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L’inscription du fait religieux dans les écrits personnels en France au XVIIe siècle

L’inscription du fait religieux dans les écrits personnels en France au XVIIe siècle

Publié le par Marc Escola (Source : Agnès Cousson)

Journées d’étude internationales 

L’inscription du fait religieux dans les écrits personnels en France au XVIIe siècle

3 décembre 2021 (Université de Bretagne occidentale)

et 20 mai 2022 (Université de Fribourg)

 

Si l’on sait la place du fait religieux dans les salons, où l’on traite des sujets en vogue, parmi lesquels les questions théologiques et les querelles religieuses, l’influence morale, rhétorique et stylistique des genres religieux institutionnels codifiés sur l’écriture des genres personnels a fait l’objet de peu d’analyses. De même, l’influence de ces sujets dans l’élaboration progressive d’une pensée propre, à une époque où l’expression de la singularité va croissant, mais non sans retenue, car contraire encore à la bienséance. Le succès des Oraisons funèbres de Bossuet, de la traduction par Robert Arnauld d’Andilly des Confessions de saint Augustin, la diffusion massive des Vies de saints témoignent de l’aura des textes religieux sur la scène mondaine. Aussi les échos aux genres de la confession, du sermon, de l’oraison et de l’hagiographie sont-ils nombreux dans les écrits profanes (lettres, mémoires, récits de vie, entretiens), dans la forme ou dans les thèmes. Ils nourrissent l’écriture du « je », qui se livre à une appropriation assumée ou implicite, inspirent le point de vue qui s’exprime, influencent la conscience et la connaissance de soi comme personne particulière.

Imitation de pratiques d’écriture, altérité et identité, c’est cette influence des modèles d’écrits religieux et des discussions qu’ils suscitent sur le style et l’intériorité du « je » que nous voudrions examiner dans la littérature personnelle du XVIIe siècle et celle de la première moitié du XVIIIe siècle. Comment le fait religieux, pris ici au sens large de culture religieuse, englobant les pratiques dévotionnelles et le contact avec les écrits spirituels anciens et modernes, oriente-t-il l’expression personnelle et permet-il au « je » de trouver sa voix, c’est-à-dire un style singulier, par une appropriation formelle et / ou intellectuelle du discours d’autrui ? Il s’agira aussi de définir les manifestations de la culture religieuse dans des écrits-témoignages situés dans les marges des écrits institutionnels / officiels, souvent négligés par l’histoire des religions, alors que la place du religieux dans les écrits institutionnels et les grands genres littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles a généré une bibliographie abondante, des travaux pionniers d’H. Bremond aux études plus récentes de P.  Chaunu, R. Armogathe, B. Beugnot.

La réflexion s’orientera autour de ces deux axes :

- rhétorique et poétique : cet axe privilégiera l’étude de l’intertextualité religieuse à l’œuvre dans les Mémoires, les lettres, et autres genres personnels. Les propositions pourront s’intéresser à l’inscription et au rôle du discours de l’autre, par essence public, dans le discours privé du « je ». On pourra également examiner la reprise de formes et de motifs empruntés à des livres de dévotion, des essais de morale, des sermons, et interroger les fonctions de ces rapports d’intertextualité, que ceux-ci aient une finalité esthétique, persuasive ou morale.

- l’altérité et l’intime : ce second axe s’intéressera à l’étude des représentations des pratiques et expériences religieuses telles qu’élaborées par les contemporains dans le cadre spécifique des écritures du for intérieur, aux rapprochements ou aux écarts entre les pratiques singulières du « je » et les dogmes définis par l’Église catholique. Les communications pourront étudier l’influence des débats théologiques et confessionnels sur la conception de la foi et les pratiques religieuses personnelles, leurs effets sur la vie sociale du sujet, amené à des prises de position publiques, ou sur l’intériorité affective, spirituelle, culturelle au sens large du « je ». On pense bien sûr aux conflits entre les jansénistes et les jésuites, entre les religions catholique et protestante en France et, plus généralement, aux relations entre le chrisitianisme et les autres religions.

La version écrite des textes sera demandée pour le courant de l’automne 2022 dans la perspective de la publication des actes des deux Journées d’étude.

Les contributions, d’une trentaine de lignes, sont attendues jusqu’au 20 septembre 2021, et sont à envoyer aux adresses suivantes :

agnes.cousson@univ-brest.fr

arnaud.wydler@unifr.ch

*

Comité d’organisation

Agnès Cousson, Centre d’Étude des Correspondances et des Journaux Intimes (CECJI) Université de Bretagne occidentale (Brest).

Arnaud Wydler, Université de Fribourg- Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.

Comité scientifique

Faith E. Beasley (Dartmouth College)

Sylvio de Franceschi (École Pratique des Hautes Études)

Simone de Reyff (Université de Fribourg) 

Nathalie Freidel (Wilfrid Laurier University)

Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

Anne Régent-Susini (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3).