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Appels à contributions
Les voix de Laurent Gaudé (revue L’Entre-deux)

Les voix de Laurent Gaudé (revue L’Entre-deux)

Publié le par Marc Escola (Source : Laboratoire Textes et culture)

Les voix de Laurent Gaudé

Appel à contributions pour la revue L’Entre-deux,

laboratoire « Textes & cultures », équipe interne « TransLittéraires »

http://textesetcultures.univ-artois.fr/

 

La revue électronique L’Entre-deux du laboratoire « Textes et Cultures » (UR 4028, université d’Artois) consacrera en 2022 un numéro complet à l’œuvre de Laurent Gaudé, dans sa collection « Présences contemporaines ». Auteur prolifique de pièces de théâtre, de romans, de recueils de nouvelles et de poèmes, d’ouvrages photographiques et de fictions pour la jeunesse (http://www.laurent-gaude.com), Laurent Gaudé a conquis un large lectorat et a été récompensé par des prix littéraires, sans doute parce qu’il aborde les thèmes littéraires en phase avec l’actualité sociale et politique du tournant du XXIe siècle (guerre, mémoire, post-colonialisme, migration, exil, secret de famille, etc.) et les inscrit dans une perspective humaniste, en déconstruisant l’identité nationale ou les mécanismes de la domination (A. Gefen, L’Idée de littérature, José Corti, 2021, p. 213) ou en cherchant à réparer des vies brisées et dispersées. Le numéro consacré à l’œuvre théâtrale, romanesque et poétique de Laurent Gaudé sera centré sur les voix au pluriel qu’il fait entendre, selon les perspectives suivantes.

Le passage des cris à la parole articulée, de la rumeur collective et venimeuse au récit pris en charge par un conteur, de l’oral à l’écrit, pourra ouvrir un questionnement sur la genèse de la parole et de l’écriture à partir d’un silence né d’un secret, d’un traumatisme ou d’une infirmité. La parole pourra aussi être étudiée en relation avec l’action qu’elle déclenche ou entrave, dans une perspective pragmatique et dramatique : la parole empêchée, la profération d’une parole interdite, l’imprécation qui juge et condamne sans appel, l’audace et la violence destructrice recelées dans l’acte même de parler sont les ressorts dramatiques de bon nombre de pièces et de romans de Laurent Gaudé. Les organes physiologiques de la voix (bouche, lèvres, langue…) permettent de représenter physiquement la parole et ses intonations, son intensité, sa texture, sa hauteur.

La tension entre la voix unifiée de l’épopée et les voix dispersés du roman polyphonique ou bien des monologues théâtraux amène à s’interroger sur le conteur et ses avatars (aède, porte-parole), dont Walter Benjamin rappelle qu’il diffère du romancier en ce qu’il emprunte la matière de son récit à l’expérience, la sienne ou celle qui lui a été rapportée par autrui, rendue communicable par l’approche de la mort (Le Conteur, 1936). La parole du mourant, de son accompagnant, ou même du mort, est investie d’une autorité et d’un pouvoir que Laurent Gaudé semble restituer dans ses pièces comme dans ses romans. La proximité de la parole et de la mort pourra ainsi être étudiée.

On pourrait interroger la « longue chaîne de voix » (Salina, 2018, Babel, p. 55) que le conteur relaie et déploie et qui entraîne la superposition, l’emboîtement ou l’enchevêtrement des récits perpétuant la mémoire d’une famille, d’un clan, d’une communauté. A contrario, le mutisme des personnages, les silences ou les signes non verbaux ou non articulés peuvent nourrir des interprétations variées, magiques ou rationnelles.

Il peut être également intéressant d’analyser les tons des voix qui restituent l’émotion au-delà du message ou de l’action qu’elles portent, pour montrer l’ambition musicale et lyrique de Gaudé, souvent relevée dans son théâtre et qui peut être étudiée dans l’ensemble de son œuvre (chant, souffle, intonations, rythmes, textures et registres de la voix, effets produits sur les auditeurs, tonalités tragique, pathétique ou lyrique).

Les contributeurs pourront également s’intéresser à l’évolution de l’œuvre de Laurent Gaudé dans une perspective diachronique, aux passages qu’il opère entre les genres littéraires, à son inscription dans la littérature contemporaine actuelle, en restant centrés sur les voix.

Les propositions, d’une longueur de 300 mots environ, devront être envoyées par courriel pour le 31 octobre 2021, accompagnées d’une courte présentation biobibliographique de leur auteur, aux deux adresses qui figurent ci-dessous.

Après examen des propositions, le comité de rédaction rendra sa décision pour le 10 novembre. Les articles dont la proposition aura été acceptée seront à rendre pour le 15 février 2022. Leur longueur ne dépassera pas 35 000 signes (espaces comprises). Ils seront soumis au comité de lecture.

Les textes retenus pour publication devront parvenir au comité de rédaction dans leur version définitive au plus tard le 1er avril 2022.

Le numéro paraîtra en mai 2022 dans la revue électronique L’Entre-deux. http://lentre-deux.com

isabelle.rousselgillet@univ-artois.fr ; evelyne.thoizet@univ-artois.fr