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Imaginaires des langues anciennes et orientales dans la France du XVIIIe siècle / Imaginaries of Ancient and Oriental Languages in Eighteenth Century France

Imaginaires des langues anciennes et orientales dans la France du XVIIIe siècle / Imaginaries of Ancient and Oriental Languages in Eighteenth Century France

Publié le par Université de Lausanne (Source : Elise Pavy-Guilbert)

Imaginaries of Ancient and Oriental Languages

in Eighteenth-Century France

Imaginaires des langues anciennes et orientales

dans la France du XVIIIe siècle

 

Carole Boidin, université Paris-Nanterre

Flora Champy, Princeton University

Élise Pavy, université Bordeaux Montaigne

 

Calendrier

Appel à publication : mars 2021.

Propositions (titre et résumé en français ou en anglais de 5000 signes maximum, espaces incluses) à rendre pour le 30 mai 2021. Acceptation des propositions : 15 juin 2021.

Articles en français ou en anglais (traductions possibles, 30 000 à 40 000 signes, notes et espaces comprises) à rendre pour le 15 février 2022.

Parution – consignes éditoriales

Ouvrage à paraître : Paris, Hermann, « Les collections de la République des Lettres », série « Symposiums » (collection bilingue anglais-français). Les traductions de vos articles en anglais ou en français sont possibles (crédits dédiés).

Article de 30 000 à 40 000 signes maximum, notes et espaces incluses.

Résumé en anglais et en français (500 signes maximum, espaces incluses, pas de notes).

Bio-bibliographie en anglais et en français (500 signes maximum, espaces incluses, pas de notes).

Axes de recherches

Au XVIIIe siècle, les langues anciennes (grec et latin, mais aussi hébreu, syriaque) suscitent un regain de curiosité et d’intérêt particulier en France. Les connaissances et les théories linguistiques aussi bien que les pratiques pédagogiques se renouvellent, notamment par des associations, à rigueur scientifique d’ailleurs très variable, aux langues alors dites « orientales » (arabe, persan, indien, chinois, japonais). Plusieurs facteurs, souvent valables à l’échelle européenne, peuvent expliquer ce phénomène : éloignement de la menace ottomane après l’échec du siège de Vienne en 1683, intensification compétitive des échanges commerciaux avec l’Orient, multiplication des publications savantes en langue vernaculaire et modes orientales auprès du public mondain. Dès le début du siècle, les vifs débats autour de certaines traductions littéraires (querelle d’Homère) et religieuses, témoignent d’un enjeu linguistique fort, aiguisé par les découvertes et les explorations archéologiques et paléographiques de sites tels que Pompéi, Herculanum ou Palmyre. Le XVIIIe siècle nourrit des réflexions et des imaginaires culturels, linguistiques, philosophiques, politiques et fictionnels sur les langues anciennes en même temps que se développe un savoir concret plus précis et mieux répandu sur les langues « orientales » du Proche et de l’Extrême-Orient. En France, et peut-être plus particulièrement dans la seconde moitié et la fin du siècle, s’affirment un « tournant » linguistique rationnel et de profonds changements de paradigme. Schématiquement, les imaginaires liés aux langues anciennes et orientales évolueraient d’une pensée théologique et spirituelle sur ces langues à une linguistique historique et comparative, jusqu’à une linguistique universelle qui verserait même dans le fictionnel. Le système, particulier à la France, de centralisation des savoirs – dans les Académies, les Salons, à la Bibliothèque royale ou encore au Collège royal notamment – ainsi que le rayonnement du français à l’échelle européenne expliquent sans doute pourquoi l’ « Europe française » et les « Lumières françaises » témoignent de cet enchevêtrement culturel, linguistique, artistique, philosophique et fictionnel de manière si spectaculaire.

Ce sont ces imaginaires et ces pratiques des langues anciennes et orientales, dans une phase complexe, marquée par une curiosité renouvelée pour l’Antiquité classique et pour l’Orient, que nous aimerions explorer, en prenant comme terminus ad quem l’expédition d’Égypte, généralement considérée comme une coupure radicale provoquant le développement d’un orientalisme d’une autre nature.

