Essai
Nouvelle parution
Les Tragédies de Voltaire au miroir de leurs parodies dramatiques

Les Tragédies de Voltaire au miroir de leurs parodies dramatiques

Publié le par Marielle Macé (Source : Isabelle Degauque)

Annonce de parution du livre d'Isabelle Degauque (Université de Nantes) :

Les Tragédies de Voltaire au regard de leurs parodies dramatiques, D'Oedipe (1718) à Tancrède (1760)

coll. Les Dix-Huitièmes siècles dirigée par Raymon Trousson et Antony McKenna, n°104, Paris, Honoré Champion, 2007, 496 pages, 87 euros, ISBN : 9782745314420


L'étude des parodies des tragédies de Voltaire s'inscrit dans un récent mouvement de réhabilitation de la parodie, longtemps considérée comme un genre parasitaire et malveillant. Voltaire ayant connu une carrière dramatique d'une longueur sans précédent (1718-1778), son compagnonnage forcé avec les parodistes tant forains qu'italiens est une donnée précieuse pour évaluer la dramaturgie et la réception théâtrale classiques. Toujours soucieuse de divertir, la critique parodique repose sur des stratégies esthétiques récurrentes. Ainsi, nombre de parodies dramatiques font un usage privilégié de la musique, sûr facteur de complicité avec les spectateurs, mais aussi de la rupture de l'illusion. Pourfendue par Voltaire ou fortement encadrée par des théoriciens méfiants, la parodie dramatique inquiète et semble se définir par un potentiel subversif menaçant les autorités, littéraires ou politiques. Elle se révèle pourtant fidèle à son désir de consensus avec le public. Son rapport avec la norme littéraire traduit l'ambiguïté idéologique du genre : alors que les parodistes proposent eux-mêmes un nouveau rapport à la scène, on constate chez eux une surprenante résurgence des canons classiques dès qu'ils s'attaquent aux audaces théâtrales de Voltaire. Les deux innovations majeures de ce dramaturge, le pathétique et le théâtre philosophique, sont perçues comme une dérive vers le spectaculaire dégradant le genre tragique, et vers le théâtre à thèse dénaturant le plaisir de la représentation. Les parodies se révèlent donc en définitive une pierre de touche pour mesurer autant les limites du théâtre de Voltaire que ses ferments de modernité.