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Marguerite Duras : L'image inventée par le texte

Marguerite Duras : L'image inventée par le texte

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Caroline Proulx)

Colloque international « Marguerite Duras : L'image inventée par le texte »

Problématique :

Les textes de Marguerite Duras sont porteurs de ce qu'on pourrait nommer une « imagicité » qui demeure, sur le plan théorique, problématique. En effet, à partir du virage opéré dans l'écriture par Moderato Cantabile en 1958, et plus encore en 1968 par Détruire dit-elle, qui implique une remise en cause des moyens de la représentation, les textes abandonnent une certaine forme de narrativité au profit d'un régime d'énonciation qui donne à voir. Celui-ci est régi par une économie de la redite, une importance grandissante des phrases nominales, une syntaxe paratactique, et corollairement une part de plus en plus large accordée aux blancs. Le dépouillement qui vectorise l'évolution de l'écriture semble ainsi laisser la place à l'image, l'abréviation poétique et l'exploitation spatiale de la page ouvrant un espace à la résonance du discours autant qu'à la formation d'images mentales chez le lecteur-spectateur des livres. Ainsi des textes comme L'Amour, L'Homme assis dans le couloir, La Maladie de la mort ou L'Homme Atlantique parviennent à imposer des images, non au plan de la représentabilité des univers mis en place, mais à celui de phrases qui ont le pouvoir de faire exister ce qu'elles désignent.

Or, Marguerite Duras est l'auteur d'une oeuvre filmique qui a fait date dans l'histoire du cinéma. Elle a mis en scène une part importante de son oeuvre avec une compétence et une force d'innovation qui l'ont fait reconnaître aussitôt par la critique des Cahiers du cinéma. De surcroît, son oeuvre littéraire a été largement adaptée, par des réalisateurs tels que Peter Brook, Jules Dassin ou René Clément, jusqu'à L'Amant de Jean-Jacques Annaud, renié par l'écrivain au point de donner lieu à l'écriture de L'Amant de la Chine du Nord, « texte de ce que le film aurait dû être ». Il existe donc une écriture filmique de Marguerite Duras, qui est à entendre non comme la métaphore d'un mode de composition proprement cinématographique, mais comme la forme écrite d'un voir.

L'écrivaine-cinéaste n'a ainsi cessé d'affirmer la supériorité du texte sur le film, au nom de ce que seul « le texte est porteur illimité d'images ». On souhaite ainsi interroger dans ce colloque l'articulation entre le dire et le voir, d'une part à travers les conditions de possibilité de création d'une image à la confluence du verbal, du mental et du pictural, par les modalités du poétique ; d'autre part à travers la nécessité dont relève alors le filmique, l'expérimentation de la représentation à laquelle il se livre, et la façon dont il informe le littéraire tout autant que celui-ci le contamine.

Programme :

Mardi 10 mai - Matin :

8h50 : Ouverture, par Caroline Proulx et Maïté Snauwaert.

Session 1 : Vers l'aveuglement, ou l'image négative
Présidente de séance : Maïté Snauwaert

9h10 : Conférence inaugurale, par Dominique NOGUEZ, Invité d'honneur :
« Duras : d'une écriture visionnaire à une écriture aveuglante ».

10h10 : Alexis LUSSIER, Université du Québec à Montréal : « Duras : La césure de l'image ».

10h50 : Pause.

11h10 : Caroline PROULX, Université du Québec à Montréal : « L'au-delà du visible : l'écriture du réel chez Marguerite Duras ».

11h50 : Catherine MAVRIKAKIS, Université de Montréal : « Les blind dates de l'écriture. Rencontres durassiennes de l'image et de la voix ».

12h30 : Dîner.


Mardi 10 mai - Après-midi :

Session 2 : Reprises du filmique
Président de séance : Daniel Laforest

14h : Mathieu-Alexandre JACQUES, UQAM et Université Paris III : « L'écrivain face à l'horreur. Ou la fabrication d'images-douleur au seuil de l'éclatement et de l'indicible »

14h40 : Marie-Hélène BOBLET, Université Paris III : « Les évidences infigurables »

15h20 : Pause

15h40 : Andrea OBERHUBER, Université de Montréal :« La vie imag(inair)e de Marguerite D. »

16h20 : Joëlle PAPILLON, Université de Toronto : « Érotique du regard dans L'Amant de la Chine du Nord ».

17h : Projection


Mercredi 11 mai - Matin :

Session 3 : La critique de l'image
Président de séance : Alexis Lussier

9h10 : Conférence d'ouverture, par Gérard DESSONS, Université Paris 8 :
« Le meurtre de l'image ».

10h10 : Marie-Andrée MORACHE, Université du Québec à Montréal : « De la photographie absolue à l'image d'une voix ».

10h50 : Pause.

11h10 : Maud FOURTON, Université de Pau : « L'image mise à l'épreuve : Aurélia Steiner et L'Exposition de la peinture (Écrire) »

11h50 : Maïté SNAUWAERT, Université du Québec à Montréal : « Le cinéma de Lol V. Stein, ou le film non-nécessaire ».

12h30 : Dîner.


Mercredi 11 mai - Après-midi :

Session 4 : L'image écrite
Présidente de séance : Caroline Proulx

14h : Daniel LAFOREST, Université du Québec à Montréal : « L'image totalitaire : visibilité et signification chez Marguerite Duras »

14h40 : Julie BEAULIEU, Université de Montréal : « L'écrit de l'écran ou L'image écrite.
Approches philosophique et esthétique d'une entrécriture : texte, théâtre, film »

15h20 : Pause.

15h40 : Table-ronde. Modératrices : Caroline Proulx et Maïté Snauwaert. Participants :
Dominique NOGUEZ, Gérard DESSONS, Marie-Hélène BOBLET, Andrea OBERHUBER.

16h40 : Clôture



Organisé par Caroline Proulx et Maïté Snauwaert avec la participation de FIGURA, Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire, du Département d'études littéraires et de la Faculté des lettres, langues et communication de l'Université du Québec à Montréal