            L’objectif de cet ouvrage est d’explorer les multiples potentialités (épistémologiques, herméneutiques, artistiques et fictionnelles, mais aussi éducatives, philosophiques et politiques) ouvertes par cette période de découvertes et d’interprétations en matière de langues.

On se propose d’examiner trois domaines en particulier, sans exclusion :

- Cadres savants et culturels : institutions, pédagogies, représentations

Les pratiques et les imaginaires concernant ces langues ne peuvent être comprises qu’en tenant compte des conditions matérielles et épistémologiques dans lesquelles elles sont enseignées et discutées à l’époque. Une première série de contributions relevant de l’histoire et des études culturelles pourrait utilement éclairer ces enjeux.

Ainsi, les modes d’appréhension des langues anciennes et des langues orientales évoluent. L’Europe est, depuis au moins la Renaissance, le théâtre de nombreuses expérimentations pédagogiques et de réflexions poussées sur les moyens de rendre ces langues accessibles et de les comparer. Cependant, au XVIIIe siècle, les réflexions concernant la généalogie des langues anciennes et orientales, leur utilité dans la connaissance (études bibliques, controverses politiques, modélisations historiques et géographiques) et dans les pratiques (diplomatie, commerce, sciences) se modifient considérablement, en parallèle de mutations pédagogiques. Les langues classiques que sont le latin et le grec sont à la fois pensées ensemble comme relevant de l’Antiquité, avec l’hébreu, le syriaque, le punique voire l’arabe, dans une tradition de pensée attachée au paradigme des études bibliques, mais elles sont aussi dissociées. Le latin reste en effet une langue vivante, pratiquée notamment dans le domaine scientifique, mais se voit de plus en plus éclipsée par des langues vernaculaires qui tendent à s’imposer, entraînant différents types de traductions. Cette distinction entre langues classiques et vernaculaires apparaît également pour les langues proche et extrême-orientales, beaucoup débattues dans le siècle, bien que sous des modalités parfois hétéroclites. Il serait donc utile de dresser un panorama des représentations de ces langues, des modèles utilisés pour les comparer, des institutions qui cadrent leur apprentissage et leur pratique, et des types de traductions qu’elles suscitent en France, y compris dans une perspective sociologique. L’influence des traductions produites ailleurs en Europe, comme celle du Coran de George Sale en 1734, lue par Voltaire, Jefferson et Goethe, sera à mesurer, mais ces processus méritent d’être mieux étudiés dans le cas français, où se développe une prétention à l’hégémonie linguistique et culturelle de la langue française à l’échelle européenne et une recherche d’efficacité pratique concernant l’usage des langues savantes et techniques. Ces efforts se font dans le prolongement des institutions mises en place par la monarchie (Académies, Bibliothèques, Collège royal, École des Jeunes de langues) et dans les projets issus de la Révolution (École des Langues orientales), mais aussi dans d’autres cadres, d’initiative locale ou privée.

On comprend alors l’importance, d’autre part, d’observer la façon dont se constitue un imaginaire collectif concernant ces langues et les cultures auxquelles elles sont associées. Cet imaginaire se déploie notamment dans la constitution d’une sorte de bibliothèque orientale (dont une illustration peut être la Bibliothèque orientale de Barthélemy d’Herbelot complétée en 1697 par Antoine Galland avant qu’il ne publie sa traduction des Mille et une nuits), d’emblée définie par ses rapports (parfois polémiques) aux classiques antiques. Si le développement particulier des traductions scientifiques et techniques est une dimension non négligeable, on sera ici particulièrement sensible à l’évolution du domaine des « Belles-Lettres », traditionnellement adossé au modèle antique. Il sera important de définir (notamment dans le prolongement des travaux de l’Histoire des traductions en langue française, XVIIe-XVIIIe s.) ce qui, depuis les langues anciennes et orientales, est traduit, inventé, publié, lu, commenté dans la France du XVIIIe siècle. Il ne sera pourtant pas question de répertorier systématiquement cette bibliothèque antique et orientale, ni de limiter les productions culturelles aux seules œuvres littéraires publiées. Il s’agira plutôt, à partir de quelques exemples, de voir comment, avant le déploiement de l’orientalisme au sens où Edward Saïd l’a défini, ces productions reflètent un imaginaire collectif qui associe deux catégories construites, l’Antiquité et l’Orient, dans le domaine particulier des langues[1].

