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Appels à contributions
Le Temps de l'art ou l'art de faire le Temps (revue Le Périscope)

Le Temps de l'art ou l'art de faire le Temps (revue Le Périscope)

Publié le par Romain Bionda (Source : Le Périscope - revue)

Appel à contributions pour la revue Le Périscope (#2)

Le temps de l’art ou l’art de faire le temps

 

Le Périscope est une jeune revue, produite par des doctorant.e.s et docteur.e.s de l'université de Lorraine dans le but de promouvoir la recherche en arts et culture en s'adressant à un public plus large. La revue s'inscrit dans une démarche de vulgarisation scientifique en publiant des articles courts d’étudiant.e.s de la licence au doctorat, qui abordent les dernières recherches en arts et culture, et entend faire des liens entre l'université et les différents acteurs du monde culturel. La revue est pluridisciplinaire et traite des objets culturels (cinéma, théâtre, musique, danse, arts plastiques, jeux-vidéos, ...) et de leurs publics avec les outils de l'histoire, de la sociologie et l'ethnologie, de l'esthétique ou d'autres approches en sciences humaines. Pour finir, elle se dote d’un cahier création dans lequel tout.e étudiant.e peut faire une proposition artistique, qu’elle soit graphique, picturale, numérique, photographique… Toutes les propositions artistiques sont les bienvenues.

La revue publie en priorité des contributions issues d’étudiant.e.s de l’Université de Lorraine, mais nous ouvrons ce numéro à la participation d’un étudiant.e.s ou jeune chercheur.e hors Université de Lorraine.

Pour ce numéro #2, intitulé "Le Temps" à paraître en septembre 2019, nous lançons un appel à contributions concernant les textes et la partie du Cahier création.

Afin de stimuler votre réflexion, nous vous proposons ci-dessous des orientations possibles aussi bien pour les textes que pour la création. Toutes les propositions n’entrant pas dans ce cadre, mais mettant en jeu la question du temps, seront également prises en considération.

 

Processus de production artistique

- Les propositions d'articles pourront être consacrées au temps de l'élaboration de l'œuvre, aux processus de création, et s'intéresser par exemple au Kairos, la saisie du moment opportun au sein d'un processus de création.

- Le temps peut-il être pris à rebours ? On se questionnera par exemple sur les pratiques contemporaines qui convoquent d'anciennes formes de création, comme l'histoire naturelle.

- Des contributions pourront aussi analyser le rythme de travail, par exemple chez l'artiste autrichien Martin Beck, récemment exposé au FRAC Lorraine[1], chez Guillaume Bardet avec son oeuvre « L'usage des jours » ou dans une idée de "créer jusqu'à l'épuisement". 

- Comment et pourquoi conserver une trace des pratiques éphémères ? 

- On pourra également aborder l'idée de retard, ou de délai dans l'élaboration d'une oeuvre, les cycles et la création (voir par exemple l’oeuvre de l’artiste designer Wieki Somers, « Frozen in time »), la question du hasard, ou les rétrospectives dans le domaine de l'exposition

- En se penchant sur la scénographie, on peut également interroger la temporalité de la production. Par exemple, comment prendre en compte la durée passée face à l’œuvre dans les conceptions scénographiques ? 

- Du point de vue du travail du chercheur.e, les contributions peuvent également explorer la temporalité de la recherche en sciences humaines et sociales, ainsi que la construction de la carrière du chercheur.e. 

 

 Temporalité de la réception des objets culturels

- Les contributions pourront également s'intéresser au temps de la représentation dans le spectacle vivant ou encore à l'impression de temps, comme par exemple la sensation de durée devant un film. Ce ressenti devient en fait un indice de plaisir ou d'ennui : on regarde le temps passer, ou bien on ne l'a pas vu du tout défiler. En même temps il y a des normes, des « conventions » pour reprendre le sociologue états-unien Howard Becker : des épisodes de 45 minutes pour la télévision, des films d'environ 2h pour le cinéma, etc.  En questionnant les nouveaux formats de "séries cinématographiques", on peut se demander ce que les possibilités d'allongement du temps font à la narration, et au processus de création audiovisuelle ? 

