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Littératures et langues minoritaires en Amérique Latine

Littératures et langues minoritaires en Amérique Latine

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Benoît Coquil)

Littératures et langues minoritaires en Amérique Latine

 

Journée d’étude

Le 19 octobre 2020

Logis du Roy, Université de Picardie Jules Verne, Amiens

 

Dans le cadre des recherches du CEHA sur les minorités dans l’aire hispanophone, il s’agit ici de s’interroger sur les lieux et les formes que prennent dans l’espace latino-américain les productions littéraires réalisées – intégralement ou partiellement – dans des langues minoritaires, qu’ils s’agissent de langues autochtones (zapotèque, mapudungun, quechua, etc.) ou bien de langues de l’immigration (européenne en particulier, mais pas exclusivement).

 

Bien que les statuts et les enjeux soient fort différents pour les groupes sociaux concernés respectivement par les langues autochtones et les langues immigrées, nous postulons l’existence de phénomènes comparables à observer, qui s’articulent autour de la situation de diglossie dans laquelle se trouve l’écrivain.e qui a recours, en partie ou de façon exclusive, à une langue minoritaire dans sa pratique littéraire. On s’intéressa en particulier aux problématiques suivantes :

- la littérature en langue minoritaire comme moyen de défense d’une identité culturelle et collective, éventuellement menacée d’effacement ;

- des formes d’hybridations linguistiques avec l’espagnol majoritaire et la création de néologismes ;

- la prédominance de certains genres littéraires (en particulier la poésie pour les langues autochtones) comme formes de transmission privilégiées ;

- l’appartenance problématique aux littératures dites « nationales » ;

- les modes de publication, de circulation de ces productions littéraires et leur soutien par des politiques de promotion linguistique (subventions, festivals, prix littéraires), et les formes de cohabitation entre littérature orale et écrite ;

- les éventuelles traductions en espagnol de ces productions littéraires, et plus généralement les formes de cohabitation des textes avec la langue espagnole (cas fréquents d’éditions bilingues, possibles appareils de notes et glossaires, etc.)

- la dimension intersectionnelle dans l’usage de la langue minoritaire : comment cette valorisation de la langue minoritaire par la littérature se conjugue-t-elle avec la visibilisation et l’émancipation de certains groupes sociaux eux-mêmes dominés ou minoritaires ?

 

Dans le cas des littératures en langues autochtones, la diglossie de l’écrivain est à considérer, depuis une perspective postcoloniale, comme un partage assymétrique entre la langue autochtone amérindienne et la langue castillane contrainte, partage qui conduit à l’assimilation de la langue dominée par la dominante ou à une prise de conscience en faveur de la langue dominée et son réinvestissement par l’activité littéraire. On s’interrogera en particulier sur la fonction de la littérature dans la préservation d’une langue et d’une culture plus ou moins en péril, sur le partage entre écriture et oralité dans les pratiques littéraires, sur les genres privilégiés et les modes d’auctorialité spécifiques à ces productions en langues indigènes, mais aussi sur les représentations du monde et les thématiques qu’induisent possiblement le choix de la langue autochtone par rapport à l’espagnol. L’opposition à une forme de stéréotypage de la littérature en langue autochtone est au cœur du travail de certains écrivains contemporains, comme c’est le cas par exemple pour Marisol Ceh Moo, autrice mexicaine de langue maya yucatèque.

 

Du côté de la littérature écrite en langues de l’immigration, on s’interrogera également sur les modalités de préservation de la langue immigrée (et de la culture dont elle fait partie) par la pratique littéraire face à divers processus d’assimilation. Les pistes d’analyse suivantes pourront être explorées :

- la place prise par l’italien dans la littérature argentine, et en particulier sur son hybridation avec l’espagnol dans les milieux des immigrants pauvres du début du xxe siècle (le cocoliche, parodie de cette langue métisse, constitue ainsi un objet d’étude intéressant, observable surtout dans les genres théâtraux du sainete et du grotesco criollo, mais aussi de façon plus intermittente dans le roman contemporain, tel que El desierto y su semilla, de Jorge Barón Biza)

- la façon dont sont représentées ces langues venues d’Europe dans la littérature argentine traitant de l’immigration, depuis le début du xxe siècle jusqu’à nos jours. Il s’agirait ici d’étudier la façon dont est intégrée et retranscrite (de façon plus ou moins fidèle) la langue immigrée chez des auteurs hispanophones, issus ou non de l’immigration ;

- le statut particulier du yiddish, langue de l’immigration juive ashkénaze, fortement représentée en Amérique Latine, et les formes de survivance de cette langue dans la littérature contemporaine (Margo Glantz, Sergio Chejfec).

 

 

Comité scientifique :

Rica Amran (Université de Picardie Jules Verne)

Benoît Coquil (Université de Picardie Jules Verne)

Graciela Villanueva (Université Paris Est Créteil)

 

 

Date limite et modalités de soumission :

Les propositions de communication, rédigées en français ou en espagnol, sont à envoyer à : benoit.coquil@u-picardie.fr sous la forme d’un résumé (entre 200 et 400 mots) comprenant un titre et cinq mots-clés, et accompagné d’une brève bio-bibliographie.

Date limite de soumission des propositions : le 15 juillet 202

Langues admises pour les interventions : français et espagnol. Format : 20 min + 10 min d’échange.