Questions de société
Lettre de l'Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur à Valérie Pécresse (26/10/2008).

Lettre de l'Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur à Valérie Pécresse (26/10/2008).

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

Lettre à Valérie Pécresse de l'Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur (26 octobre 2008)

A.G.E.S. Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieu
r www.ages-info.org

De la Présidente de l'A.G.E.S. : Mme Lartillot Professeur des Universités 2, allée de Londres 57950 Montigny les Metz Mail : lartillot@univ-metz.fr

A Mme Pecresse Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche 21, rue Descartes 75005 Paris

M. Darcos Ministre de l'Education Nationale 110 rue de Grenelle 75357 Paris SP 07


Montigny-les-Metz, le 26 octobre 2008

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,

M. Sherringham avait accepté de nous recevoir au nom de M. Darcos le 18 juin 2008, afin d'évoquer avec nous la réforme en cours et nous lui en sommes reconnaissants.

Depuis, de nombreux éléments nouveaux se sont présentés qui redoublent l'inquiétude des membres de notre association, lesquels, réunis en assemblée le 18 octobre 2008, nous ont mandaté à l'unanimité pour vous faire part solennellement des remarques qui suivent.

1. Nous observons que le mode de communication pour lequel les ministères ont opté dans le processus de réforme en cours empêche que la réforme soit comprise et menée à bien. De ce malaise participe notamment le fait que les principaux intéressés et spécialistes de nos disciplines n'ont été véritablement consultés à aucun moment (président de la 12e section, présidents de jury notamment). Les informations nous parviennent de manière tronquée, elles sont formulées de manière trop imprécise, permettant toutes sortes d'interprétations, parfois contradictoires.

Nous demandons qu'un autre mode de communication soit instauré et que nos spécialistes et représentants reconnus pour leur niveau de compétence soient consultés et associés au processus de réforme, non pas de manière ponctuelle et sporadique mais tout au long du processus de réforme.

2. Telle que nous la comprenons, la réforme décrite par le texte de cadrage officiel donne aux universitaires la possibilité de décider de l'attribution du master, entérinant ainsi le succès obtenu lors du concours d'enseignement ou au contraire, le cas échéant, l'invalidant. Il semble donc que les universités soient garantes du niveau des titulaires du concours. Pourtant les évaluations quantitatives dont les universités font l'objet conduisent nécessairement à un abaissement du niveau des exigences, voire à une régionalisation du niveau de compétence exigé.

Le principe du concours garantit l'égalité de tous dans l'accès à la profession, ainsi qu'un niveau de connaissances et de compétences équivalent sur tout le territoire. Nous demandons que ce principe républicain soit préservé et que le concours continue à refléter un niveau d'exigence en termes de savoir et de compétences sur tout le territoire.

3. Dans l'état actuel de nos informations et si nous interprétons bien le texte de cadrage officiel des nouveaux concours, l'importance des savoirs disciplinaires diminuerait nettement à l'écrit et disparaîtrait à l'oral. Autrement dit, il ne serait pas nécessaire de s'exprimer en langue étrangère à l'oral pour être admis à un concours permettant d'enseigner une langue étrangère. Cette diminution de la part des savoirs disciplinaires qui est étroitement liée aux compétences d'un futur enseignant est extrêmement préoccupante.

Nous demandons que la maîtrise des savoirs et des compétences propres à chacune des disciplines – tant à l'écrit qu'à l'oral – joue un rôle déterminant pour l'obtention des concours. Nous demandons en particulier le maintien à l'oral, pour les concours censés recruter des enseignants de langue étrangère, d'une épreuve au moins en langue étrangère, afin de permettre au jury d'examiner l'aptitude des candidats à s'exprimer dans la langue qu'il devra enseigner. La note de cette épreuve devra être décisive pour l'obtention du concours. Nous demandons que les spécialistes reconnus de notre discipline participent à l'élaboration des épreuves et qu'ils figurent dans les jurys de manière significative, en particulier à l'oral.

4. Toute définition d'épreuve nouvelle suppose que les étudiants s'entraînant en vue de ces épreuves et que les préparateurs de ces épreuves soient en mesure d'en apprécier les attentes.

Nous demandons que les épreuves nouvellement définies fassent l'objet d'annales zéro où des exemples précis seront donnés et où les barèmes d'évaluation seront clairement précisés. La définition de ces épreuves ne peut se faire sans l'appui des spécialistes de nos disciplines. Nous demandons que les membres de jury actuellement en fonction et leurs présidents respectifs soient étroitement associés à ces travaux et que leurs avis soient décisifs.

5. Nous observons enfin que les délais imposés sont inversement proportionnels à la complexité de cette réforme et que leur brièveté ne permet pas de la mener à bien. Le calendrier de la réforme repose en outre sur des incohérences notoires, si toutefois nous sommes bien informés. En effet, suivant les informations dont nous disposons en matière de calendrier, il est établi que nous ignorerons le contenu exact des épreuves du concours auxquelles doivent également préparer les nouveaux masters, jusqu'au moment où nous devrons transmettre à nos administrations les maquettes en cours d'élaboration (terme fixé au 15 novembre pour que soit respecté le délai ultime pour les ministères du 31 décembre 2008). Nous devrons donc définir ces masters sans savoir vraiment à quel concours ils préparent. Cet état de fait place les collègues en charge de l'élaboration des maquettes dans une situation de désordre et d'incohérence, alors que nous sommes tous conscients que les enjeux de la réforme sont très importants.

Nous demandons que la mise en oeuvre de la réforme soit reportée d'un an et que le contenu précis des épreuves soit communiqué avant que les universités ne précisent l'architecture des masters dédiés aux métiers de l'enseignement.

Veuillez agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l'expression de notre plus haute considération,

Françoise Lartillot Présidente de l'A.G.E.S.

Au nom du bureau de l'A.G.E.S. (Vice Présidentes : Françoise Knopper –Toulouse 2- ; Claire Lecointre –Lille 3- ; Secrétaires Généraux : Olivier Agard –Paris 4-Sorbonne, Christian Helmreich -Paris 8, Trésorière : Hélène Vinckel – Paris 4-Sorbonne) et de ses membres.