Quelques pistes :

- L’enseignement des langues anciennes et orientales en France au XVIIIe siècle : comparaison des cadres institutionnels, pédagogiques, pratiques, épistémologiques, sociologiques. Diversité des pratiques et des degrés de connaissance, innovations et traditions. On souhaiterait en particulier des contributions sur la langue latine et l’hébreu.

- L’évolution et la diffusion des supports : dictionnaires, manuels, cartes, etc. L’histoire matérielle sera mise à contribution (ressources typographiques, circulation des artisans, traditions d’illustrations et de mise en page).

- Le savoir et les représentations des langues anciennes et orientales dans le cadre plus général des débats savants et politiques sur les langues anciennes, modernes, classiques et vernaculaires en France.

- La place de la France dans les débats linguistiques européens. Une approche comparatiste pourra être pertinente.

- Les traductions, adaptations et inventions d’œuvres littéraires antiques et orientales dans la France du XVIIIe siècle : réseaux intellectuels transnationaux, nouveaux paradigmes, interférences des traductions non-littéraires et des formats pédagogiques, rôle dans l’apprentissage, redéfinition des canons.

            - Imaginaires linguistiques, artistiques et fictionnels : découvertes et décentrement

Si les langues de référence des Lumières, en Europe, restent ainsi les langues anciennes (essentiellement le latin, mais aussi dans une moindre mesure le grec et pour les érudits l’hébreu), les langues « orientales » (arabe, égyptien, chinois et japonais) font l’objet de réflexions et suscitent de nombreuses parutions. Un deuxième axe d’analyse pourrait se concentrer sur les discours qui comparent ces langues dans le domaine linguistique aussi bien que dans l’écriture artistique ou fictionnelle. Les idées partagées, souvent pétries de stéréotypes, témoignent pourtant de tentatives de rationalisation des langues, et partant, d’un progressif décentrement.

