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L'abjection dans la littérature et le cinéma de la francophonie (Congrès APFUCQ 2020, London, Ontario, Canada)

L'abjection dans la littérature et le cinéma de la francophonie (Congrès APFUCQ 2020, London, Ontario, Canada)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie Pascal)

Atelier 6, APFUCQ, Congrès des Sciences humaines (2020, London, Ontario, CANADA)

L’abjection dans la littérature et le cinéma de la francophonie

Correspondant à une réaction de dégoût face à un sujet, un objet ou une situation, la thématique de l’abjection joue un rôle de grande importance dans maintes œuvres littéraires et artistiques des XXe et XXIe siècles. La première discipline à s’y être penchée est la sociologie, dont l’un des piliers est le penseur G. Bataille (1957) pour qui elle est un lieu symbolique situé à l’opposé de la vie. Ses textes successifs distinguent différents sèmes abjects dont le plus important est la mort, apparentée à un « naufrage dans le nauséeux » (1949 ; p. 70). De son côté, M. Douglas (1966) s’interroge sur l’idée de limite et décrit différents rites de purification. Elle fait par ailleurs remarquer que l’irruption de l’abjection met en péril l’ordre social tout en impliquant un châtiment pour qui en est l’origine. Ces réflexions invitent à penser l’abjection comme intrinsèque à toute société humaine et ce, malgré les entreprises de purification. En parallèle, à l’instar de J. Kristeva et de D. Anzieu, la psychologie repense cette problématique qu’elle considère être à la base de toute l’expérience sensorielle et psychologique de l’être humain. Reprenant la symbolique du cadavre, J. Kristeva explique par exemple que ce dernier est « la mort infestant la vie (…) un rejeté dont on ne se sépare pas » (1980 ; p. 12). Par réfraction, la chute dans l’abjection est alors susceptible d’être celle de l’entité qui lit ou regarde l’œuvre où elle se déploie. Finalement, le concept du « moi-peau » de D. Anzieu (1973 ; 1994) permet de repenser les frontières entre l’humain et ce qui l’entoure, en traitant des phénomènes aussi variés que la porosité de la peau, les relations de parasitage et l’animalisation.

En tenant compte du postulat de Bataille comme quoi « le ressort de l’activité humaine est généralement le désir d’atteindre un point le plus éloigné du domaine funèbre (que distinguent le pourri, le sale, l’impur) » (1979, p. 212), il s’agira dans cet atelier d’expliquer la fascination partagée par les artistes contemporains pour la thématique de l’abjection. Pourquoi une telle attirance pour des représentations et réflexions abjectes alors qu’elles déstabilisent l’identité de celui qui lit, qui regarde ? Le corpus étudié comprendra toute œuvre (littéraire, filmique, picturale ou hybride) de la francophonie qui exploite la thématique de l’abjection, y réfléchit ou s’y oppose explicitement. Il ne s’agira pas de rendre compte des théories susmentionnées ou de proposer de nouvelles approches théoriques mais bien de mettre en regard et d’expliquer des pratiques artistiques considérées abjectes.

Dans cet atelier, nous désirons appréhender les différents visages de l’abjection tels qu’ils apparaissent dans les arts francophones. Ci-dessous, une liste non exhaustive de pistes possibles :

Thématiques et descriptions abjectes ;

Représentations abjectes au cinéma ou en peinture ;

L’abjection entre texte et image (son) ;

La sociologie de l’abjection appliquée aux arts ;

Pouvoirs de l’horreur et les arts ;

Marges, purification, parasitage, animalisation ;

Expérience(s) de l’abjection en tant que lecteur/spectateur ;

L’abjection comme matière à créer

Nous accueillons les propositions de communication venant de chercheurs confirmés, de jeunes chercheurs ou de doctorants, et considérerons toute proposition d’analyse portant sur un corpus francophone.

Les propositions (250-300 mots) sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2019 à l’adresse courriel marie.pascal@mail.utoronto.ca

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2020 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2020 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 10 avril 2020 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme.

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2020. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC) en personne, même dans le cas d’une collaboration.

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Bibliographie sélective

Anzieu, Didier. « Le Moi-peau ». 1973. Nouvelle Revue de psychanalyse, n° 9, p. 195-208.

Anzieu, Didier. Le penser, du moi peau au moi pensant. 1994. Paris : Dunod.

Arya, Rina. Abjection and Representation. An exploration of Abjection in the Visual Arts, Film and Literature. 2014. New York : Palgrave Macmillan.

Bataille, Georges. « L’abjection et les formes misérables » (1934), Œuvres complètes. Volume II : Écrits posthumes 1922-1940. 1970. Paris : Gallimard, p. 217-221.

Bataille, Georges. « Attraction et répulsion II. La structure sociale » (février 1938), Le Collège de sociologie. 1979. Paris : Gallimard, p. 208-231.

Bataille, Georges. « La Part maudite » (1949, Edition de Minuit), Œuvres complètes. Volume VII. 1976. Paris : Gallimard, p. 17-179.

Bataille, Georges. « La littérature et le mal » (1957, Gallimard), Œuvres Complètes. Volume IX. 1979. Paris : Gallimard, p. 171-316.

Caillois, Roger. « Sociologie du bourreau » (février 1939), Le Collège de sociologie. 1979. Paris : Gallimard, p. 394-420.

Carol, Anne ; Isabelle Renaudet (dir.). La Mort à l’œuvre – Usages et représentations du cadavre dans l’art. 2013. Aix-Marseille : Presses Universitaires de Provence.

Chanter, Tina. The Picture of Abjection – Film, Fetish, and the Nature of Difference. 2008. Bloomington : Indiana University Press.

Damlé, Amaleena ; Aurélie L’Hostis (dir.). The Beautiful and the Monstruous – Essays in French Literature, Thought and Culture. 2010. Modern French Identities, n° 87, Bern : Peter Lang.

Derrida, Jacques. « L’animal que donc je suis (à suivre) ». L’Animal autobiographique. Autour de Jacques Derrida. (dir.) Marie-Louise Mallet. 1999. Paris : Galilée, p. 251-302.

Douglas, Mary. Purity and Danger. An Analysis of Concepts of Pollution and Taboo. 1966. Londres : Routledge and Kegan Paul.

Durkheim, Émile. Le Suicide – Étude de sociologie. (1897, Félix Alcan) 1930. Paris : Alcan.

Kristeva, Julia. Pouvoirs de l’horreur – Essais sur l’abjection. 1980. Paris : Seuil.

Kristeva, Julia. Soleil noir. Dépression et mélancolie. 1987. Paris : Gallimard.

Maertens, Jean-Thierry. Le Jeu du mort. Essai d’anthropologie des inscriptions du cadavre. 1979. Paris : Aubier Montaigne.

Menninghaus, Winfried. Disgust. The Theory and History of a Strong Sensation. 2003. New York : State University of New York Press.

Payne, Mark. The Animal Part – Human and Other Animals in the Poetic Imagination. 2010. Chicago : The University of Chicago Press.

Serres, Michel. Le Parasite. 1980. Paris : Bernard Grasset.

Spencer, James ; Marjorie Grene. Laughing and crying – A Study of the Limits of Human Behavior. 1970. Evanston : Northwestern University Press.