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Imaginer des constellations linguistiques pour l’étude des littératures autochtones / Imagining Linguistic Constellations for the Study of Indigenous Literatures (revue Alternative Francophone)

Imaginer des constellations linguistiques pour l’étude des littératures autochtones / Imagining Linguistic Constellations for the Study of Indigenous Literatures (revue Alternative Francophone)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Eve Bradette)

Appel de textes pour un numéro bilingue de la revue Alternative Francophone /

Call for Papers for a Bilingual Issue of Alternative Francophone
 
Sous la direction de/Edited by Sarah Henzi (Simon Fraser University) & Marie-Eve Bradette (University of Regina)
 
*English follows
 
         “Je vis dans un pays où les deux langues nationales sont des langues étrangères.” 
           (Louis-Karl Picard-Sioui, Courts critiques, 2017 )
 
En 2010 paraissait L’autochtonie en dialogue: l’expression littéraire autochtone au-delà des barrières linguistiques, un dossier spécial d’Études en littérature canadienne/Studies in Canadian Literature sous la direction de Michèle Lacombe, Heather MacFarlane et Jennifer Andrews. Dans leur introduction, les éditrices énonçaient leur désir que les poètes autochtones qui écrivent en français soient davantage connu·es en dehors des barrières linguistiques imposées par les nombreuses mesures et politiques d’assimilation coloniales, parmi lesquelles on pense particulièrement aux pensionnats. Elles souhaitaient aussi que plus de travaux critiques s’élaborent à la croisée des langues, et autour de la dimension linguistique des textes (2010: 12). Un peu plus de 10 ans plus tard, quel constat peut-on tirer de cette invitation lancée par Andrews, Lacombe et MacFarlane ? Quelles relations et constellations de solidarité se sont-elles construites entre les écrivain·es autochtones s’exprimant dans différentes langues sur les territoires réclamés par le Canada ? Et comment ces constellations s’articulent-elles dans le champ des études littéraires autochtones ? 
 
Est-ce que la prolifération actuelle des œuvres en traduction, par exemple, permet une réelle circulation des textes en dépit des frontières linguistiques qui existent toujours entre les deux langues officielles au Canada qui sont, comme nous le rappelle l’auteur Wendat Louis-Karl Picard Sioui, des langues étrangères ? Est-ce que les œuvres littéraires autochtones produites en français et maintenant traduites vers l’anglais sont lues, étudiées et enseignées dans les contextes académiques anglophones ? Si oui, de quelle manière ?  De façon semblable, est-ce que les chercheur·ses qui travaillent en français se penchent sur les textes rédigés en anglais par des écrivain·es autochtones ? S’il semble peut-être plus facile de répondre à la seconde question, il nous apparaît qu’une attention portée à la circulation et à la réception critique et universitaire des œuvres littéraires autochtones écrites en français (et en traduction anglaise) est toujours nécessaire afin de mieux comprendre où, 10 ans après la publication du dossier spécial de ÉLC, nous en sommes. Nous croyons qu’une telle réflexion autour de la pluralité des langues (anglaise, française, et autochtones) qui façonnent les littératures des Premières Nations, des Métis et des Inuit passées et actuelles, de même que de nombreuses traductions et leur circulation, puissent venir complexifier et problématiser les notions de francophonie et d’anglophonie héritées des études postcoloniales. Une telle problématisation est par ailleurs essentielle tant ces notions mêmes reconduisent des rapports de force hégémoniques et ne prennent pas en compte les épistémologies autochtones du langage qui façonnent pourtant les imaginaires littéraires.
 
En portant une attention particulière aux littératures autochtones en traduction, produites en français ou encore intégrant des langues des Premières Nations, des Métis ou des Inuit, ce numéro bilingue d’Alternative Francophone se veut ainsi une occasion de questionner et de problématiser des enjeux linguistiques et plurilingues qui ont des implications multiples et complexes en contextes autochtones. Avec ce numéro, nous souhaitons également mettre en valeur, honorer et soutenir les écrivain·es autochtones qui écrivent très souvent dans des zones de tension langagière, qui façonnent ces espaces linguistiques à même leur création littéraire. Ce faisant, nous souhaitons mettre en relief l’apport des littératures autochtones à un dialogue critique autour des questions de plurilinguisme, d’hégémonie linguistique, de langue du texte et de colonialisme langagier. Puis, nous souhaitons créer une opportunité où des conversations critiques sur ces questions peuvent, finalement, advenir.
 
