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Appels à contributions
L'humour dans la littérature, les arts et la pédagogie

L'humour dans la littérature, les arts et la pédagogie

Publié le par Université de Lausanne (Source : Injazette Bouraoui)

Appel à contribution

L’humour dans la littérature, les arts et la pédagogie

Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités à Mahdia

16-17 avril 2020

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DESCRIPTION :

« Parce que rire est le propre de l’homme »

François Rabelais

La société moderne a plus que jamais besoin d’humour pour faire face aux différents défis géopolitiques, sociologiques, psychologiques et pédagogiques. « Cet art d’exister »[1] se détache et se rattache aux notions du rire et du comique selon les travaux qui s’y intéressent, sans pour autant avoir une acception claire et satisfaisante. S’inscrivant le plus souvent dans la constellation imprécise du rire et de ses différentes formes, l’humour représente une force significative de la société humaine. D’Homère à Deleuze en passant par Nietzche et Bergson, les philosophies antique et contemporaine ont valorisé le rire comme forme d’expression de l’ipséité et de l’altérité. Dans Les sens du rire et de l’humour, Daniel Sibony revient sur la position du rire : une position d’ambivalence, une sorte de « secousse de l’identité où l’on se perd et se retrouve », où l’on se confirme et se détache. La rupture provoquée par le rire est réfléchie, elle se moque de l’interdit social et politique et le subvertit pour délivrer l’humoriste. Le rire a ceci de particulier  qu’il « mobilise ou fait vibrer une coupure intérieure qui nous travaille entre l’intime et le social, le visible et le caché, la loi normale et la parole inspirée qui risque de la subvertir[2] »

Dans Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient, Freud avance que « l’essence de l’humour réside en ce fait qu’on s’épargne les affects auxquels la situation devrait donner lieu et qu’on se met au-dessus de telles manifestations affectives grâce à une plaisanterie[3] ». L’humour naîtrait ainsi d’un besoin de sociabilité, il est générateur de lien et participe d’une thérapie contre le conservatisme politique et religieux. L’humour déjoue donc le drame et se joue de l’autorité.

Dans la subversion, le rire est un symptôme : il déconstruit le paysage sociopolitique et libère du poids des dogmes. L’humour « ne se résigne pas, il défie [4]» et devient une véritable forme de résistance. L’humour noir ou engagé s’inscrit dans le rythme social et historique d’une époque, d’une collectivité qui a ses lieux, ses complexes et ses angoisses. La blague, la « nokta » ou la saillie a ceci d’exceptionnel qu’elle exprime une quête identitaire là où elle renverse le rapport d’oppression. Le mi-conteur, mi-chansonnier à la manière des « meddah » de l’entre-deux guerres incarne une véritable figure de résistance.

Néanmoins, ce rire sérieux et engagé s’est démocratisé en un rire trivial et décontracté. Les nouvelles démocraties ont donné une propulsion au comique, rendue possible grâce aux réseaux sociaux et aux plateaux télévisés. Le rire en devient banal, surmédiatisé et devenu objet de consommation. Il bouscule en un « fun » généralisé.  

Complexe l’humour l’est, sans doute, par la diversité de ses aspects, la variété de ses procédés et la richesse de ses supports verbaux (anecdote, chanson), écrits (presse, bande dessinée, publicité), vidéos et audios (film, spectacle, performance). Cette diversité des matériaux humoristiques constituent un espace privilégié pour le sociologue, le linguiste, le folkloriste, le politologue et surtout le pédagogue. Ne dit-on pas qu’une « leçon qui ne se termine pas par un rire est une leçon ratée » ?

 L’humour est en rapport immédiat avec l’enseignement, il dépend du caractère de l’enseignant et de sa personnalité et désigne une manière d'être, une image de marque ou de fabrique pédagogique. On connait tous, quelque part, un enseignant au contact facile dont l’à-propos et les mots d’esprit ne laissent personne indifférent. Nous-autres enseignants, nous nous rappelons encore telle situation « drôle » et plaisante.  L’humour dans une classe vient comme une promesse, il contribue à mieux comprendre et apaise là où les difficultés d’apprentissage, les problèmes ardus, les matières et les méthodes coincent et bloquent la compréhension. Il émanerait dans ce cas des supports eux-mêmes, un lapsus ou un jeu de mot involontaire, et ouvrerait la voie à d’autres apprentissage que le contexte n’a pas prévus.

Ce colloque privilégie les réflexions qui interrogent les axes suivants :

1)-Comment se forme et fonctionne l'humour dans les différents domaines : littérature, arts et médias.

2)-Variations sur le rire : du rire engagé au rire trivial

3)-L’humour en classe : une thérapie collective au service d’une pédagogie ouverte.

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Les propositions de communication, accompagnées d'un résumé de 10 lignes maximum, et d’une bibliographie sont à expédier conjointement par courriel, avant le 21 décembre 2019, aux adresses suivantes : colloque.iseah.mahdia@gmail.com et  injazettebouraoui@gmail.com

Les notifications concernant l'acceptation au colloque seront envoyées par les organisateurs le 4 janvier 2020

Les communications sont à envoyer le 15 février 2020 sur l’adresse suivante : colloque.iseah.mahdia@gmail.com

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Les frais de participation sont fixés à 150 euros pour les participants étrangers (3 nuitées seront prises en charge) et 150 dinars pour les participants tunisiens (une seule nuitée sera prise en charge

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[1] Robert Escarpit, L’humour, (1960), Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? »,1994.

[2]  Daniel Sibony, Les sens du rire et de l’humour, Paris, O. Jacob, 2010, p. 107.

[3] Sigmund Freud, Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient, Paris, Gallimard, 1988, p. 119

[4] Ibidem