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Appels à contributions

"Inaboutissement, inachèvement: l'oeuvre in-finie" (Continent Manuscrits)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Guy DUGAS)

Appel à contribution

Continents manuscrits n° 19, octobre 2022

 "Inaboutissement, inachèvement : l'oeuvre in-finie".

N° coordonné par Guy DUGAS

 

« Une œuvre littéraire est comme une auto, il faut qu’elle soit révisée tous les dix ans. », Henry de Montherlant.

« Un élément essentiel risque de toujours manquer à la critique littéraire [...]. Cet élément – sur lequel l’écrivain seul pourrait renseigner – ce sont les fantômes de livres successifs que l’imagination de l’auteur projetait à chaque moment en avant de sa plume [...]. À chaque tournant du livre, un autre livre, possible et même probable, a été rejeté au néant », Julien Gracq.

Grace aux avant-textes laissés par l’auteur et le parti que la génétique textuelle nous apprend à en tirer, on est plus ou moins en mesure de savoir comment nait une œuvre ; quand, pourquoi, comment…

Mais que sait-on de son achèvement ? Le point final tant attendu par les écrivains vient-il vraiment achever le projet qu’ils s‘étaient fixé ? D’autres choix structurels, une intrigue tournée différemment, un personnage supplémentaire ou autrement caractérisé n’auraient-ils pas pu conférer d’autres significations, conduire à un autre dénouement, comme dans ces collections de romans populaires ou pour enfants où le lecteur est invité à construire lui-même son propre cheminement dans le récit ?

Que sait-on aussi de ces œuvres mort-nées, qui vivent néanmoins dans l’esprit du lecteur par un titre ou quelques idées que l’auteur en a jetées ici ou là ? de ces œuvres-palimpsestes dont il suffit de gratter la surface pour se rendre compte qu’un projet différent se dissimule sous celui qu’elles affichent ? des œuvres inachevées dont le point final fut – lorsqu’il le fut –, tardivement rajouté, parfois par son auteur, parfois d’une main autre. Et dans ce cas, par qui, comment et de quel droit le projet initial a-t-il pu être mené à terme, et comment être certain de la fidélité du texte rendu au projet initial ?

De l’œuvre inachevée d’Isabelle Eberhardt à "La Mort d’Akli" de Jean Amrouche, de "Kaddish" d’André Schwartz-Bart  à Un homme pareil aux autres de René Maran et d’Ébauche du Père de Jean Sénac au Premier homme d’Albert Camus, les littératures francophones nous offrent ainsi maints exemples d’œuvres inabouties, inachevées, parfois abandonnées, souvent reprises de manière autographe ou allographe.

Dans une perspective génétique que viendront alimenter des analyses poétiques, sociocritiques voire juridiques, on s’intéressera donc dans ce numéro à toutes les œuvres d’art inachevées ou inabouties, reprises ou non,  sans s’interdire des incursions dans le domaine des arts plastiques, de la poésie, du théâtre aussi, genres susceptibles de nous mettre sur la piste d’une autre définition de l’œuvre : et si, par définition, toute œuvre était in-finie, sinon peut-être dans l’esprit d’un lecteur à qui la stratégie éditoriale la présente comme achevée ?

Les propositions sont à adresser avant le 31 décembre 2021 à l'adresse mel dugas.montp3@gmail.com. Remise des articles : mai 2022, sortie du numéro : octobre 2022.