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"Littératures francophones et arts comme prisme de l’H/histoire." (Université d'El Jadida)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Abdelhak Jaber)

APPEL A COMMUNICATION

Littératures francophones et arts comme prisme de l’H/histoire (Zone ACP Afrique Caraïbe Pacifique, ou encore : Maghreb ou Machrek ? Asie, Pacifique, et leurs diasporas en France).

Colloque international organisé par :

Le Laboratoire de Traductologie, Communication et Littérature (TCL)

Mercredi et jeudi 25 et 26 mars 2020

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DESCRIPTION :

Dans les grands textes de la littérature la plus "canonique", l'Iliade, La Chanson de Roland, Le Cid, La Chartreuse de Parme, Les Misérables, Quatre-vingt-treize, Guerre et paix, Les Possédés, Le Docteur Jivago..., l'imbrication, sous forme réaliste ou mythique, de l'Histoire et de la littérature n'est plus, bien sûr, une révélation. De sorte que certaines œuvres littéraires, parfois plus vraies que des documents scientifiques, sont devenues la source féconde de recherches historiques ! Corneille, Hugo, Stendhal, Tolstoï, Dostoïevski, ou Pasternak, ne nous apprennent-ils pas autant (voire plus) sur la Reconquista, la Révolution française, les guerres napoléoniennes, la Révolution russe, que bien des ouvrages savants ? Comme Proust sur l'affaire Dreyfus ? Les lectures matérialistes et socio-critiques nous ont habitués à cela.

Bien sûr, le domaine des études postcoloniale a, depuis les années 1980 du siècle dernier, avec des auteurs comme W. Saïd, Ashcroft, Gareth, Tiffin, Spivak, ou Homi Bhabha), exhumé le tuf historique impérial enfoui, sous nombre d’œuvres canoniques des littératures européennes. Racines et la Traite triangulaire, La Condition humaine et la Révolution chinoise, L’Étranger et la Guerre d'Algérie, la Condition humaine et la Révolution chinoise, Le Bloc notes et les décolonisations, n'ont d'existence et de signification qu'en interaction. La liste de ces ouvrages doubles, en miroir, est interminable : La Rose des sables, la Peste, Les Noces, La Voie royale, les Conquérants, Citadelle... A tel point que l'on ne saurait la clore. Mais ce qui est remarquable est que dans ces livres, l'Histoire n'épuise pas le mythe, le symbole, la fiction, et inversement, d'où leur richesse inépuisable.

Comment cela ne serait-il pas encore plus vrai dans les arts et littératures francophones coloniales et postcoloniales, aux premières loges des événements et bouleversements, d'un monde qui se globalise ? L'histoire (avec grand ou petit H) ne peut être que sous-jacente à Fromentin, Loti, Maupassant ou Verne. Dorgelès, Morand, Les Tharaud, Les Leblond et d'autres, ne s'appréhenderaient pas sans connaissance de la colonisation de l'Asie, du Maghreb, ou de l'Afrique. Pensons également aux riches littératures francophones, depuis les indépendances, africaines, antillaises ou asiatiques : Hampâté Bâ, Kourouma, Césaire, Senghor, Hamidou Kane, Chamoiseau, Glissant... Combien d'évolutions historiques ne se cachent-elles pas derrière chacune d'elles ? Mais attention ces œuvres ne se réduisent pas à être de simples traductions fictionnelles événementielles, puisqu'elles-mêmes produisent aussi des faits. Césaire, Senghor, Damas ne fabriquent-ils pas, à leur manière, des événements culturels et politiques, tout comme Montherlant, Camus, Malraux, Mauriac ou Duras, sans parler de Fanon ou Memmi ?

Notre colloque se propose donc d'interroger un large corpus, à cette aune : faire apparaître l'épaisseur des faits historiques sous les créations esthétiques, tout en démontrant que ces deux dimensions sont en constante relation. Les supports artistiques ne rencontrent pas d'exclusion puisqu'ils incluent aussi bien les textes littéraires proprement dits, que les documents historiques,  les peintures, cartes postales, œuvres cinématographiques. Géricault, Fromentin, Ingres, Delacroix, Dinet peuvent être exploités, même thématiquement, sans compter tous les anonymes, qui peuvent trouver ici leur place.

Les aires géographiques sont encore plus ouvertes (sans exclusive) sur le Maghreb, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique, la consigne à respecter étant l'interaction de l'histoire coloniale ou postconiale, avec ses traductions imaginaires, fictionnelles, et représentations picturales ou autres. Nous nous demanderons, par exemple, comment ces écrits et images peuvent devenir des documents historiques, mais aussi comment ils modèlent l'histoire à leur façon. Sans eux, notre vision du passé colonial serait certainement très différente. En cela, ils créent aussi du passé, et façonnent du futur. Comment décider, sous cet angle, qui englobe l'autre, du réel impérial (ou post-impérial), ou de sa projection imaginaire ? Histoire littéraire ? Littérature historique ? Sans parler de l'éternel problème du roman historique et de la peinture d'Histoire. Sans préjugé ni jugement d'aucune sorte, ce qui devra essentiellement nous préoccuper, au cours de ce colloque, sera d'éclairer la face cachée de cette complexe et foisonnante dimension occultée : découvrir des faits réels, guerres, révoltes, révolutions des peuples colonisés... (ou leur préparation),  sous les écrits des romanciers, poètes, auteurs de théâtre et d'essais.

Pour ce colloque, quittant le corpus francophone officiel, nous nous consacrerons donc exclusivement aux littératures coloniales ou postcoloniales, celles aussi du "Tout Monde"  selon Edouard Glissant. Mais aussi celle de Bauman, Mbembé ou encore Amselle.