On pourra se pencher dans cette perspective sur les récits de voyages et les écrits des missionnaires, souvent relayés dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui construisent l’imaginaire des langues et des peuples et participent de cette ouverture grâce à leurs découvertes. Les voyageurs font voir les langues in situ, inscrites sur les monuments et présentes dans les manuscrits recopiés, tentant d’établir des parallèles entre les langues. À ce titre, l’essor de l’archéologie au milieu du siècle, avec les fouilles de Pompéi, Herculanum et Palmyre, constitue un tournant qui peut-être contribue à rapprocher les langues anciennes et orientales dans un imaginaire exotique commun. Si Kircher avait amorcé la réflexion dès le XVIIe sur la proximité des langues égyptiennes et chinoises, c’est bien le XVIIIe siècle qui s’y consacre semble-t-il pleinement, l’élargit et l’étoffe. Les textes qui se penchent sur une généalogie des langues (de la langue égyptienne aux langues phénicienne, grecque et punique, avec assimilation de ces pays à des colonies d’Égypte chez Terrasson) et bouleversent les repères (la langue chinoise avec ses tonalités et ses idéogrammes s’apparenterait à la langue primitive, alliant peinture et musique, pour Boyer d’Argens) gagneraient à être analysés. D’autres études pourraient être consacrées à Warburton et à Jaucourt qui examinent les hiéroglyphes non comme des caractères énigmatiques ésotériques, mais en tant que véritable écriture. Apparaissent même des impostures et mystifications célèbres, dont le caractère loufoque mériterait d’être creusé. Guignes et Cibot relaient l’hypothèse d’une ressemblance entre les hiéroglyphes égyptiens et les caractères chinois, étayée par les planches comparatives de ces deux alphabets. Linguistique et fiction, écriture et arts sont alors liés, unis même par une imagination créatrice férue d’exotisme. Cartes géographiques, dessins, planches des systèmes graphiques et alphabétiques à l’appui, les penseurs, tel encore Rousselot de Surgy, examinent la nature et la propriété des langues, le rapport entre elles et l’espoir né de leur confrontation. Ils semblent osciller entre la croyance renforcée en une langue primitive et la conscience émergente d’une pluralité et d’une diversité premières. Court de Gébelin croit en un système qui relie les temps, les monuments et toutes les langues grâce à une grammaire et un alphabet universels. Les tableaux des langues comparées entre elles et les planches de l’« alphabet hiéroglyphique et primitif », ainsi que les formes successives des mêmes lettres et leurs significations, élaborent une fiction ou un idéal d’universalité. Mais en-deçà ou au-delà de cet idéal, les considérations politiques affleurent. Chez Court de Gébelin, la suprématie du français (et avec elle l’émancipation par rapport au latin et la valorisation du celtique notamment) va de pair avec un éloge de la langue grecque composée d’une multiplicité de dialectes entre lesquels règne une égalité toute républicaine. Le message politique est clair. Le décentrement et le mouvement de l’Occident vers l’Orient se consolident par glissements significatifs. À l’extrême fin du siècle, l’intérêt est à la fois économique et intellectuel et le déplacement a bien lieu avec les écrits de Langlès, de Maistre et Voney. Malgré certains clichés sur l’harmonie coulante et la simplicité de l’arabe et du persan, langues de la fable, et inversement les difficultés et inconvénients syntaxiques du latin, du turc et de l’allemand, langues de l’histoire, les textes visent à simplifier les signes graphiques pour rapprocher les peuples et les langues, dans le souci de l’altérité. À l’orée du siècle suivant, les imaginaires se sont déplacés, des langues anciennes aux langues orientales modernes. Imaginaires des langues, des arts et des monuments, récits de voyages et linguistique fictionnelle, mythes et désirs d’universalité s’entremêlent. Les comparaisons ont ainsi généré le décentrement et l’avènement d’un nouvel horizon de pensée tourné vers l’utopie narrative[2].

Quelques pistes :

- Les confrontations et comparaisons des langues. Il serait intéressant de mieux comprendre les nombreux textes qui s’essaient à une confrontation des langues, et notamment des langues palmyréenne, grecque et hébraïque, ou encore des hiéroglyphes égyptiens et de l’écriture symbolique chinoise, ainsi qu’à l’étude de leurs différents systèmes (par exemple Wood et Dawkins ainsi que Barthélemy) pour éclairer les dérives fictives ainsi que leurs significations et leurs implications.

- Les mystifications linguistiques. L’analyse de mystifications célèbres en leur temps pourrait nous permettre de comprendre ces imaginaires (à l’exemple de Psalmanazar, qui prétend découvrir l’île, l’alphabet et la grammaire « formonsans » et de la mystérieuse « affaire Needham », du nom de ce savant anglais qui remarque d’étranges inscriptions assimilées à des idéogrammes chinois) et ce qui se déploie ou se met ainsi en jeu à travers elles.

- Langues anciennes, langues « orientales » et désirs d’universalité (vers de nouveaux « modèles » de langues universelles) et invention de langues « utopiques » (langues imaginaires inventées).

