes » de Kathrin Kerbratt-Orecchioni (1980), donc la langue, du silence, des omissions volontaires, des effets de zoomage, d’amplification, de manipulation, parfois des images fabriquées que l’on présente à l’ensemble du monde comme des images authentiques, etc. Que l’on soit du Nord ou du Sud, l’on utilise, comme supports médiatiques, la presse écrite, internet, twitter, wikealis, la télévision, la radio, etc. Le principal but est de détruire ou de construire un système, de légitimer un certain nombre d’actions, une pratique comme celle de l’homosexualité.

C’est par exemple le cas des différentes interventions de l’ONU et des Occidentaux (Europe, les Etats-Unis, le Japon) en Afrique, dans le monde arabe, etc. La responsabilité de l’homme des médias est importante et déterminante : c’est lui qui diffuse tous les autres types de discours publics, les informations, les images plus ou moins réelles ; c’est lui qui couvre les grands évènements historiques et les différentes actualités nationales et internationales ; c’est lui qui juge de ce qui doit être médiatisé ou non (très souvent en fonction de ses convictions et des enjeux poursuivis) ; et en fonction de ces enjeux et convictions, le journaliste peut tailler l’information à sa guise et la présenter au public comme il voudrait qu’elle soit perçue. C’est la raison pour laquelle en communication le journaliste est responsable de tout discours, tout reportage, toute image, tout signe, etc. qu’il médiatise. Il doit donc recouper l’information, la (re)traiter. Le journaliste oriente en fonction de certains enjeux/de ses rapports avec un régime politique la vision voire la perception de la réalité ; il a le pouvoir de contrôle et de manipulation d’un large public. Pour ce qui est des médias occidentaux, ceux-ci présentent le monde entier tel qu’ils voudraient qu’il soit vu.

Plus concrètement, le présent appel à contributions s’interroge alors non seulement sur l’ensemble des stratégies discursives, linguistiques et non linguistique/discursives (sémiotique) qui pourraient trahir la posture énonciative des entrepreneurs d’opinions et autres opérateurs politiques au sein de la médiasphère des hommes de médias dans le (re)traitement des questions d’actualité et d’histoire coloniale africaines, pour ne citer que celles-ci, sur les enjeux des différentes postures énonciatives adoptées, mais aussi sur leurs effets pragmatiques sur le/les public(s) cible(s). Il ne faudrait non plus négliger le poids du silence et des omissions entretenus dans le (re)traitement médiatique de certains dossiers d’Afrique francophone et de certains sujets. Les contributeurs devront être attentifs à la couverture des situations nationales et internationales suivantes :

  • la crise libyenne,
  • la dernière crise ivoirienne
  • la crise syrienne,
  • la couverture des élections démocratiques et des contentieux africains par les journalistes français et francophones,
  •  la question sur les financements occultes,
  • la crise malienne,
  • la question CFA,
  • les visages cachés des fameux accords de coopération multiforme entre la France et ses anciennes colonies ou le néocolonialisme français,
  • les éventuelles influences multiformes de la France en Afrique noire francophone,
  • le contentieux électoral kenyan,
  • le contentieux électoral zimbabwéen,
  • la réforme agraire initiée par Robert Mugabe et condamnée par la communauté internationale et par les Grandes Puissances,
  • la concurrence déloyale que mène AIR France à Camair-Co,
  • le génocide rwandais,
  • le Mariage pour Tous,
  • la Procréation Médicale Assistée (PMA),
  • la question des indépendances des anciennes colonies françaises. Celles-ci ne sont-elles pas indépendantes sur papier ? etc.

A suivre les médias occidentaux pour ce qui est de la crise syrienne, l’on a le sentiment que seules les troupes de Bachar Al-Asaad commettent des crimes, sauf leurs alliés, les rebelles, qu’ils n’appellent plus alors « rebelles », mais plutôt les membres du Conseil National Syrien. En Côte d’Ivoire, ils étaient appelés « les patriotes », en Libye, c’était les membres du comité révolutionnaire, etc. Très souvent, lorsque les gouvernements occidentaux veulent faire tomber un régime pour des raisons inavouées, leurs médias et ceux africains alliés appellent généralement le dirigeant de ce régime le « dictateur ». Ce fut le cas de Saddam Hussein, Laurent Gbagbo, Muhammar Kadhafi, Robert Mugabe, Basar Al-Assad, etc.

