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La place du mort sur la scène théâtrale contemporaine

La place du mort sur la scène théâtrale contemporaine

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Carole Guidicelli)

La place du mort sur la scène théâtrale contemporaine


Journée d'études organisée par le laboratoire La Présence et l'image
(Equipe d'accueil EA 3208 Arts : pratiques et poétiques)
UNIVERSITE RENNES 2 – HAUTE BRETAGNE

Coordination scientifique : Carole Guidicelli et Didier Plassard


JEUDI 12 JUIN 2008
THEATRE NATIONAL DE BRETAGNE
RENNES




Dans Le Fantôme ou le théâtre qui doute, Monique Borie, prenant l'exemple de Jean Genet, souligne « cet étrange retour dans le discours contemporain du rapport sans cesse réaffirmé du théâtre aux territoires de la mort et à la figure du mort qui revient devant les vivants ». Si Les Paravents instaurent un dialogue avec les disparus, le comédien lui-même y a pour fonction de « faire revivre et remourir le mort » (Genet). Dans une société où la mort est forclose, prise en charge par des professionnels, la présence perturbatrice du mort sur la scène du théâtre engage les vivants : promesse de donner au défunt une sépulture, d'accomplir un rite, une vengeance, ou au contraire de reconstituer une famille, de rétablir une généalogie, de sortir de la misère en apprenant « à lire, à écrire et à penser » (W. Mouawad, Incendies).

Si la présence ou le retour du mort (comme cadavre, comme fantôme, comme voix…) ravive la mémoire intime et douloureuse des vivants, ils sont aussi parfois une façon de faire remonter à la surface le souvenir d'événements de portée collective : traces d'un passé innommable, d'une expérience ultime (dont Auschwitz constitue une forme de paradigme) qui rongent le présent et menacent le futur.

Face à cet irreprésentable, deux voies semblent se dessiner sur la scène théâtrale contemporaine : d'un côté, la sursémiotisation des corps morts, dérangeante, sinon obscène dans son exhibition du sang et des mutilations ; de l'autre le spectre, à la limite du visible et de l'invisible – celui-ci pouvant aussi prendre la forme de l'acteur-passeur tel que le définit Claude Régy, qui se vide de sa présence propre pour laisser le mort le hanter.

Réconciliation ou conjuration, deuil à accomplir ou devoir de mémoire, reconstruction d'une communauté ou sidération devant l'horreur : les questions que nous pose la place du mort dans la dramaturgie et la mise en scène contemporaines se déclinent en enjeux collectifs et individuels. Aussi – c'est du moins l'hypothèse que nous nous proposons d'explorer au cours de cette journée d'études – se construisent-ils au croisement des deux directions évoquées par Georges Banu dans Mémoires du théâtre : celle d'un théâtre de l'histoire (tourné vers le monde et la possibilité d'un avenir malgré tout) et celle d'un théâtre de la mémoire (tourné vers le cheminement intime du spectateur).


PROGRAMME


Jeudi 12 juin 2008
Théâtre National de Bretagne, Salle Guy Parigot
1, rue St-Hélier à Rennes
(Métro : Gare SNCF)

9h15 : Accueil des participants.

Président de séance : Didier PLASSARD (Rennes 2)

9h30 : Carole GUIDICELLI (Rennes 2) : Introduction.
10h00 : Monique BORIE (Paris 3) : Le théâtre comme dialogue avec les morts : Genet, Kantor, Régy.
11h00-12h00 : Entretien avec Claude Régy, metteur en scène.

12h00-13h30 : Pause déjeuner.


Président de séance : Gilles DECLERCQ (Paris 3)

13h30 : Stella SPRIET (Saskatoon, Canada / Paris 3) : Spécularité et spectralité sur la scène de Daniel Mesguich.
14h30 : Elisabeth ANGEL-PEREZ (Paris 4) : Le corps du mort ou l'avoir-lieu du vivant sur la scène anglaise contemporaine (Bond, Pinter, Barker).

15h30 : Pause.

16h00 : Stéphane HERVE (Rennes 2) : La résurgence des morts dans le théâtre de Gabily et de Pasolini.
17h00 : Sylvie CHALAYE (Paris 3) : La cérémonie théâtrale comme levée de corps dans les dramaturgies contemporaines des diasporas (Efoui, Kwahulé, Linyekula, Mouawad).
18h00 : Didier PLASSARD (Rennes 2) : Conclusions et clôture de la journée.