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Suzanne Comhaire-Sylvain, regards croisés sur une femme, une écrivaine, une linguiste, une anthropologue (Port-au-Prince/New York)

Suzanne Comhaire-Sylvain, regards croisés sur une femme, une écrivaine, une linguiste, une anthropologue (Port-au-Prince/New York)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Ethson Otilien)

Journées d’étude scientifique

« Suzanne Comhaire-Sylvain, regards croisés sur une femme, une écrivaine, une linguiste, une anthropologue » 

Organisées en alternance par le laboratoire LangSÉ de la Faculté de Linguistique Appliquée

et City University of New York (CUNY) à Port-au-Prince, le 23 avril et à New York, le 22 me  2020.

 

Suzanne Comhaire-Sylvain est née à Port-au-Prince en 1898 et morte au Nigéria en 1975. Elle est une anthropologue africaniste et une linguiste qui a mené beaucoup de recherches dans le champ des études haïtiennes. Première femme linguiste et anthropologue d’Haïti, elle fait partie des pionniers des études créoles et de l’oraliture. Au cours de sa carrière universitaire, elle a publié divers articles de référence sur des aspects de la vie sociale et culturelle d’Haïti et de certains pays africains notamment le Congo et le Nigéria. Ses études des contes haïtiens cherchent non seulement à les catégoriser, retracer leurs origines mais également à dégager leur structure.  Par ses recherches, Comhaire-Sylvain occupe une place honorable dans l’étude de l’oraliture folklorique haïtienne en dépit des limites épistémiques de ses méthodes, notamment sa manière de transcrire les contes qui fait trop appel à la mémoire.

Durant les années 1930, tandis que s’accentue le nationalisme culturel en Haïti, elle soutient une thèse doctorale à la Sorbonne sur Les contes haïtiens (1936). Ses travaux sur le créole sont salués comme une importante contribution à la linguistique. Pour Carter Godwin Woodson (1937), « elle n’a pas seulement donné une nouvelle image du langage des Haïtiens, mais des trésors littéraires dont cette langue est la clé »[i]. Son livre Le créole haïtien, morphologie et syntaxe (1936) et celui de Jules Faine Philologie créole (1936) sont considérés comme les deux premières études à caractère scientifique publiées sur le créole haïtien par des Haïtiens.

Comhaire-Sylvain nous aide à saisir certaines réalités haïtiennes et africaines. Dans Femmes de Kinshasa hier et aujourd'hui, Comhaire-Sylvain (1968) nous dresse le portrait des femmes de Kinshasa, leur quotidien, leurs loisirs et leur mode de fonctionnement à partir de deux enquêtes effectuées  de 1943-1945 et en 1965.  Ces recherches ont ouvert la voie à d’autres sur le Congo après le départ des Belges. Dans « La femme dans le proverbe créole » (1938a), elle répertorie les proverbes haïtiens dans lesquels la femme se trouve présente. Naissance, mort, état-civil à Kenscoff (Haïti) (1959) qui est un travail à deux mains (Suzanne et Jean Comhaire [son mari]) reste une véritable source de référence ethnographique pour quiconque veut étudier la naissance, la mort et l’état-civil à Kenscoff. Dans le premier article de ce travail, les auteurs traitent de la grossesse à Kenscoff prise dans son contexte ethnographique, c’est-à-dire, comme phénomène lié aux croyances. En effet, les travaux de Comhaire-Sylvain lui ont valu le poste d’experte à l’ONU pour l’Afrique pendant huit ans et des distinctions internationales, notamment, le prix de l’Alliance Française et la Médaille de l’Académie Française pour ne citer que celles-là.

Kathleen Gyssels (2005) écrit à son propos : « Le mérite de Suzanne Comhaire-Sylvain (1898-1975) fut de récolter la manne que constituaient les fables "fab’" créoles, d’étudier en ethnologue et linguiste les origines du créole haïtien et des proverbes, devinettes et contes, bref, de ce qu’on appelle l’" oraliture"». Aussi, Gyssels ajoute : « Fille de Georges Sylvain[1866-1925], qui fut le premier à adapter les fables de La Fontaine et nièce de Bénito Sylvain, le chantre du panafricanisme, elle fut celle qui, plus que toute autre, comprit très tôt que le folklore représentait un matériau de choix pour tout anthropologue ou sociologue qui s’intéressait à Haïti ». En effet, dans l’objectif de remettre dans le débat le travail de cette chercheuse majeure dans les sciences humaines et sociales en Haïti, 45 années après sa mort, soit le 20 juin 2020, le laboratoire LangSÉ de la Faculté de Linguistique appliquée et City University of New York (CUNY), organisent deux journées d’étude en alternance à Port-au-Prince, le 23 avril et à New York, le 22 mai 2020 sous le thème mentionné plus haut. Cette manifestation scientifique montrera l’importance des travaux de Suzanne Comhaire-Sylvain pour la science, l’éducation et la culture et son héritage.

