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Histoires entrecroisées et poésies modernes (Lyon)

Histoires entrecroisées et poésies modernes (Lyon)

Publié le par Philippe Robichaud (Source : Axel Nesme)

Histoires entrecroisées et poésies modernes

Journée d'Études

7 avril 2017

Université Lyon 2

(Salle des Colloques ER 20, 18, Quai Claude Bernard 69007 Lyon)

Organisateurs :

Carrie Noland (professeur de littérature française à U.C. Irvine),

Axel Nesme (professeur de littérature américaine à Lyon 2, Passages XX-XXI)

 

Dans le champ des études littéraires, la France et les Etats-Unis sont très proches, mais divergent aussi de manière significative. Après 1966, date de la célèbre intervention de Derrida à Johns Hopkins University sur « La structure, le signe et le jeu », la critique américaine suit attentivement la production française en matière de théorie littéraire et philosophique, et c’est longtemps la France qui a mené le jeu. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ? On peut se le demander, notamment à la lecture de l'appel à communications du congrès de l’Association Française d’Etudes Américaines de 2016, où les problématiques actuellement privilégiées outre-Atlantique (questions d’inter- et de trans-disciplinarité, gender studies, disability studies, white studies…) sont, sinon majoritaires, du moins tout aussi présentes que des questionnements situés dans le sillage du structuralisme et du post-structuralisme et relevant à ce titre d’une approche plus « typiquement » française.

Dans le domaine de la poésie plus particulièrement, on constate l’intérêt croissant que suscitent les critical race studies, et dont témoigne la journée d'étude récemment consacrée au travail du poète/critique afro-américain Fred Moten, montrant que certains américanistes français s’orientent vers une approche de la poésie qui met en avant les questions de contexte historique, de performance, d’ethnicité, et de sexualité. 

Si toutefois l’on tourne son regard vers l'autre côté de l'Atlantique, on peut s'étonner du relatif manque d'intérêt des chercheurs américains spécialistes de poésie américaine pour le travail des critiques français. Il est vrai que certains travaux consacrés à la question du lyrisme incluent quelques références ponctuelles à des travaux publiés en France (on songe en particulier à l’ouvrage récent de J. Culler qui mentionne les Figures du sujet lyrique de D. Rabaté, ou encore à la théorie du lyrisme de M. Blasing, en partie inspirée par certains auteurs théoriciens français, tels Kristeva, Lacoue-Labarthe, Leclaire ou Lacan). Mais il s’agit là de cas isolés. Cette place marginale accordée à la critique française est plus surprenante encore s’agissant des travaux consacrés, aux Etats-Unis, à la poésie française et francophone. La manière dont la théorie du lyrisme — ou plus généralement la poétique — a évolué ici en France au cours des deux dernières décennies est somme toute rarement étudiée aux États Unis, et les chercheurs qui travaillent sur la poésie moderne et contemporaine citent rarement leurs homologues français. Ce phénomène est d’autant plus visible que le nombre de chercheurs en poésie est restreint aux Etats-Unis. S’il est vrai que le flot de publications consacrées à Baudelaire ne tarit pas aux Etats-Unis, la riche poésie du XXe siècle — d'Apollinaire à Emmanuel Hocquard — reste dans l'ombre, et semble mal connue des universitaires américains. On comprend, dès lors, que les chercheurs français qui publient sur cette poésie soient moins bien connus encore. 

Face à ce constat, il s’agira de se demander s’il est toujours vrai que l'historicisme et le contextualisme — volontiers associés avec l'approche des chercheurs américains — sont au fond en désaccord avec le formalisme et le conceptualisme qui caractérisent l'approche française. Peut-on mettre en regard ces deux grandes orientations, identifier des points communs éventuels, et travailler à détisser les stéréotypes qui continuent à exercer leur emprise?  Ne convient-il pas d’interroger la distinction même entre "historicisme" et "formalisme," contexte et performance, voire entre les "critical race studies" et l’anthropologie textuelle d’un Meschonnic ?  

Notre objectif pour ces journées d'étude sera de mettre en conversation des chercheurs en poésie des deux côtés de l'Atlantique et de dresser un état des lieux de la recherche en poésie moderne/contemporaine en réunissant spécialistes français et américains de la poésie française et américaine afin de mettre en lumière les protocoles théoriques et méthodologiques qui s’élaborent aujourd’hui dans ces deux domaines d'étude historiquement solidaires. Les interventions pourront revêtir la forme d’un manifeste, de l’analyse serrée exemplaire d’une approche critique, ou d’une interrogation sur les présupposés d’une démarche critique. Le format adopté encouragera au maximum les occasions de partage et d'échange au cours de cette rencontre qui débouchera sur une table ronde où il s’agira de dresser le bilan des approches soutenues et de mettre en lumière les tensions qui auront vu le jour. 

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PROGRAMME 

9h Accueil

9h30 Dominique Rabaté (Université Paris VII) : « L'expérience lyrique du côté du lecteur »

10h10 Amélie Ducroux (Lyon II) : « Jouer le jeu du poème »

10h50 Pause

11h10 Carrie Noland (Université de Californie à Irvine) : « Race, Poetry, Race »

11h40 Yamna Chadli (Université de Bordeaux) : « Je polyphonique dans la poésie de la rive (poésie maghrébine francophone) »

DEJEUNER

14h Dominique Carlat (Lyon II) : « Autour de la performance poétique contemporaine: un double contexte? »

14h40 Isabelle Alfandary (Université Paris III) : « Texte et critique du texte poétique »

15h20 Antoine Cazé (Université Paris VII) : « La pensée lyrique : Emily Dickinson »

15h50 Pause

16h20 Jean-Pierre Bobillot (Université Grenoble-Alpes): « Qu'est-ce que la médiopoétique? »

17h Abigail Lang (Université Paris VII) : « Échanges théoriques transatlantique en poésie (1970-90) »