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Appels à contributions

"Langages littéraires et territorialités en Afrique"

Publié le par Université de Lausanne (Source : AKOA Amougui Pierre Roméo)

APPEL À CONTRIBUTION

Langages littéraires et territorialités en Afrique

Indications :

La territorialité, notion empruntée à l’éthologie animale et couramment exploitée en géographie (C. Rafestin, 1986 ; G. Di Méo, 1991 ; M. Lussault, 2007 ; M. Bédard, 2017), interroge les rapports de l’être au territoire. R. Lajarge propose qu’elle est « une modalité d’action par laquelle les individus composent collectivement un bien commun et l’éprouvent, par les relations qu’ils entretiennent ensemble avec l’extériorité, dans des modes de connaissances et de valorisation de l’espace qui leur sont propres et qu’ils partagent. » (2012 : 283). Cette modalité détient par ailleurs une forte signification symbolique et réaliste, conformément aux tenants identitaires et socio-politiques des groupes humains dans un système social. Des recherches sociographiques et géolittéraires se sont attardées spécifiquement sur cette dimension (P. Diandue, 2005 ; B. Westphal, 2007 ; M. Collot, 2014). S’agissant particulièrement de l’Afrique des chercheurs ont exploré le traitement de l’espace et du territoire africains tel qu’effectué depuis quelques décennies (F. Paravy, 1999 ; C. Albert, M-R. Abomo-Maurin, X. Garnier, G. Prignitz, 2011 ; P. Gomez, 2013). Nous envisageons la territorialité comme un système existentiel, une structure textuelle animée et édifiée se rattachant aux propriétés sensibles et concrètes de l’écoumène.

Le retour sur les formulations littéraires des territorialités voudrait que l’on questionne la création et la réception des rapports hommes-milieux, tels qu’ils pensent l’Afrique contemporaine chargée de vertus et d’apories. En sa dimension performative ou de discours structurant, le langage littéraire renvoie à l’explicitation et à la description spécifique de l’espace, pris comme marqueur culturel, de pouvoir et de territoire d’action. Il exprime également ses préoccupations en exposant ses sujets, eu égard à l’attribut socioterritorial de l’être et de la façon de vivre l’espace. L’on pourra ainsi mettre au jour quelques phénomènes sociaux et leurs enjeux multiformes à travers les récits de l’aire francophone. Dès lors, s’instaure la nécessité d’en explorer les formes d’expression au travers des genres littéraires tels que les romans et les nouvelles, les textes (néo)oraux narratifs, les chroniques, les notes/récits de voyages, les illustrations littéraires. On ne peut manquer de convoquer dans ce cadre les stratégies d’analyse : sémiotique spatiale, sociopoétique, géocritique et écopoétique qui peuvent les accompagner.

Ce vaste chantier doit en outre tenir compte du caractère réaliste d’un corpus littéraire (littératures factuelles) impliquant une référentialité subséquente ; celle qui se rapproche de la société en tant que « ressource cognitive et […] modèle d’énonciation » (Lassave, 2002 : 37). Le dessein, dès lors, consiste à formuler les définitions des formes de territorialités découlant de ces langages littéraires. De ce fait, l’espace, en tant que lieu pratiqué et dispositions rationnalisées se constitue en outil de jauge et d’interprétation des températures, des contours et couleurs qu’offrent les écrits quand ils convoquent des modes de représentation et de stylisation. Les langages littéraires systémiques, organisés et connotés – esthétiques des polyphonies et polysémies d’un aspect du savoir – poursuivent l’entreprise de sémantisation des espaces littéraires et de représentation des territoires et environnements afin d’accéder aux vérités d’un espace-temps des sociétés africaines mouvantes.

Les réflexions pourront donc feuilleter une thématique dont les approches variées rendent compte de l’usage des espaces et du management des sociétés en rapport avec les politiques de territoires.  

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Références bibliographiques

Albert Christiane ; Garnier, Xavier ; Abomo-Maurin, Marie-Rose ; Chemain, Roger et Prignitz, Gisèle, 2011, Littératures africaines et territoires, Paris, Karthala.

Bédard, Mario, 2017, « Les vertus identitaire, relationnelle et heuristique de la territorialité. D’une conception culturelle à une conceptualisation tripartite », in Cybergeo : European Journal of Geographie, Espace, Société, Territoire, Document 838.

Collot, Michel, 2014, Pour une géographie littéraire, Paris, José Corti.

Di Méo, Guy, 1991, L’Homme, la Société, l’Espace, Paris, Armand Colin.

Diandué Bi Kacou, Parfait, 2005, Topolectes 1, Paris, Publibook.

Gomez, Pierre, 2013, Territoire, mythe, représentation dans la littérature gambienne, Paris, L’Harmattan.

Lajarge, Romain, 2012, Territorialité en développement. Contribution aux sciences territoriales, HDR, Tome 1, Grenoble, Université Joseph Fourier.

Lassave, Pierre, 2002, Sciences sociales et littérature. Concurrence, complémentarité, interférences, Paris, Presses Universitaires de France.

Lussault, Michel, 2007, L’Homme spatial. La construction sociale de l’espace humain. Paris, Seuil.

