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La tragédie et ses marges. Penser le théâtre sérieux en Europe (XVIe-XVIIe siècle)

La tragédie et ses marges. Penser le théâtre sérieux en Europe (XVIe-XVIIe siècle)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Anne Teulade)

La tragédie et ses marges

Penser le théâtre sérieux en Europe (XVIe-XVIIe siècle)

Florence d'Artois (Université Paris-Sorbonne) et Anne Teulade (Université de Nantes, IUF)

 

Nous proposons de réfléchir sur les diverses formes du théâtre sérieux dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles. S’il est évident qu’il n’existe pas en Europe un modèle unique de tragédie, nous ne souhaitons pas aborder directement la question de ses réalisations variées et de ses différentes théorisations, explicites ou implicites. Il s’agirait de déplacer la question en interrogeant les infléchissements de la tragédie par des sujets qui en modifient le sens, ainsi que les genres qui s’élaborent à côté d’elle tout en présentant une parenté avec son fonctionnement, ses effets ou ses sujets. Nous pensons par exemple aux pièces à matière religieuse ou portant sur l’histoire contemporaine, aux pièces à fable mythique, aux formes allégoriques, aux tragi-comédies à sujet politique, etc.

Nous tenterons de comprendre comment ces réalisations alternatives au modèle dominant de la tragédie (néo-aristotélicienne ou non), s’écrivent et se pensent quand le champ théâtral est encore polarisé par l’idée que la tragédie constitue le genre dramatique noble par excellence. Ces investigations devraient faire émerger, sinon un impensé de la théorie théâtrale de la première modernité, du moins des pratiques et des poétiques qui trouvent difficilement asile dans les traités. La pensée de ces genres est souvent énoncée de manière subreptice ou oblique, voire même rendue impossible par l’usage bien commode de l’étiquette générique « tragédie », utilisée à des fins promotionnelles, mais qui obère souvent une réalité esthétique plus complexe.

Ce projet recèle un enjeu double. D’une part il pose une question d’ordre épistémologique, sur la manière dont nous pouvons saisir et penser des formes auxquelles ne sont pas associées des normes d’écriture explicites. Quels sont les lieux et les degrés de théorisation possibles ? Comment s’écrit une poétique de la marge ? Cette première dimension interroge autant notre travail critique que les stratégies mises en place par les dramaturges. D’autre part, ce projet vise un recensement aussi représentatif que possible de la variété des formes dramatiques de cette époque, afin de revisiter les usages du théâtre sérieux. Quelle est la place dévolue au théâtre didactique ? Quels types d’émotions sont engagés par les fictions à sujet grave ? Le décryptage allégorique est-il mobilisé de la même manière dans ces pièces modernes que dans les moralités médiévales ? Dans quelle mesure peut-on parler de « drame » épique à cette époque ? Ces questionnements devraient nous permettre d’envisager à nouveaux frais la pensée et le rôle du théâtre sérieux dans l’Europe de la première modernité.

Le séminaire, conçu en deux volets (février-juin 2014 et septembre-décembre 2014), permettra de délimiter le champ de la réflexion dans la perspective d’un colloque qui se tiendra au printemps 2015 à l’université de Nantes.

L'entrée est libre.

 

Programme du premier volet  

(les séances auront lieu à Institut d'Études Ibériques, 31 rue Gay Lussac, 3e étage, salle Serrano, le samedi de 10h à 12h)

 

8 Février 2014, Enrica Zanin (Université de Strasbourg), « La tragédie de fin heureuse, ou comment une forme aristotélicienne est rejetée par les néo-aristotéliciens (Italie, France, Espagne) »

 

8 Mars 2014, Mercedes Blanco (Université Paris-Sorbonne),  « Le personnage ‘historique’ et le genre sérieux au théâtre (Espagne) »

 

22 Mars 2014, Christophe Couderc (Université Paris Ouest Nanterre). « Quelques observations sur la notion de tragicomedia »

 

5 Avril 2014, Bénédicte Louvat (Université Montpellier 3 /IUF), « Deux moments de refondation du genre en France : la tragédie des années 1630 et la tragédie en musique des années 1670 »

 

17 Mai 2014, Christine Sukic (Université de Reims), « Les tragédies à sujet français de George Chapman : “naturall fictions” ? »

 

7 Juin 2014, François Lecercle (Université Paris-Sorbonne), « La pythonisse d'Endor aux marges de la tragédie ».