Après les fêtes du surréalisme et de la Résistance, l’après-guerre est considéré pour la poésie comme un moment creux ; dans l'historiographie littéraire, elle n’a guère donné lieu à des études d’ensemble. Le nouvel essai de Michel Murat, sobrement intitulé La Poésie de l’après-guerre. 1945-1960 (Jose Corti) se concentre sur ce qui en son temps a fait événement, et sur ce qui a été déterminant pour la suite de l’histoire. Un état des lieux de l’après-guerre, d'abord : interventions critiques, organisation du champ autour de Paulhan, figures d’une poésie existentielle (Guillevic, Follain, Jaccottet), essais de restauration (Bonnefoy). La partie centrale est consacrée à l’émergence d’une parole poétique indigène, rendue visible en 1948 par l’anthologie de Senghor et la préface de Sartre ; elle confronte trois poètes en les situant dans cette histoire de l’Empire finissant, Senghor, Césaire et le malgache Jean-Joseph Rabearivelo. La dernière partie montre comment les cartes de la poésie française sont rebattues au tournant des années 1960. Elle met en regard le couronnement de Saint-John Perse ; la carrière de Ponge, poète critique s’identifiant à un nouveau Malherbe ; et la conversion d’Edmond Jabès, poète égyptien francophone devenu juif littéraire, emblème d’une théorie de la littérature.
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Publié le par Université de Lausanne