Revue
Nouvelle parution
Le Magasin du XIXe siècle, n°2, 2012 :

Le Magasin du XIXe siècle, n°2, 2012 : "Les choses"

Publié le par Marc Escola

Le Magasin du XIXe siècle, n° 2, 2012 : "Les choses"
Numéro paru chez Champ-Vallon.


Se substituant à Dix-neuvième siècle, Le Magasin du XIXe siècle est une nouvelle revue annuelle lancée par la Société des Études romantiques et dix-neuviémistes.


Sommaire
• Éditorial
Choses en magasin (José-Luis Diaz)
• Leur XIXe siècle
Entretien avec Denis Podalydès  (propos recueillis par Agathe Novak-Lechevalier)

• Le Dossier : Les choses
Le siècle des choses (José-Luis Diaz & François Kerlouégan); Objets (Marta Caraion); La place des choses. Economie de l'ordre et du désordre domestiques en bourgeoisie (Manuel Charpy); Hotte, crochet et lanterne. Les tribulations d'Alexandre Privat d'Anglemont (Jean-Didier Wagneur); Les caves du Muséum. Echantillons, spécimens, leçons de choses (Nicolas Wanlin); Objets domestiques, objets en chambres. Apprivoiser le lieu, affirmer l'identité, maîtriser le temps (Dominique Pety); A travers la culture visuelle du XIXe siècle (Bernard Vouilloux); Le silence des choses. La pantomime romantique, spectacle de l'immanence ? (Olivier Bara); Stendhal : inventaire après décès (Philippe Berthier); Balzac bric-à-brac (José-Luis Diaz); Le parfum des choses (Henri Scepi); Les choses prises au mot. Les anticipations plastiques des Arts Incohérents (Corinne Taunay); Florilège  (José-Luis Diaz & Jean-Didier Wagneur); Bibliographie sélective sur les objets du XIXe siècle (Marta Caraion)


• Le XIXe siècle s'affiche
Présentation (Agathe Novak-Lechevalier); Entretien avec Marcel Cohen (propos recueillis par Philippe Hamon); Le XIXe siècle en expositions (Mathilde Labbé et Anne Reverseau); Le XIXe siècle sur les scènes; Le XIXe siècle en musique (Cécile Reynaud); Le XIXe siècle à l’écran


• Archives
Présentation (Jean-Claude Yon); Quand les Républicains faisaient appel aux États-Unis contre Napoléon III… (David Delpech); Une rencontre inédite sur une scène de théâtre en 1851 (Shih-Lung Lo); Schaunard aux concerts Rubinstein (François Luguenot)


• Le Magasin des magasins
Présentation (José-Luis Diaz); Extraits du Dictionnaire de la
conversation et du Musée des familles (José-Luis Diaz); Le Magasin des connaissances utiles et agréables, 1847-1849, ou la presse au service d’une nouvelle Grèce à instruire (Eftychia Amilitou)


• Au programme
Musset, Comédies et proverbes (1834-1868) (José-Luis Diaz)


• Une journée particulière
Le 6 mai 1846 (Françoise Cestor, Jean-Didier Wagneur et Jean-Claude Yon)


• Le XIXe siècle intime
Présentation (Brigitte Diaz); Entretien avec Philippe Lejeune. Aux origines du journal personnel (1750-1815) (Propos recueillis par Brigitte Diaz); Éditer les archives de l’intime.Les points de vue de Michel Braud et de Catherine Mariette-Clot

 

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Françoise Sylvos a fait parvenir à Fabula cette note de lecture à propos de cette livraison de la revue Le Magasin du XIXe siècle :
 

À l’occasion de la publication de leur deuxième numéro, éditeurs et auteurs du Magasin du xixe siècle se sont livrés à un savant et vertigineux jeu de miroirs. L’effet caverne d’Ali Baba annoncé par le titre de la revue trouve un écho dans la thématique du numéro et les textes qu’il convoque. Sur les rayonnages de cette boutique bien achalandée, point de bibelots encombrants, mais des articles substantiels et des ressources de première main issues d’un important travail de dépouillement et de sélection. Les illustrations, les citations sur les choses (florilège) et sur le programme agrégatif de l’année universitaire 2012-2013 (Proverbes de Musset) nous mettent en contact direct avec le xixe siècle. La question des choses renvoie les dix-neuviémistes à l’un des ouvrages majeurs de la critique récente, l’ouvrage consacré à la collection que l’on doit à Dominique Pety, l’une des collaboratrices du numéro.

L’orientation de la revue traduit le renouveau de la critique engagé par la Société des Etudes romantiques depuis plusieurs années à travers des colloques et volumes collectifs de Romantisme qui se consacrent à des questions d’histoire culturelle telles que « la vie parisienne », « la réclame » ou « la pornographie ». De fait, les contributeurs de ce numéro consacré aux choses sont des littéraires et des historiens.

Penser les choses, apporter de la matière et redonner vie aux textes oubliés, procurer du plaisir aux lecteurs actuels : la verve et l’esprit sont bien là et des ponts jetés entre hier et aujourd’hui (interviews de Denis Podalydès et de Marcel Cohen). Un voyage à reculons est à l’ordre du jour et nous sommes introduits dans les intérieurs de différentes classes, qui convoquent une véritable sémiologie sociale de l’ordre et du désordre. Au plaisir du grand écart entre le xixe siècle et l’actualité contemporaine, au dépaysement produit par le voyage dans le temps s’ajoutent les surprises que révèle la rubrique consacrée aux archives — ainsi, l’appel des républicains aux Américains contre Napoléon III qui retentit dès 1853 semble, par une illusion rétrospective, annoncer les interventions des Américains au xxe siècle.

Les écrivains du xixe siècle portent déjà l’œil du sociologue sur le rapport de l’homme à l’objet. La question des objets est liée au versant matérialiste et bourgeois du dix-neuvième siècle, bien éloigné de l’idéalisme passionné, de l’évanescence consacrés par l’imagerie du romantisme. La focalisation sur la chose renvoie à la réification d’une société vouée à la consommation ; au goût des inventaires, qui correspondent à l’esprit encyclopédique de l’époque ; à la réalité du quotidien ou de l’histoire, que la chose soit objet (Balzac), produit (Privat d’Anglemont) ou petit fait vrai (Hugo).

Pourtant, l’objet inanimé n’est-il pas tenté de s’animer dans les contes fantastiques et jusque dans le cabinet du naturaliste ? La révélation de la malice des choses (Gravillon, puis Verlaine), les glissements catégoriels tendent à déréaliser la vision commune de l’objet. De même, sa valeur subjective prévaut lorsqu’il est souvenir. Il cristallise alors une expérience individuelle, se veut déclencheur d’anamnèse ou « médiateur d’imaginaire » (Henri Scepi).

Grâce à des rapprochements avec des courants contemporains — et notamment avec le Nouveau Roman —, les auteurs élargissent la portée du volume à la question générale de l’objet en littérature. Ainsi pratiquée, la critique littéraire est d’autant plus stimulante qu’elle divertit ; à travers les rubriques consacrées à l’actualité artistique et événementielle ou l’interview ayant pour objet la recherche en cours de Philippe Lejeune sur les journaux intimes (Brigitte Diaz), la critique dix‑neuviémiste s’enrichit, dialogique et vivante, d’une dimension proprement journalistique.