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La grosse TINA : Archéologie littéraire et artistique de l’indignation politique

La grosse TINA : Archéologie littéraire et artistique de l’indignation politique

Publié le par Claudia Bouliane

La grosse TINA : Archéologie littéraire et artistique de l’indignation politique

Samedi 25 août

Université du Québec à Montréal (UQAM)

Salle NT2 (Pavillon Maisonneuve, B-2300 au 405 Maisonneuve Est)

Dans le cadre de son programme d’activités 2012/2013, le CRIST (Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes) organise sa Cinquième Conférence inaugurale sous la forme d’une rencontre collective portant sur l’indignation politique. L’idée de base en est de rechercher et penser des oeuvres qui, dans la littérature et les arts, ont thématisé cette action de contestation de l’ordre et en ont étoilé le sens, effectuant ainsi un travail de sédimentation dont les mouvements actuels de revendication sont à la fois le prolongement et la réinvention concrète. 

Intervenants :

 

Marc Angenot (U. McGill)

Anne-Marie David (UdeM)

Sylvain David (U. Concordia)

Marion Froger (UdeM)

Bertrand Gervais (UQAM)

Geneviève Lafrance (UQAM)

Djemaa Maazouzi (UdeM/Lille 3)

Christiane Ndiaye (UdeM)

Olivier Parenteau (Cégep de Saint-Laurent)

Pierre Popovic (UdeM)

Régine Robin (UQAM)

Bernabé Wesley (UdeM/Montpellier)

 

 

 Entrée gratuite

 

 

         Les mouvements de contestation de la mainmise du néolibéralisme sur les esprits et sur la vie démocratique apparus sous diverses formes — révoltes et révolutions des «printemps arabes», occupations de lieux choisis («Occupy Wall Street»), mouvements sociaux («printemps érable»), manifestations de grande ampleur dans de nombreuses villes (Londres, Paris, Montréal, Madrid, Athènes,…) — ont été précédés ou accompagnés par des textes littéraires et par des oeuvres artistiques, dont il n’existe à l’heure actuelle aucun recensement complet et peu de ressaisies critiques. Durant cette journée, on tentera de présenter des lectures de quelques-uns de ces textes et de quelques-unes de ces oeuvres dans la perspective d’une sociocritique vouée par définition à tenter de comprendre les façons littéraires et artistiques de donner du sens à ce qui se passe. À côté de lectures de grands textes sur l’indignation politique (la lettre d’Olympe de Gouges contre l’arrestation des Girondins en juin 1793, l’indignation hugolienne face au coup d’état dans Napoléon le Petit, l’«Indignez-vous» de Stéphane Hessel traduit partout dans le monde), on retiendra des contributions portant sur des textes et des oeuvres produits depuis l’apparition de TINA.

         TINA n’a cessé de grossir depuis le début des années 1980 et a survécu sans peine à la disparition de sa créatrice, Margaret Thatcher. La grosse TINA tire son nom du principe tory majeur qui scella l’alliance du néolibéralisme et du conservatisme : «There Is No Alternative.» Cette alliance, on le sait douloureusement aujourd’hui, a débouché sur des formes nouvelles de guerre et de colonialisme, sur l’importation dans la vie civile des techniques de surveillance et des mesures sécuritaires utilisées dans les «guerres [dites] asymétriques», sur la militarisation des espaces urbains (phénomène d’urbicide étudié par Kanisha Goonwardena et Stefan Kipfer, militarisation des villes étudiée par Stephen Graham), sur le règne de l’économisme et du clientélisme dans les administrations de l’enseignement supérieur et de la culture, etc. Il importe aujourd’hui à la fois de montrer la profondeur historique et culturelle de tout ce qui, sous la bannière de l’indignation et de l’occupation des lieux, s’est opposé à l’idéologème qui porte nom TINA et de mettre en évidence les formes contemporaines de ce désaccord vital, dont il faut parfois craindre qu’il sera toujours à relancer. Tout en lisant des textes  et des oeuvres d’art (quelques noms et titres pour donner une idée : Montréal brûle-t’elle ? d’Hélène Monette,Disparaissez les ouvriers de Christine Thépénier et Jean-François Priester, l’apparemment sans aucun rapport Indignation de Philip Roth, les «Montreal Diaries» de la revue n + 1, des essais comme Hope in the Dark de Rebecca Solnit ou Occupying Language de Marina Sitrin, les oeuvres murales de Diego Rivera, des raps comme Bank$tEr d’Astram, etc. etc.), on ne négligera pas de soumettre à la critique les réflexes immédiats des idéologues néolibéraux et conservateurs, prompts à lier ces mouvements d’opposition à la délectation morose devant les souvenirs de leur propre jeunesse (retour des «hippies» ou du «lyrisme»), à les ramener à des réactions «émotives» ou «infantiles», à les associer (comme par hasard) à des actions terroristes (des années 60 ou 70 ou d’aujourd’hui), à les taxer de jeunisme, d’antidémocratisme, de communisme, de socialisme, de maoïsme, de boboïsme, d’utopisme en culottes courtes, etc. etc. ad libitum.

         La durée des interventions sera de quinze minutes afin de favoriser les échanges et les discussions.

 

Responsables scientifiques : Jean-François Chassay (UQAM)Anne-Marie David (UdeM),Sylvain David(U. Concordia)Geneviève Lafrance (UQAM).