- Comment le succès des œuvres (films, musique, théâtre, dansearts plastiques, etc.) et les goûts des spectateurs évoluent-ils dans le temps ? Les recherches de Mélodie Marull[2] nous invitent par exemple à re-voir l'œuvre de Pierre Molinier aujourd'hui, à la lumière de notre époque et des théories queer plus récentes. Quels enjeux induisent ces relectures ?[3] En musique classique, on écoute des musiques de répertoire de différentes époques et la pratique qu'on en a aujourd'hui diffère de celle que l'on pouvait avoir à l'époque de leur production/création. Comment fait-on coexister des répertoires d'époques différentes, qui sont aujourd'hui perçus comme des genres musicaux, avec chacun leur scène et leur marché spécifiques ?

- Dans quelle mesure l’expérience que l’on fait des œuvres audiovisuelles (films, séries) lorsqu’on est jeune opère-t-elle une certaine influence sur le reste de la vie ? 

 

Le Temps représenté ou constitutif des œuvres

 - On peut interroger le thème de l'intemporel dans les œuvres, mais aussi du temps lié à la mémoire, comme à travers le concept de « survivance » d'Aby Warburg développé par L'Atlas Mnémosyne (1921-1929), ou encore les questions liées au patrimoine ou aux archives dans l'art. 

- Quels usages les arts plastiques font-ils des mythes liés au temps, comme celui des Parques qui déroulent le fil du destin ?

-  Comment les artistes s'emparent du temps et parviennent à superposer les strates temporelles ? Comment convoquent-ils plusieurs "temps" au sein d'une œuvre d'art ?

- Qu'elle présente un futur inquiétant ou fascinant, la science-fiction a occasionné le développement de nombreux sous-genres et hybridations (cyberpunk / steampunk / afrofuturisme / utopie / dystopie / etc.), dans la littérature, la bande-dessinée, au cinéma, ou comme imaginaire  musical. Comment ces thématiques se matérialisent-elles dans la culture d'aujourd'hui ou d'hier ? Que révèlent-elles de notre rapport au passé et au futur ? Dans quelle mesure ces différents sous-genres sont-ils chacun influencé par les sciences "dures" (biopunk, cyberpunk), par des cultures spécifiques (comme la culture de la diaspora africaine pour l'afrofuturisme), la politique (utopie, dystopie) ou la géopolitique (space opera) ?

- Ralentir / Accélérer (le son, la musique, la vidéo, les corps dans le spectacle vivant, etc.), observer les structures rythmiques

En 2017, un article du Guardian intitulé « The leisure principle: why dance music is slowing down » souligne que depuis 2012 le tempo moyen de la pop serait descendu de 113,5 à 90,5 bpm[4]. Comment peut-on analyser la décélération de la musique à travers les genres ? On peut par exemple s'intéresser à la trap dans le hip hop et l'electro, au mumble rap, mais aussi à des styles moins récents comme le drone ou le funeral doom dans le metal, ou encore à la pièce "As Slow As Possible" de Gerd Zacher, reprise par John Cage. 

Peut-on ralentir la musique jusqu'à supprimer toute structure rythmique, comme le fait l'artiste noise Kylie Minoise avec sa reprise de "You Suffer" de Napalm Death, qu'elle étire jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un long son de distorsion ?[5] À l'inverse, on peut également questionner l'accélération de la musique, et par exemple ses liens avec la technologie comme le développement de la boîte à rythme, qui permet notamment à Moby de produire son morceau de techno hardcore "Thousand" dont le rythme s'élève à 1000bpm.

- Si l'on se penche sur les effets audio basés sur le temps, on constate que le delay et la reverb altèrent et allongent le temps alloué naturellement à un signal sonore. Comment et dans quels buts les musiques populaires – dans toute leur diversité – ont-elles recours à ces effets ? On peut par exemple constater que d'un style de musique à l'autre, le type de reverb utilisé n'est pas le même... Et que cette utilisation est parfois liée à la réverbération naturelle des salles qui accueillaient leurs concerts avant la popularisation des effets numériques. C'est notamment le cas de la room reverb, censée rappeler l'acoustique des jazz clubs.