Axes proposés (mais non exhaustifs) :

  • Les littératures coloniales et postcoloniales, comme documents historiques
  • Le roman colonial en tant que roman historique
  • Ce que ces littératures doivent à l'histoire, et inversement :
  • Dans la littérature maghrébine d'expression française
  • Dans le roman d'Afrique subsaharienne 
  • Littérature et décolonisation
  • Représentation littéraire des guerres de libération
  • Les grandes figures emblématiques
  • Les héros des résistances nationales et nationalistes
  • Le quotidien colonial en littérature  

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Bibliographie :

Award, Miriam Petra, Les effet de la colonisation française sur la littérature maghrébine : une analyse portée sur quatre œuvres de Driss Chraibi. Thèse (Islande) 2014. (Consultable en ligne)

Boucheron. Patrick., “On nomme littérature la fragilité de l’histoire”,  dans  Le Débat, 2011/3, n°165, p. 54.

Emmanuel Bouju, La Transcription de l’histoire, essai sur le roman européen, Rennes, PUR, coll. « Interférences », 2006.

Pierre Citti, Contre la décadence-Histoire de l’imagination dans le roman 1890-1914. Paris PUF, 1987.

Corbin. Alain., “Les historiens et la fiction”, in Le Débat, 2011/3, n°165, pp. 57-58.

Gengembre Georges., “Le roman historique: mensonge historique ou vérité romanesque ?”, dans Études, 2010/10, n°413, p.367.

Kathleen Gyssels Passes et impasses du comparatisme postcolonial caribéen. Cinq épasses (Honoré Champion)

Pierre Nora, « Histoire et roman : où passent les frontières ? », dans Le Débat, n°165, mai-août 2011, p. 6-12

Dominique Kalifa, « L’imprimé, le texte et l’historien : vieilles questions, nouvelles réponses ? », Romantisme, 2009, n°143/1, p. 93-99

Dinah Ribard et Judith Lyon-Caen, L’Historien et la littérature, Paris, La Découverte, 2010.

Emmanuelle Sibeud, Une science impériale pour l’Afrique. La construction des savoirs africanistes en France, 1878-1939, Paris, Éditions EHESS, 2002.

Moudileno Lydie « Qu’est-ce qu’un auteur postcolonial ? dans  Ecrire l’Afrique -Monde

Mbembé achille et Sarr Felwine, Ecrire l’Afrique-Monde, Dakar édition Philippe Rey, Jimsaan 2017.

Said Edward, l’Orientalisme : l’Orient créé par l’Occident, 1978.

Sarr Felwine, « Ecrire les humanités à partir de l’Afrique » dans Ecrire l’Afrique-Monde, Dakar édition Philippe Rey, Jimsaan 2017.

Soudiek-Dione Maurice, « Les impasses épistémologiques autour de l’objet Afrique » dans Ecrire l’Afrique-Monde, Dakar édition Philippe Rey, Jimsaan 2017.

Rancière Jacques, Politique de la littérature. Paris, Galilée 2007.

Tadié. Jean.-Yves., “Les écrivains et le roman historique au XXè siècle”, in Le Débat, 2011/3, n°165, p. 136.

Jacques Weber, Littérature et histoire coloniale, actes du colloque de Nantes, éditeurs Les Indes savantes. 2003.

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Comité scientifique du colloque d’El Jadida :

Interne :

Abdelhak Jaber, Université d’El Jadida.

Abdelaziz El Mahi, Université d’El Jadida

Soumaya Maatouk Université d’El Jadida.

Jamila Ayou Université d’El Jadida

Gérard Chalaye Sielec.

Abdellah Jarhnine. Université d’Oujda.

Mohammed Ezzouine. Université d’El Jadida.

Externe :

Vladimir Kapor Université de Manchester

Kathleen Gyssels (Université d’Anvers)  

Yves Clavaron (Université Saint-Etienne)

Kora Véra Leblon (Université de Paris)

Martine Job Professeur émérite (Paris)

Julien Kilanga (Université d’Angers)

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Comité d’organisation :                                             

Abdelhak Jaber (TCL) Université d’El Jadida.

Abdelaziz El Mahi Université d’El Jadida.

Soumaya Maatouk. Université d’El Jadida.

Gérard Chalaye (Sielec)

Ezzouine Mohamed. Université d’El Jadida.

Jamila Ayou. Université d’El Jadida.

Abdelhadi Filali. Université d’El Jadida.

Réda Bejtit. Université d’El Jadida

Youssef Faghloumi. Université d’El Jadida.

Rédouane Bouchareb Université de Casablanca. 

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Lieu de la rencontre :

Faculté des Lettres et des sciences humaines El Jadida  Avenue Jabrane Khalil Jabrane 24000 El Jadida / Maroc.

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Coordination du Colloque ; Les propositions sont à envoyer à :

Abdelhak  JABER (Université d’El Jadida)

Adresse électronique :   abdelhakjaber@gmail.com

El Mahi Abdelaziz   : elmahiaziz@gmail.com

Gérard Chalaye (Sielec)

Adresse électronique : gerard.chalaye22@gmail.com  

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Calendrier :

Date limite pour la soumission des propositions : 31 décembre 2019

Communication des propositions retenues : 30 janvier 2020

Date limite pour l’envoi des articles : 25 février 2020

Date limite pour l’envoi des versions définitives des articles : 20 mars 2020

Publication : été 2020

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 Les frais d’inscription seront de  (800 Dh) et couvriront hébergement et repas.

Les membres de la Société Internationale d’Etude des Littératures de l’Ere Coloniale (Sielec) seront pris en charge par le Laboratoire TCL.