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La reconnaissance dramatique

La reconnaissance dramatique

Publié le par Thomas Parisot (Source : Lise Michel)

La reconnaissance au théâtre, définie comme le « renversement qui fait passer de l'ignorance à la connaissance » (anagnorisis), accompagnée d'un coup de théâtre, est, pour Aristote, la partie la plus séduisante de la tragédie. Elle est aussi le moyen le plus efficace pour créer l'effet tragique, lorsque « dérivant des faits eux-mêmes », elle provoque néanmoins la surprise. La reconnaissance dramatique met en effet en jeu ce qui est à la fois connu, car présent dans le drame, et inconnu, car non formalisé. C'est cette dialectique que nous proposons d'interroger, aussi bien dans les formes de théâtre où la constance et l'identité du personnage sont des présupposés de la dramaturgie, que dans celles où, précisément, elles en constituent un enjeu.

Dans l'esthétique classique, la question de l'agnition semble se poser essentiellement en termes d'acheminements de l'action.  Oscillant entre le dévoilement d'une identité préalablement connue et la révélation d'une identité ignorée, comment la reconnaissance joue-t-elle de tous les décalages possibles d'informations entre les personnages, ou entre personnages et spectateurs ? Procédé de résolution d'un obstacle ou aboutissement d'un processus dramatique de dévoilement, comment entre-t-elle comme moyen de la mécanique du drame, et en vue de quel effet ? 

Lorsque l'identité du personnage est un enjeu, voire lorsque la dramaturgie met en question le principe d'identité, c'est la possibilité même d'une reconnaissance qui doit être interrogée. Poser la question de la reconnaissance dans le théâtre contemporain implique de retrouver les contours d'une identité qui puisse soutenir le principe de la révélation. Quel constituant minimum du personnage est nécessaire et suffisant pour susciter une forme de reconnaissance ? Un théâtre qui travaille le personnage comme une voix à l'émetteur difficilement identifiable propose-t-il encore cet effet ? La reconnaissance inscrite au sein du drame s'élargit peut-être à la salle en proposant au spectateur une posture spécifique.

Nous proposons notamment les axes de réflexion suivants, dans une perspective diachronique :

- Nature de la reconnaissance : découverte d'une identité méconnue,  authentification d'une vérité ignorée, redécouverte d'une identité préalablement connue, .../ Quelle est la « méconnaissance » préalable ? / De la reconnaissance comme révélation à la reconnaissance comme authentification,  comme gratitude ou comme acceptation d'une filiation : lien éventuel entre les différents sens  du terme.
- Mécanisme de la reconnaissance : induction du personnage ou du spectateur, révélation, .../ Analogies et décalages entre la reconnaissance chez les personnages et la reconnaissance chez le spectateur / Structure interne de la reconnaissance : temporelle, spatiale, forme dialogique ou monologique / Les preuves de la reconnaissance : lettre, arrivée inopinée, signes, .../ Rôle des didascalies / Outils scéniques.
- Utilisation dramatique de la reconnaissance : fonction de la reconnaissance : dénouement, obstacle, rebondissement, ... / localisation de la reconnaissance au sein du drame / Lien entre les formes de reconnaissance et les genres dramatiques auxquels elles appartiennent / Efficacité de la scène de reconnaissance.

Le colloque se tiendra à l'Université d'Artois, à Arras, les 7 et 8 avril 2005.
Les propositions de communication (1 page) sont à envoyer à francoise.heulot@voila.fr
ou à lise.michel5@wanadoo.fr, avant le 7 octobre 2004.