- Au cinéma, les anachronismes que l'on décèle dans certains films peuvent prêter à rire, ou faire l'objet de critiques ou de reproches dirigés contre le réalisateur ; des internautes dressent des listes qui ont vocation à en présenter les "pires", les plus drôles, les plus difficiles à remarquer, etc. Mais comment ces anachronismes – qu'ils soient volontaires ou non – font-ils en somme dialoguer deux temps : celui du tournage et celui de la fiction ?

 

 

 

Pour nous envoyer une proposition d'article :

 

Nous attendons vos propositions de contribution pour le 4 février au plus tard, par mail à cette adresse : contact.univarts@gmail.com  

Les propositions devront comporter un court résumé (environ 10/20 lignes) accompagné d'une bibliographie d'environ 5 références pour les étudiant.e.s niveau master et plus, et 3 pour les étudiant.e.s niveau licence. Merci d'indiquer également vos nom, prénom, cursus ou discipline universitaire, enseignant référent ou directeur de thèse le cas échéant.  

Les propositions seront sélectionnées par le comité de la revue. Les réponses à vos propositions seront envoyées courant février. 

Les articles définitifs pourront s'inscrire dans un format "Etudes" d'un maximum de 15 000 signes espaces compris, ou dans un format "Perspectives" de 8 000 à 10 000 signes espaces compris. 

L'écriture de chaque article pourra faire l'objet d'un accompagnement par les membres de notre Comité éditorial et de lecture.  

 

 

Pour nous envoyer une proposition liée au Cahier création :

 

Nous attendons vos propositions de contribution pour le 4 février au plus tard, par mail à cette adresse : contact.univarts@gmail.com en intitulant votre fichier NOM_CAHIERCREATION

Les propositions devront comporter un court résumé explicatif (environ 10/20 lignes) de la ou des création.s artistique.s réalisée.s ou en cours d’élaboration. Il n’y a pas de limite quantitative.

Attention, la revue est publiée en noir et blanc. Les créations apparaîtront donc dans la revue en noir et blanc.

Les propositions seront sélectionnées par le comité de la revue. Les réponses aux propositions seront envoyées courant février. 

Les trois ou quatre projets sélectionnés s’inscriront dans le Cahier création et occuperont chacun l’espace d’une page de la revue. La phase d’élaboration du travail artistique pourra faire l’objet d’un accompagnement par les membres de l’équipe du Périscope.

 

L’équipe du Périscope :

BARRIÈRE Louise
FOURNIER Marion
LÉVÊQUE Cyrielle
MARULL Mélodie
MICHEL Aurélie
MÜLLER Susanne
RESCIGNO Anthony
SOUILLÉS-DEBATS Léo
STOTZKY Pierre
THACKERAY Valérie
TURBÉ Sophie
VALKAUSKAS Elodie

 

 

 

 

 

[1] http://www.fraclorraine.org/explorez/artsvisuels/642 

[2] Mélodie Marull (2018), Du corps transgressif au corps subversif : Corporéités dissidentes dans l'œuvre de Pierre Molinier, thèse de doctorat en Arts (dir Claire Lahuerta), soutenue à l'Université de Lorraine.

[3] Voir notamment : Lorenz, Renate et Marie-Mathilde Bortolotti (2018), Art queer: une théorie freak, Paris : B42. 

[4] Kathy Iandoli (2017), "The leisure principle: why dance music is slowing down", The Guardian, 8 sept. [En ligne : https://www.theguardian.com/music/2017/sep/08/leisure-principle-why-dance-music-slowing-down ]

[5] Ces deux derniers exemples (As Slow as Possible et You Suffer) ont été empruntés à Matthieu Saladin (2018), Livret d'exposition Précipités de Lenteur, BBB Centre d'Art Contemporain de Toulouse.