Dans ce contexte, nous invitons des contributions en français et en anglais qui imaginent ces constellations linguistiques et qui renouvellent les manières d’entrer en relation avec les littératures autochtones en se penchant, par exemple, sur les angles de réflexion suivants, sans toutefois que cette liste ne soit exhaustive:
 
-       La circulation et la réception des textes autochtones en traduction (lecture, étude, enseignement)
-       Quelles méthodologies pour étudier et enseigner les œuvres en traduction ?
-       Penser les relations entre les littératures autochtones hors des frontières linguistiques coloniales
-       Solidarités littéraires autochtones
-       Épistémologies autochtones du langage et relations aux langues coloniales
-       Quelles méthodologies privilégier pour les études littéraires autochtones à la croisée des sphères linguistiques ? Puis pour les études littéraires autochtones en français ?
-       Trans-autochtonie/trans-linguisme autochtone
-       La notion de francophonie (comme celle d’anglophonie) empêche-t-elle d’entrer en relation avec les littératures autochtones selon leurs propres termes ?
-       Littératures autochtones, langues et perspectives queer/bispirituelles
 
Les auteur·rices intéressé·es à participer à ce numéro sont prié·es de nous faire parvenir une proposition d’article (500 mots), de même qu’une courte notice biobibliographique (200 mots) au plus tard le 15 janvier 2022 à shenzi@sfu.ca et marieve.bradette@gmail.com.

Les articles complets (entre 6000 et 8000 mots) seront ensuite requis au plus tard le 30 juin 2022.
 
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Imaginer des constellations linguistiques pour l’étude des littératures autochtones / Imagining Linguistic Constellations for the Study of Indigenous Literatures
 
          “I live in a country where the two national languages are foreign languages.” 
           (Louis-Karl Picard-Sioui, Courts critiques, 2017. Our translation.)
 
In 2010 was published Indigeneity in Dialogue: Indigenous Literary Expression Across Linguistic Divides, a special issue of Studies in Canadian Literature/Études en littérature canadienne, edited by Michèle Lacombe, Heather MacFarlane, and Jennifer Andrews. In their introduction, the editors articulated a desire for Indigenous poets writing in French to be more widely acknowledged across the linguistic divide imposed by many colonial assimilation policies and technologies, including residential schools. They also called for more critical work to be done at the intersection of languages, while also focusing on the linguistic dimension of the texts under study (2010: 12). A little over 10 years later, what have we learnt - and what might we still learn - from this invitation by Lacombe, MacFarlane and Andrews? What relationships and constellations of solidarity have been built between Indigenous authors writing in different languages in the territories claimed by Canada? And how are these constellations articulated in the field of Indigenous literary studies? 
 
Does the current proliferation of works in translation, for example, allow for a proper circulation of texts, despite the linguistic borders that still exist between the two official languages in Canada, which are, as Wendat author Louis-Karl Picard Sioui reminds us, foreign languages? Are the Indigenous literary works produced in French, and now translated into English, actually being read, studied and taught in English-speaking academic contexts? And if so, how? Similarly, are scholars working in French looking at texts written in English by Indigenous writers? While the second question may seem easier to answer from a francophone perspective, it seems to us that attention to critical and academic reception of Indigenous literary works written in French (and in English translation) is still necessary, if we want to better understand where we stand 10 years after the publication of SCL’s special issue. To this end, we believe that a reflection on the plurality of languages (English, French, and Indigenous), all of which shape past and present First Nations, Métis and Inuit literatures, as well as a careful consideration of the many current translations and their distribution, can both complicate and problematize the notions of Francophonie and Anglophonie, as inherited from postcolonial studies. Such a problematization is essential, given that these very notions reiterate hegemonic power relations and do not always take into account the Indigenous epistemologies of language that shape literary imaginaries.
 
By paying particular attention to Indigenous literatures in translation, produced in French, English, or incorporating First Nations, Métis or Inuit languages, this bilingual special issue of Alternative Francophone seeks to offer an opportunity to question and problematize these linguistic and plurilingual issues, which have multiple and complex implications for Indigenous contexts. With this issue, we also wish to highlight, honour and support Indigenous writers who often write in spaces of linguistic tension, and who are shaping these linguistic landscapes through their creative work. In doing so, we wish to highlight the contribution of Indigenous literatures to a critical dialogue around issues of plurilingualism, linguistic hegemony, the language of the text, and linguistic colonialism. Finally, we hope to create an opportunity where critical conversations about these issues can ultimately occur.
 
With these points in mind, we invite contributions in French and in English that consider these linguistic constellations which, in turn, might renew our different ways of relating to Indigenous literatures by considering, for example, but not limited to, the following approaches:
 
-       The circulation and reception of Indigenous texts in translation (reading, studying, teaching)
-       What methodologies are appropriate for studying and teaching works in translation?
-       What might thinking about relations between Indigenous literatures outside of colonial linguistic borders look like?
-       Indigenous literary solidarities
-       Indigenous epistemologies of language and relations to colonial languages
-       What methodologies should be used for Indigenous literary studies at the intersection of linguistic spheres? For Indigenous literary studies in French?
-       Trans-indigeneity/Indigenous trans-lingualism
-       Does the notion of francophonie (like that of anglophonie) prevent us from truly engaging with Indigenous literatures on their own terms?
-       Indigenous Literatures, Languages and Queer/Two-Spirit Perspectives
 
Interested authors are asked to submit an article proposal (500 words), along with a short biographical statement (200 words) by January 15, 2022 to shenzi@sfu.ca and marieve.bradette@gmail.com.

Full articles (between 6000 and 8000 words) will then be requested by June 30, 2022.