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La démocratie à l'épreuve du conflit

La démocratie à l'épreuve du conflit

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Marie Goupy)

 

La démocratie à l’épreuve du conflit 

Journée d’étude du 29 novembre 2013

ENS de Lyon, Laboratoire Triangle UMR 5206, en partenariat avec le rectorat de Lyon

 

Invité d’honneur : Miguel Abensour

professeur émérite de philosophie politique à l'université Paris 7, Denis-Diderot

 

 

Organisateurs : Sébastien Roman, Marie Goupy – Laboratoire Triangle, ENS-Lyon.

 

Penser la place du conflit dans la démocratie constitue certainement l’un des enjeux majeurs de la pensée politique contemporaine. Au sein du paradigme libéral – devenu, dans la modernité, le modèle philosophique dominant – la prise en compte des potentialités conflictuelles des sociétés démocratiques s’est essentiellement exprimée sous la forme d’une réponse apportée à la reconnaissance du « fait du pluralisme ». Et il est certain que l’on ne peut plus partir aujourd’hui du constat que la société est une et homogène : l’hétérogénéité des valeurs ou le « fait du pluralisme » est indéniable. Sur ce fondement, et au nom du respect de la liberté individuelle, le libéralisme politique s’est donné pour ambition de permettre l’expression de toutes les voix discordantes, et inscrit un certain principe de conflictualité au cœur des sociétés démocratiques et de ses procédures discursives. Néanmoins, la conception libérale classique du conflit est à la fois négative et limitée. Négative puisque les divisions sociales, qui découlent de l’hétérogénéité des valeurs, sont essentiellement perçues comme un danger menaçant la stabilité et l’ordre démocratique. Limitée, surtout, par l’horizon même du conflit dans la théorie libérale qui exige son dépassement par l’exercice d’une rationalité discursive – contractuelle pour Rawls, post-métaphysique pour Habermas – dans une perspective consensualiste pleinement assumée.

La journée d’étude permettra d’interroger de manière approfondie la place et le rôle du conflit en démocratie, en abordant les questions suivantes :

1- Comment penser et définir le conflit ? Le conflit doit-il être restreint au domaine des valeurs ou des opinions ? Oppose-t-il irréductiblement des individus entre eux, ou faut-il le définir, en un sens néo ou post-marxiste, en termes de lutte des classes ? À moins que le conflit ne soit plutôt le moteur structurant de l’ensemble des rapports de pouvoir au sein de l’ordre social – impliquant de substituer au schème de la lutte des classes celui d’une microphysique du pouvoir ?

2- Quelle place accorder au conflit dans la démocratie ? Faut-il concevoir le conflit comme la simple conséquence du « fait du pluralisme » que la démocratie, sous sa forme libérale, prétend pouvoir surmonter ? Ou inversement, et à l’encontre de toute réduction de la démocratie à de simples procédures délibératives, ne faut-il pas l’inscrire au cœur même des sociétés démocratiques, pour le juger indépassable et en lui-même fécond ?

3- Enfin, le problème du maintien de l’ordre et de l’unité politique pourra conduire à s’interroger sur les limites de l’exercice du conflit en démocratie. Les situations de crise et de mise en péril de l’unité politique ne constituent-elles pas un pur et simple démenti aux théories cherchant à valoriser le rôle du conflit dans les démocraties ? Ou au contraire, repenser la place du conflit dans les démocraties invite-t-il à reposer le problème de l’unité politique autrement ? En définitive, jusqu’où peut-on, et dans quelles limites ou proportions, vouloir faire du conflit le principe de la vie politique pour permettre l’exercice d’une démocratie authentique ?

 

Programme

 

Matin (9h45-13h00) Le conflit : sa signification, ses motivations, sa fécondité

 

9h45-10h00. Accueil des participants

 

10h-10h15. Ouverture de la journée d’étude. Sébastien Roman et Marie Goupy

 

10h15-10h45. Marie Gaille-Nikodimov (chargée de recherche, CNRS / CERSES)

« Le désir de liberté est-il la matrice de la citoyenneté ? Retour sur la question de l'actualité machiavélienne. »

 

10h45-11h30. Christian Bouchindhomme (traducteur ; chargé de cours, Université Paris Dauphine)

« Pragmatique et vertus du conflit. »

 

11h30-11h45. Discussion. Pause.

 

11h45-12h30. Miguel Abensour (professeur émérite de philosophie politique à l'Université Paris 7, Denis-Diderot)

« La politique : l’ordre ou le lien ? »

 

12h30-13h00. Discussion-débat

 

Après-midi (14h30-17h00) Politique(s) du conflit, démocratie, et mouvements sociaux

 

14h30-15h00. Ninon Grangé (maître de Conférences, Université Paris 8)

« La guerre civile (mondiale?) et le dialogue Schmitt-Benjamin »

 

15h00-15h30. Jean-Christophe Angaut (maître de Conférences, ENS de Lyon)

« L'anarchisme est-il soluble dans la démocratie ? Approches du conflit chez Proudhon et Bakounine »

 

15H00-15h30. Discussion et pause

 

15H30-16h00. Alice Legoff (maître de Conférences, Université Paris Descartes)

« Démocratie et conflit : apport des travaux de Charles Tilly à la théorie démocratique. »

 

16h00-16h30. Pierre Sauvêtre (chargé de cours, Université Paris 8, Université Paris 13, IEP de Paris et professeur de lettres au collège)

« Vérités d'Etat en conflit et processus de (dé)-démocratisation. D'après Foucault. »

 

16h30-17h00. Discussion finale