- Enjeux philosophiques et politiques et pratiques des imaginaires linguistiques

Le renouvellement au XVIIIe siècle de l’intérêt pour les langues anciennes, ainsi que l’intérêt croissant pour les langues « orientales », ne peuvent se comprendre sans être inscrits dans la problématique plus large du langage comme moyen d’expression et de communication. Cette question centrale pour les Lumières comporte des implications philosophiques et politiques évidentes. Comment une langue peut-elle influer, non seulement sur l’expression, mais aussi sur la formation même des émotions et des croyances individuelles ? Comment la structure de la langue peut-elle entraver ou favoriser la diffusion des connaissances et la liberté politique ? Inversement, dans quelle mesure une langue est-elle déterminée par l’organisation politique de la communauté qui la pratique ? Le décentrement s’opère aussi dans le cadre de ces questionnements : le grec et le latin, mais aussi l’arabe ou le persan, sont utilisés par les philosophes comme des modèles alternatifs de véhiculer la connaissance et de penser le politique. Ainsi, Diderot, dans l’article ENCYCLOPÉDIE, propose de prendre les langues mortes comme seul point de repère fiable pour fixer les radicaux des termes et ainsi donner une base stable à la connaissance. Dans les Lettres persanes, Usbek s’interroge sur le style figuré propre au Coran et ses conséquences sur la forme de la croyance portée par un livre présenté comme sacré.

Ces différents questionnements transforment des considérations et des représentations qui, dans leur ensemble, ne sont pas nouvelles, mais qui prennent des directions inédites. Ainsi, la valorisation de la langue grecque considérée comme plus expressive et plus poétique que le latin, déjà présente au XVIe siècle, est reprise par Rousseau qui oppose, notamment dans l’Essai sur l’origine des langues, le grec et l’arabe, langues vivantes et sonores, profondément politiques dans la mesure où elles s’avèrent en mesure de remuer des foules, au « bourdonnement des Divans » induit par les langues modernes qui reflètent et entretiennent tout à la fois l’absence de libertés civiques. La valorisation de l’arabe comme plus proche de l’écriture phénicienne première, remontant à la fin du XIVe siècle, est réactivée par Étienne de Fourmont dans son Oratio de lingua Arabica (1715). La prise en compte de langues où le geste et l’inflexion de la voix comptent comme signes autant que les mots et la syntaxe, amènent aussi à redéfinir la pratique même des langues européennes. La constitution et reconstitution d’imaginaires autour des langues anciennes et orientales a ainsi certainement joué un rôle autant dans le développement d’une rhétorique « antiquisante » sous la Révolution française que dans une nouvelle organisation des savoirs, qui deviendront théorie de l’éducation, linguistique, philosophie du langage[3].

Quelques pistes :

- Les langues antiques et orientales comme véhicules de savoir et clefs d’entrée vers des savoirs ignorés. Le savoir des Grecs, des Romains, mais aussi des Persans, des Arabes ou des Chinois peut-il être traduit (voir à ce sujet notamment les réflexions de Voltaire dans l’Essai sur les mœurs) ? Comment ce savoir à double titre étranger, historiquement et géographiquement, peut-il s’insérer dans le projet encyclopédique des Lumières ? Quel rôle joue la connaissance inter-linguistique dans ce projet ?

- L’impact des imaginaires linguistiques dans la création de nouveaux savoirs. Par exemple, y a-t-il un lien entre les réflexions philosophiques sur le pouvoir expressif des signes et l’invention de la langue des signes ?

- Les langues antiques et orientales et l’imaginaire politique. Quel rôle joue la compréhension (mais aussi la simple représentation, qui n’implique pas toujours une connaissance approfondie) des langues antiques dans la constitution d’un imaginaire politique ? Quel rôle joue cet imaginaire dans la constitution d’une science politique intégrant plusieurs modèles possibles ? Comment l’écriture politique intègre-t-elle un ou des imaginaires langagiers ? Comment les sources documentaires sont-elles mobilisées et reprises dans les textes politiques (ainsi, pour l’empire perse, Chardin chez Montesquieu et Rousseau) ?

- L’incidence pratique de ces imaginaires à la fois langagiers et politiques. Comment l’imaginaire des langues anciennes et orientales, conjoint ou distinct, peut-il se traduire par l’émergence d’imaginaires collectifs et de nouvelles formes rhétoriques (voir le développement d’une rhétorique antiquisante dans la Révolution française mais aussi dans la Révolution haïtienne, Toussaint Louverture étant présenté comme le « Spartacus noir ») ?