Les journalistes occidentaux et ceux africains ou autres alliés taisent très souvent les exactions causées par leurs gouvernants sur la scène internationale. On y relève par exemple un (re)traitement partial voire parcellaire qui innocente la France dans la capture de Laurent Gbagbo, dans la mort de Muhammar Khadafi, dans l’élimination physique des nationalistes camerounais de l’UPC tels Um Nyobé, Ernest Ouandié, Félix Moumié, dans les massacres perpétrés dans les régions bamiléké et basaa au Cameroun. Très peu de reportages sont faits sur les réseaux d’influence de la France qui portent aux pouvoirs en Afrique des leaders qui garantissent les intérêts français. On observe ainsi un certain silence dans le traitement par les médias français (pour ne citer que ceux-ci) voire autres de certains dossiers dont une analyse objective écorcherait l’image de la France. Un tel silence ou un traitement partial voire parcellaire de l’information ou de l’histoire africaine ne participent-ils pas tout simplement d’un esprit patriotique, d’une prise de position ?  On s’intéressera ainsi et surtout à la manière dont les hommes de médias prennent, sans se l’avouer, position, dans les débats concernant les questions africaines, iranienne, syrienne, nord-coréenne, etc.

L’on s’interrogera ainsi sur le rôle du sémiotique, du communicationnel, du linguistique  tel que ceux-ci apparaissent au niveau des médias dans la diffusion de l’idéologie. Autrement dit, l’on examinera l’engagement journalistique dans le métier de journaliste, lui qui est supposé garder une certaine distance dans le traitement des faits d’actualité, d’histoire, etc. On pourra alors être attentifs aux rapports médias et démocratie, médias et ethnicité, médias et patriotisme, médias et démocratisation, médias et grands intérêts des Grandes Puissances, etc. Quel que soit l’axe choisi, l’on pourra s’interroger sur la langue médiatique ou sur les autres stratégies de communication adoptées par les hommes de médias pour influer/influencer sur le public.  Car, il s’agit d’une opération de sémiologisation des idéologies dominantes par des stratégies discursives offensives ou défensives. La présente réflexion se focalise ainsi sur quatre principaux aspects, à savoir linguistiques, communicationnels, sémiotiques et historiques pour cerner l’impact idéologique dans le traitement de l’information. On n’oubliera pas les effets locutoires, illocutoires et perlocutoires que créent les manœuvres et les techniques de l’information/communication médiatique. Nous attendons donc les contributions des linguistes, des chercheurs en communication, des sémioticiens, des historiens, des spécialistes en relations internationales, en questions africaines, etc.

 

Modalités de proposition d'une contribution

Les langues de la proposition de contribution et de l'article : le français ou l’anglais.

La proposition de contribution devra être présentée comme suit :

1. Coordonnées exactes (nom, prénom, fonction, établissement, adresse électronique) de chaque auteur.

2. Résumé de 300 mots environ.

Soumission des propositions

Veuillez soumettre votre proposition en format WORD par voie électronique à : mediaetideologie@yahoo.fr

Date limite de soumission des propositions : le 30 Juin 2013

Évaluation des propositions

Chaque proposition fera l'objet d'une évaluation. Les auteurs des propositions retenues seront informés par voie électronique avant le 10 Juin 2013.

Envoi des articles : le 31 septembre 2013

Notification aux auteurs, commentaires et relecture : le 31 octobre 2013

Envoi des textes définitifs : le 30 novembre 2013.

 

 COMITÉ SCIENTIFIQUE

  • Jacques Fame Ndongo, Professeur (Université de Yaoundé II),
  • Jean Tabi-Manga, Professeur (Université de Yaoundé I),
  • Ngalasso Mwatha Musanji, Professeur (Université de Montaigne Bordeaux),
  • Edmond Biloa, Professeur (Université de Yaoundé I),
  • Etienne Dassi, Professeur (Université de Yaoundé I),
  • Tjade Eone, Professeur Université de Yaoundé II (ESSTIC),
  • Albert Mbida, Professeur (Université de Yaoundé II (ESSTIC),
  • Laurent Zang, Professeur (Université de Yaoundé II (IRIC),
  • Bernard Mbassi, Professeur (Université de Yaoundé I),
  • Jean-Claude Mbarga, Professeur (Université de Yaoundé I).

Sous la coordination de Dr. Augustin Emmanuel et Dr. Gérard-Marie Messina (Université de Buea, Cameroun).