Essai
Nouvelle parution
Joëlle Hansel, Levinas avant la guerre. Une philosophie de l’évasion

Joëlle Hansel, Levinas avant la guerre. Une philosophie de l’évasion

Publié le par Marc Escola

«J’avais alors une abondante chevelure très noire»: Emmanuel Levinas a dépeint ainsi, à plus d’un demi-siècle de distance, le jeune homme qu’il était en ce début des années 1930 où commençait son chemin de pensée. En se penchant sur ses premiers écrits, Joëlle Hansel invite à opérer une conversion du regard que l’on porte habituellement sur l’œuvre de Levinas. Avant l’éthique si familière, il a élaboré une philosophie de l’«évasion» où il n’est pas encore question d’autrui. La liberté – et non la responsabilité pour autrui – est l’«humanité même de l’homme»: cette conviction traverse l’œuvre du jeune Levinas, conçue dans un climat marqué par l’approche de la guerre et le «pressentiment de l’horreur nazie». Se libérer de l’enchaînement à une existence dont les événements tragiques qui marquent l’actualité font ressentir la «brutalité et la pesanteur» ; se défaire du lien par lequel l’hitlérisme «rive» l’homme à son corps et le Juif, à sa judéité: les exigences qui s’imposèrent au jeune philosophe servent à J. Hansel de fil d’Ariane.
Levinas phénoménologue, mais aussi philosophe français, formé à l’école de Bergson et de Brunschvicg, en débat avec Jean Wahl, Louis Lavelle et Gabriel Marcel; Levinas abordant Husserl «en philosophe» et initiant dès 1932, une critique de Heidegger à laquelle la «sympathie» hitlérienne de ce dernier ne fut pas étrangère; Levinas, penseur du moi solitaire en quête d’évasion; Levinas, exaltant un judaïsme entendu comme religion, et non comme éthique: J. Hansel suit pas à pas le mouvement initial de la pensée lévinassienne, ainsi que les évolutions et les renversements qu’elle a subis en allant «de l’être à l’autre».

Ancienne élève de l’ENS, Joëlle Hansel est directrice de programme au Collège International de Philosophie. Membre fondateur de la Société Internationale de Recherche Emmanuel Levinas et directrice de la collection SIREL/Actualité de Levinas aux éditions Manucius. Spécialiste de l’histoire intellectuelle du judaïsme italien et de la relation entre kabbale et philosophie, ses travaux portent également sur Levinas et Jankélévitch (Jankélévitch. Une philosophie du charme, Manucius, 2012).

On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"Levinas : quitter la rive de l'éblouissement", par Maryse Emel (en ligne le 29 juin 2022).

Voir la revue de presse sur le site de l'éditeur…