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Le music-hall après le music-hall (Sorbonne nouvelle)

Le music-hall après le music-hall (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Romain Piana)

Le music-hall après le music-hall 

L'objectif de ce colloque est de resituer le music-hall comme une des matrices du spectacle de divertissement, sur une période large, allant de ses préfigurations au XIXe siècle à ses avatars les plus contemporains, et ce dans le contexte français. Il se propose ainsi d'étudier les spectacles contemporains et la notion même de spectaculaire en les mettant en perspective avec les formules ou formats du music- hall tel qu'il s'est épanoui à Paris entre la Belle Epoque et la Seconde Guerre Mondiale : revues, attractions, tours de chant, opérettes, variétés, numéros de nu... Que reste-t-il du music-hall dans les émissions de variétés de la télévision française des premiers temps ou dans les shows télévisés des années 1970, dans les films à chansons ou musicaux du passé ou d'aujourd'hui, dans les chansons chorégraphiées, les comédies musicales et les scénographies à grand spectacle de certains concerts de variété, de rock ou de pop des dernières décennies, dans les clips depuis les années 1980, dans les spectacles contemporains de salles de « cabaret » toujours prospères de nos jours (Moulin Rouge, Lido, Paradis Latin, Crazy Horse... – et les très nombreux cabarets qui fleurissent en région), dans les pratiques spectaculaires et festives largement underground de ces dernières années (néo-burlesque, drag, soirées « cabaret ») ? Et quels rôles ont joués les grands orchestres de jazz, la chanson rive gauche ou le cabaret rive droite dans l’évolution de la formule spectaculaire du music-hall en France ?

Mais si l'étude du music-hall permet probablement une compréhension de larges pans de la culture de ce début de XXIe siècle – ce qui est l’hypothèse forte qui motive ce colloque –, elle présente des difficultés spécifiques qui sont en même temps autant de pistes d'investigation. 

Une difficulté de définition (Klein, 1988) d’abord : de quoi parle-t-on quand on parle de "music-hall" ? D’un lieu physique ou d’un spectacle, ensemble ou séparés (Klein, 1988, Wisniewski, 2016), de l’industrie musicale, avant la généralisation de l’expression “show- business” (Guibert, 2006), d’un métier (Colette, 1910, 1913 ; Fourmaux, 2009)...? Et dans tous les cas, les frontières se révèlent particulièrement brouillées avec des domaines voisins, des lieux comparables ou des spectacles similaires.

Difficultés d’écriture de l’histoire du music-hall ensuite : elles sont liées aux sources lacunaires ou mal connues, à des archivages incomplets, à la rareté des enregistrements visuels ou sonores des spectacles, à l’existence de témoignages suggestifs mais loin d'être exhaustifs, à notre connaissance très imparfaite des publics... Pour quelques salles restées légendaires, combien d'autres sont oubliées qui constituaient pourtant la trame foisonnante de ce divertissement, tellement répandu dans la première moitié du XXe siècle qu'il préfigure les divertissements de masse d'aujourd'hui (Sallée et Chauveau, 1985) ?

Difficulté, enfin, intrinsèque à ce qui fait l’aura particulière du music-hall : la nudité féminine en scène (Perault 2010, Piana 2016), la découverte de l’altérité via des corps et des rythmes “exotiques”, le spectacle total. Le music-hall, encore en 2021, est un élément fantasmatique, utilisé comme tel dans les industries culturelles à Paris ou dans d’autres lieux du territoire.

Ce colloque vise donc, dans une perspective interdisciplinaire, à traiter de cette tension entre des spectacles évanouis, en grande partie de manière irrémédiable, et une continuité indéniable dans les formules renouvelées qui en ont constitué ou en revendiquent l’héritage et/ou qui portent le spectaculaire de nos jours. Les communications attendues porteront sur les axes suivants :

Limites et définitions du music-hall :

Ces questions pourront être posées autant pour les formes historiques du music-hall que pour les spectacles plus contemporains. Il s’agit moins de produire une définition prescriptive de ce qu’est le music-hall que de repérer et d’analyser des composants de ce spectacle (nudité ? danse ? effets spectaculaires ? vedettariat ? variété des numéros ? etc.), leur permanence et leurs évolutions. On pourra s’interroger également sur les termes qui concurrencent, supplantent ou recouvrent le music-hall au fil du temps. Le questionnement pourra prendre comme objet aussi bien le music-hall comme forme de spectacle que comme salle, espace architectural et social.

Infusion du music-hall dans le spectaculaire contemporain :

Les communications attendues autour de cet axe pourront analyser, dans différentes approches (esthétiques, socio-économiques, musicologiques, étude des publics, etc.) le music-hall au sens strict, fleuron de l’industrie culturelle et touristique parisienne ou recréation dans les nombreux cabarets et music-halls en région, mais aussi des spectacles cinématographiques, télévisuels, scéniques, musicaux plus récents qui en sont l’héritage, les avatars ou les continuateurs.

Enjeux méthodologiques : que reste-t-il du music-hall ?

Cette question se pose autant pour la postérité et l’héritage du music-hall que pour les ressources qui permettent de penser son histoire, son économie, son esthétique, ses acteurs et ses publics. Comment reconstituer un spectacle total dont la mémoire préservée est extrêmement fragmentaire ? Quelles archives utiliser pour rendre compte de ce spectacle total dont on ne dispose souvent que de traces ? Quels sont et quels ont été les discours médiatiques sur le music-hall ? Quels médias s'en sont emparés ? S'agissait-il de décrire, d'encenser ou de dénoncer les spectacles ? Et pour quelles raisons ?

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Les propositions de communication de 2000 signes maximum accompagnées d’un titre et d’une présentation de l’auteur en 800 signes maximum seront à envoyer avant le 15 octobre 2021 à l’adresse suivante :

colloque-music-hall2022@sorbonne-nouvelle.fr

Bibliographie indicative : 

http://www.univ-paris3.fr/le-music-hall-apres-le-music-hall-696772.kjsp?RH=1235126622299

Comité d’organisation

Gérôme Guibert (Université Sorbonne Nouvelle, IRMECCEN)
Raphaëlle Moine (Université Sorbonne Nouvelle, IRCAV)
Romain Piana (Université Sorbonne Nouvelle, IRET)
Catherine Rudent (Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS)

Comité scientifique

Sylvie Chalaye (Université Sorbonne Nouvelle), Jamil Dakhlia (Université Sorbonne Nouvelle), Catherine Dutheil-Pessin (Université Grenoble-Alpes), Sébastien Layerle (Université Sorbonne Nouvelle), Hélène Marquié (Université Paris 8), Emmanuel Pedler (EHESS), Sylvie Perault (CERPCOS), Cécile Prévost-Thomas (Université Sorbonne Nouvelle), Will Straw (McGill University), Marine Wisniewski (Université Lumière Lyon 2).