Paravy, Florence, 1999, L’Espace dans le roman francophone africain (1970-1990), Paris, L’Harmattan.

Rafestin, Claude, 1986, « Territorialité : concept ou Paradigme de la géographie sociale », in Geographica Helvetica, no2, pp.91-96.

Westphal, Bertrand, 2007, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Minuit.

Axes de réflexion 

1 – Langue, langage et stylisation du sens

  • Les identifiants linguistiques de la territorialisation,  
  • La personnification du territoire,
  • La rhétorique de l’espace dysphorique et euphorique,
  • Les figures/faces des souverains-métaphores des pays,
  • Les langages des idées et des actions territoriales,
  • Écritures/langages des territoires en langues africaines,
  • Les fictions ou constructions/langages des territoires rêvés (les langages de l’utopie),
  • Territoires de langages/langues : interlangages, interespaces et intergenre,
  • Linéarisation de l’espace paratextuel/textuel (cartes et cadastrages sur les couvertures et dans le texte),
  • Données linguistiques des langages littéraires et contextes sociaux.

2 – Égopoétiques africaines 

  • Le moi territorial et sa caricature,
  • La poétique de la complaisance territoriale (État narcissique et arrogant),
  • L’attachement aux espaces urbain/naturel/rural (le caractère et le lieu),
  • La personnalité de la nation ou d’un État,
  • Créativité littéraire : genre local et du Moi,
  • Les littératures de l’autochtonie,
  • Identité et (de l’) imaginaire territorial,
  • Mémoires spatiales et création des pathotopes,
  • Poétique de l’appartenance à un espace,
  • Les visages de la notion d’étranger,
  • L’identité territoriale : les toponymes et culturèmes spatiaux,
  • Afropolitantisme et discours de soi.  

3 – Territoires et milieux humains

  • Les milieux de développement et développement des territoires,
  • Espace naturel, sociétés et cultures contemporaines,
  • Territoires et organisation culturelles et des collectivités,
  • Les lieux patrimoniaux (marqueurs historiques de l’espace-mémoire),
  • Les mythologies nationales,
  • L’attractivité du lieu,
  • L’espace habité et l’espace habitant (habiter un espace et être habité par lui),
  • Variations climatiques : l’acclimatation et l’adaptation,
  • Représentations de l’habitat et l’habiter précaires,
  • Fragmentation spatiale et fragmentation sociale,
  • L’effet de l’environnement sur les projets, tempéraments, mœurs et aptitudes,
  • Atopie, topomorphose des espaces d’un récit,
  • Sociotopie littéraire des lieux touristiques.

4 – Géocritique du mouvement

  • Le fixe, l’isolement et les translations,
  • La représentation des personnages instables,
  • La question migratoire et ses paradoxes actuels (de l’extérieur vers l’Afrique),
  • Invasions, refoulement, exil et déportations,
  • L’écriture des frontières et des circulations transfrontalières,
  • Nomadisme, sédentarité et contribution au développement,
  • La quête identitaire dans l’Ailleurs,
  • Culturalisme interspatial ou les translations des expériences,
  • Politiques et expressions de la traversée,
  • Le voyage astral.

 

5 – Le territorialisme en littérature 

  • Conflits autour des espaces et défense du territoire,
  • Annexions, conquêtes, conflits fonciers et ingérences,
  • Géostratégies et géopolitiques à travers les récits littéraires (guerres impérialistes, d’invasion et d’exportation),
  • Les territoires tempétueux et de pouvoir,
  • L’effet de proximité et de clivage,
  • Inter-espace et intersection de l’imaginaire,
  • L’extraterritorialité,
  • Les topiques de l’instabilité et de l’insécurité,

Les propositions sous forme de résumé (300 mots) ainsi que les noms et prénoms, l’institution et l’e-mail de l’auteur sont attendus. Bien vouloir indiquer l’axe choisi avant le titre de la proposition. L’auteur peut proposer deux titres, leurs résumés et leurs mots-clés. Une brève notice biobibliographique de l’auteur doit apparaitre à la fin du document. 

Calendrier

  • 30 avril 2020 : date limite de réception des propositions ;
  • 30 mai 2020 : notification aux auteurs ;
  • 30 septembre 2020 : réception des articles rédigés ;
  • décembre 2020 retour aux auteurs pour corrections éventuelles ;
  • avril 2021 : publication.

Comité scientifique

Pr Abada Medjo Jean-Claude (Université de Maroua)

Pr Abomo-Maurin Marie-Rose (Université de Yaoundé I)

Pr Ambassa Fils Bernard (Université de Maroua)

Pr Belibi Alexis (Université de Yaoundé I)

Pr Dili Palaï Clément (Université de Maroua)

Pr Fandio Pierre (Université de Buea)

Pr Maëline Le Lay (Université de Paris-XIII)

Pr Mbaye Diouf (Université McGill)

Pr Tourneux Henry (CNRS/LLACAN)

Pr Zouyane Gilbert (Université de Ngaoundéré)

La coordination

Pr Amabiamina Flora (Université de Douala)

Dr Akoa Amougui Pierre Roméo (Université de Maroua)

Soumission de propositions aux adresses suivantes 

floraamabiamina@yahoo.fr,  akoaamougui@yahoo.fr