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La question de la propriété dans la philosophie politique de Rousseau : sources, théorie et réception

La question de la propriété dans la philosophie politique de Rousseau : sources, théorie et réception

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Tanguy L'Aminot)

Centre d’étude de la langue et de la littérature françaises des XVIIe et XVIIIe siècles.

Université de Paris-Sorbonne. C.N.R.S. U.M.R. 8599

 

Journée d’étude organisée par Catherine Labro

dans le cadre de l’équipe J.-J. Rousseau,

le samedi 23 mars 2013,

en collaboration avec Yves Charles Zarka (Sorbonne, Université Paris-Descartes, PHILéPOL)

et l'Institut d'études avancées sur la culture européenne de l'Université Jiaotong de Shanghai

PROGRAMME

Première partie

La question de la propriété dans la philosophie politique de Rousseau : sources, théorie et réception

« La véritable grandeur n’est pas de s’émouvoir sans un grand motif, mais de trouver un motif de querelle dans un arpent de terre quand l’honneur est en jeu. » Shakespeare, Hamlet, (acte IV, scène IV)

La tension entre J-J. Rousseau penseur politique et J.-J. Rousseau homme de lettres est depuis les années 1980, du moins, dépassée au sein de la critique philosophique. Le texte de Victor Goldschmidt : Anthropologie et politique. Les principes du système de Rousseau, ne se contente pas seulement de saluer le travail de recherches de Jean Morel sur les sources du Discours sur l’inégalité paru, en 1909, dans les Annales de la société J.-J. Rousseau. On y trouve renouvelée une interprétation du premier Discours qu’il doit à l’attention portée à ce fragment rousseauiste : « Idée de la méthode dans la composition d’un livre » publié la première fois en 1884 dans le Portefeuille de Mme Dupin (…) par le Comte de Villeneuve-Guibert. Michel Launay, précurseur et initiateur en ce domaine, fut le premier à souligner, lors des journées d’études dijonnaises de 1962, l’intérêt de ce petit texte méthodologique pour comprendre l’art de l’écrivain dans le Contrat Social. Le plan du grand texte politique de Rousseau, observe-t-il, « suit les règles qu’il formulait dans son Idée de la méthode dans la composition d’un livre : il faut s’élever sans cesse jusqu’au dernier instant », tout en allant du droit au fait. Le Contrat social, tout comme les deux Discours, se veut résolument hypothético-déductif et entend procéder démonstrativement à partir de définitions et d’axiomes plutôt qu’inductivement en s’appuyant seulement sur de simples vérités pratiques ou historiques. Si Victor Goldschmidt ne partage pas cette lecture méthodologique en ce qui concerne les deux Discours, il n’en rend pas moins un hommage à la critique littéraire et érudite rousseauiste qui l’a précédé par son interprétation renouvelée des sources qu’elle a su mettre en lumière. Il estime, en revanche, impraticable une méthode plus synthétique « qui joindrait, aux écrits philosophiques, les écrits scientifiques, littéraires, autobiographiques. » Et cependant tant qu’Ernst Cassirer n’a pas entrepris dans son Problème Jean-Jacques Rousseau ce « vigoureux effort de synthèse », la chance était à peu près nulle de voir réconciliés, au sein de la critique rousseauiste du temps à forte charge polémique, l’homme de lettres et le politique en Rousseau.

Que l’effort de totalisation fasse partie intégrante du travail d’interprétation de l’œuvre de Rousseau se voit renforcé par cet exemple de philosophie politique remarquable que constitue, pour notre XXIème siècle, Les Origines du totalitarisme. Hannah Arendt a su discerner, à peine amorcés les effets pervers des traumatismes générés par la seconde guerre mondiale, les dangers que pouvait représenter, pour les nouvelles générations, ce jeu malsain au sein du monde intellectuel du moment consistant à rejeter sur tel ou tel auteur ou courant d’idées de la tradition l’entière responsabilité des totalitarismes du temps. De même, nous pensons que toute tentative trop systématique de réduction de l’œuvre de Rousseau dans son aspect politique ou autobiographique au domaine juridique, analytique ou stylistique pour qu’elle aille son chemin parmi les nouvelles générations selon une représentation donnée lisse et uniforme, nuit grandement à leur devenir respectif. Il convient, afin de pallier ce déficit au sein de la critique rousseauiste, de redonner sa place tant à l’autobiographie qu’à sa philosophie morale ou politique. Or n’y a-t-il pas de thématique rousseauiste plus apte à ce recentrement que celle de la propriété ? Cette notion essentielle de son système devient vite confuse quand elle est envisagée du point de vue exclusif de ses sources diverses et fortement polémique quand elle est abordée sous l’angle unique de sa stratégie rhétorique pré-révolutionnaire mettant en jeu le problème de l’égalité civile. Aussi ne gagnera-t-on pas en clarté et en sérénité à élargir son champ d’investigation ? C’est à ce travail d’ouverture que nous invitons ici en indiquant deux voies : d’un côté, une réflexion sur les sources de la notion de propriété chez Rousseau en interaction avec les axiomes, les définitions, les buts et les aspirations de sa philosophie morale ou politique, de l’autre un questionnement sur la théorie de la propriété rousseauiste tant dans son œuvre totale, politique et autobiographique, que dans les œuvres politiques et romanesques ultérieures de la tradition qui s’en sont inspirées. Ce faisant, nous entendons rester fidèle à l’esprit du rousseauisme fait de résistance à l’intérêt boutiquier en exigeant dans les strictes limites de son savoir, tout au moins : « qu’on ne laisse aucune terre en friche (…) et qu’on ne laisse se flétrir aucun des dons de l’esprit. »

Catherine Labro

Université de Paris-Sorbonne. Salle G366 (escalier G, 2e étage)

9h : Accueil et ouverture par Catherine Labro et Tanguy L’Aminot.

Matinée : Présidence : Tanguy L’Aminot

Perspectives philosophiques et économiques

9h10-9h50  

Myriam Giargia : Rousseau : propriété et stratégie sceptique.

9h50-10h30

Guo Shuobo : Sur les questions du droit de propriété chez Rousseau.

10h30-10h50 PAUSE

10h50-11h30

Claire Pignol : Propriété, échange et accumulation : comment un économiste peut-il lire Rousseau ?

11h30- 12h10

Yves Vargas : La propriété, imposture et droit sacré.

Après-midi : Présidence : Catherine Labro

Perspectives sociopolitiques et littéraires

14h00-14h40

Stéphane Corbin : Rousseau, la propriété et l’origine du mal.

14h40-15h20

Tanguy L’Aminot : Propriété, vol et nomadisme chez Rousseau.

15h20-15h 40 PAUSE

15h40-16h 20

Maurice Schuhmann : Une critique stirnérienne de la conception de la propriété chez Jean-Jacques Rousseau.

16h 20-17h00

Christophe Van-Stæn : Le mythe de l’originalité : sources de Rousseau dans le second Discours.

La salle G366 est située au 2e étage de l’escalier G. Il faut pousser la porte de l’Institut anglo-américain face à la porte de l’ascenseur et c’est la salle tout de suite à gauche.

Université de Paris-Sorbonne, 1 rue Victor Cousin, 75005 Paris