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Imaginaires de la menace

Imaginaires de la menace

Publié le par Marc Escola (Source : Comité étudiant Figura - UdeM)

Imaginaires de la menace

24 avril 2020, Université de Montréal

 

Dans son plus récent essai, À l’intérieur de la menace (2019), Marie-Claire Blais dénonce les injustices et les destructions quotidiennes perpétrées par les artisans d’ une « ère catastrophique » tissée « d'obscurité et de mensonges ». Elle y exprime un mélange d'angoisse, de colère et de désolation, un déchirement intérieur « souterrain mais sinistre » symptomatique du nouveau millénaire. Comme en témoigne la prolifération de fictions dystopiques, un sentiment d'urgence face à la présence persistante et diffuse de menaces politiques, environnementales et épidémiques inspirent les auteurs et les autrices du monde entier. Si les récits portant sur le futur sont marqués par la menace de la fin du monde, de nombreuses œuvres contemporaines thématisent la menace et les effets qu'elle produit. Or, de la « génération perdue » formée d’écrivains et d'artistes marqués par la Première Guerre mondiale et expatriés à Paris dans les années 1920 à la génération punk « No Future » des années 1970, de nombreuses époques semblent avoir eu la certitude d'atteindre un point de rupture.

Organisé par le comité étudiant Figura – UdeM, le speed colloque propose de réfléchir aux imaginaires de la menace, autant en littérature que dans les arts visuels et vivants, qu'au cinéma, qu'en musique et qu'en philosophie. Ainsi la menace pourra-t-elle être envisagée de façon thématique (terrorisme, guerre, bombe nucléaire, catastrophe climatique, pandémie, surveillance, etc.), mais également en tant que mécanisme : quelle menace pèse sur certains groupes sociaux ou individus, et pourquoi ? qui exerce cette menace et comment ? Michel Foucault, dans Surveiller et punir (1975), a notamment éclairé les liens qui entremêlent le pouvoir du regard et le contrôle de l’individu, permettant de penser la menace dans sa dimension plus psychologique, sournoise.

Du point de vue de l'écriture et des arts, il sera aussi possible de questionner l'effet de la menace sur l'entreprise créatrice : comment créer sous la menace ? peut-on envisager la menace comme un acte perlocutoire ? la force coercitive qui anime la menace peut-elle, au contraire, donner lieu à une réponse ? Judith Butler a bien montré (Excitable Speech, 1997) comment le discours haineux peut être repris par ceux et celles qui en sont la cible et renvoyé à son énonciateur·rice sous une forme différente, donnant lieu à une résistance qu'elle qualifie de « discours insurrectionnel ». En effet, l'acte de création peut permettre de s'opposer à la menace, de la surmonter ou du moins de la contourner. La forme peut aussi être conditionnée par la menace, l'écriture se faisant par exemple plus rapide ou fragmentaire, laissant parfois entrevoir une tension. Enfin, les discours derrière la menace pourront être questionnés : comment la menace est-elle légitimée par ceux et celles qui la mettent en place (pour « le plus grand bien », pour la protection, la conservation d’ un certain ordre, l'obtention ou le maintien du pouvoir, etc.) ?

Le speed colloque aura lieu le 24 avril 2020 à l'Université de Montréal. La formule de l’événement est la suivante : chaque participant·e présentera une communication d’ une durée de cinq minutes, puis une période d’échange suivra chaque séance. En après-midi se teindront une conférence et une table-ronde.

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Le comité étudiant de Figura-UdeM vous invite à soumettre votre proposition de communication de 100 à 150 mots avant le 20 février à comiteetudiant.figura@gmail.com en indiquant votre nom, votre adresse courriel, votre niveau d'étude et votre institution d'appartenance, et en prenant soin de nommer l'objet de votre courriel : « Proposition de communication – Speed colloque Figura UdeM 2020 ». Tou·te·s les étudiant·e·s (membres et non-membres) sont invité·e·s à participer à l"appel à communications.