Contacts

Carole Boidin, université Paris-Nanterre, EA 3931 LiPo carole.boidin@parisnanterre.fr

Flora Champy, Princeton University, Department of French and Italian UMR 5317 IRHIM fchampy@princeton.edu

Élise Pavy, université Bordeaux-Montaigne, EA 4593 CLARE, IUF junior elise.pavy@u-bordeaux-montaigne.fr

 

[1] Quelques repères bibliographiques : Nicholas Dew, Orientalism in Louis XIV’s France, Oxford, Oxford University Press, 2009 ; Chantal Grell, Le Dix-Huitième Siècle et l’Antiquité en France 1680-1789, Oxford, Voltaire Foundation, 1995 ; Isabelle Landry-Deron, « Early Translations of Chinese Texts in French Jesuit publications : Politics in Historiography », in Xiaoxin Wu (ed.), Encounters and Dialogues. Changing Perspectives on Chinese-Western Exchanges from the Sixteenth to Eighteenth Centuries, Sankt Augustin/San Francisco, 2005 ; Jan Loop, Alastair Hamilton & Charles Burnett, The Teaching and Learning of Arabic in Early Modern Europe, Leiden, Brill, 2017 ; Massimiliano Vaghi, La France et l’Inde. Commerces et politique impériale au XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mimésis, 2016 ; Catherine Volpilhac-Auger, D’une Antiquité l’autre : la littérature antique classique dans les bibliothèques du XVe au XIXe siècle, Lyon, ENS Éditions, 2006 ; Françoise Waquet, Le Latin, ou l’Empire d’un signe (XVIe-XXe s.), Paris, Albin Michel, 1998.

[2] Quelques repères bibliographiques : Sylvain Auroux, Jean-Claude Chevalier, Nicole Jacques-Chaquin, Christiane Marcello-Nizia, (dir.), La Linguistique fantastique, Paris, Denoël, 1985 ; Madeleine V. David, Le Débat sur les écritures et l’hiéroglyphe aux xviie et xviiie siècles – et l’application de la notion de déchiffrement aux écritures mortes, Paris, SEVPEN, « Bibliothèque générale de l’École Pratique des Hautes Études »,1965 ; Michèle Duchet (dir.), L’Inscription des langues dans les relations de voyage (XVIe-XVIIIe s.), Paris, Éditions ENS-Fontenay, 1992 ; Annette Graczyk, Die Hieroglyphe im 18. Jahrhundert – Theorien zwischen Aufklärung und Esoterik, Berlin, De Gruyter, 2015 ; Anne-France Laurens, Krysztof Pomian, L’Anticomanie : la collection d’antiquités aux 18e et 19e siècles, Paris, EHESS, 1992 ; Michèle Rosellini et Sabine Lardon (dir.), L’Imaginaire des langues et des styles, Cahiers du GADGES, Genève, Droz, 2018 ; Olivier Pot, Langues imaginaires et imaginaire de la langue, Genève, Droz, 2018.

[3] Quelques repères bibliographiques : Alain Grosrichard, Structure du sérail : la fiction du despotisme asiatique dans l’Occident classique, Paris, Seuil, 1979 ; Alexander Bevilacqua, The Republic of Arabic Letters : Islam and the European Enlightenment, Harvard, The Belknap Press, 2018 ; Yi Gao, « Les origines chinoises des Lumières et de la Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, n° 387, 2017, p. 103-122 ; Flora Champy et Caroline Labrune, Médiations et construction de l’Antiquité dans l’Europe moderne, Littératures classiques n° 101, 2020 ; Aude Lehmann (dir.), Diderot et l’Antiquité classique, Paris, Classiques Garnier, 2018 ; Avi Lifschitz, Language and Enlightenment : the Berlin debates of the Eighteenth Century, Oxford, Oxford University Press, 2012 ; Kate Tunstall, « Hieroglyph and Device in Diderot’s Lettre sur les sourds et muets », Diderot Studies, XXVIII, 2000, p. 161-172.