Axes thématiques

Suzanne Comhaire-Sylvain et son héritage linguistique Suzanne Comhaire-Sylvain et le cheminement de l’anthropologie haïtienne Suzanne Comhaire-Sylvain, écrivaine et femme d’exception

Modalités de participation

Adresser à ethsotilien@gmail.com un résumé de 300 à 500 mots dans l’une des deux langues du colloque (créole haïtien, français). La police à utiliser est le Cambria, taille 12 points, interligne 1.5 point. Le résumé doit être accompagné d'une courte biobibliographie de l'auteur de la proposition.

Dates importantes à retenir

  • Appel à communications : 20 septembre 2019
  • Date limite pour l’envoi des résumés : 15 décembre 2019
  • Notification d'acceptation ou de rejet : 15 janvier 2020
  • Tenue des deux journées d’étude : 23 avril (Haïti), 22 mai (New York) 2020

Publications

Après évaluation et sélection par le comité scientifique, les textes issus des différentes communications seront publiés dans un ouvrage collectif.

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Bibliographie

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1936). Le créole haïtien : Morphologie et syntaxe, Port-au-Prince, Caravelle.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1937). Les contes haïtiens : Origine immédiate et extension en Amérique, Port-au-Prince, Caravelle, 2 vols.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1938). « La femme dans le proverbe créole », La voix des femmes, no 3, p.7-9

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1938). Contes du pays d’Haïti, Port-au-Prince, Caravelle.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1938). À propos du vocabulaire des croyances paysannes, Port-au-Prince, Caravelle.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1940).  Le roman de Bouqui, couverture de V. Pierre-Noël et 13 dessins originaux de l’auteur, Port-au-Prince, Caravelle.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1950). Food and Leisure among the African Youth of Léopoldville, Belgian Congo, Rondebosch, University of Cape Town.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1968). Femmes de Kinshasa, hier et aujourd’hui, Paris/La Haye, Mouton.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1973). Qui mange avec une femme : Contes zaïrois et haïtiens, Bandundu, Zaïre, Ceeba.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1974). Jetons nos couteaux : Contes de garçonnets de Kinshasa avec parallèles haïtiens, Bandundu, Ceeba.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1982). Femmes de Lomé, Bandundu, Ceeba.

COMHAIRE-SYLVAIN, Suzanne (1984). Les montagnards de la région de Kenscoff (Rép. d’Haïti) : Une société Kongo au-delà des mers, introduction et notes de Jean Comhaire. Bandundu, Ceeba.

FAINE, Jules (1936). Philologie créole, études historiques et étymologiques sur la langue créole d'Haïti, Port-au-Prince, Imprimerie de l'État.

GYSSELS, Kathleen (2005). « Trésors de veillées », Gradhiva [En ligne], mis en ligne le 10 décembre 2008, consulté le 01 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/gradhiva/392 ; DOI : 10.4000/ gradhiva.392.

HURBON, Laënnec (1975). « Suzanne Comhaire-Sylvain », Journal de la Société des Africanistes, tome 45, fascicule 1-2. pp. 200-201, consulté le 14 juin 2019. URL :

https://www.persee.fr/docAsPDF/jafr_0037-9166_1975_num_45_1_2199.pdf

WOODSON, Carter Godwin (1937). « Suzanne Sylvain, Le Créole Haïtien, Morphologie et Syntaxe ; Suzanne Comhaire-Sylvain, Les Contes Haïtiens, Ie Partie ; Suzanne Comhaire-Sylvain, Les Contes Haïtiens, IIe Partie », The Journal of Negro History , vol. 22, no 3, p. 369-372

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Coordonnateur :

Ethson Otilien

Comité d’organisation :

Ethson Otilien, laboratoire LangSÉ/UEH

Herby Glaude, Université d’État d’Haïti

Molès Paul, Université d’État d’Haïti

Jean-Ederson Jean-Pierre, Syracuse University

Joseph Marcel Georges, Université d’État d’Haïti

Marie-Louise Rémy, Université d’État d’Haïti

Renauld Govain, Université d’État d’Haïti

Menès Déjoie, City University of New York

Marie Lily Cerat, City University of New York

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Comité scientifique :

Carlo A. Célius, CNRS

Ethson Otilien, laboratoire LangSÉ/UEH

Herby Glaude, Université d’État d’Haïti

Kathleen Gyssels, Université d’Anvers

Lewis Ampidu Clorméus, Université d’État d’Haïti

Renauld Govain, Université d’État d’Haïti

 

 

 

[i] Traduit de l’anglais par nous.

https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.2307/2714523

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