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François Guiyoba : pour un comparatisme affirmé, actualisé, éclectique et innovant (volume collectif, in memoriam)

François Guiyoba : pour un comparatisme affirmé, actualisé, éclectique et innovant (volume collectif, in memoriam)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Kisito Hona)

Appel à contributions

In memoriam

Titre : François Guiyoba : pour un comparatisme affirmé, actualisé, éclectique et innovant

Coordinateurs : Robert Fotsing Mangoua (Pr) Université de Dschang, Chantal Bonono (MC) Université de Yaoundé I – École normale supérieure, Kisito Hona (CC) Université de Yaoundé I – École normale supérieure.

Argumentaire :

Décédé le 09 mai 2021, François Guiyoba a laissé un vide heuristique, scientifique et humain abyssal. Cette situation démontre à suffisance la qualité, non seulement de l’homme mais aussi et surtout, de ses contributions à l’essor de la littérature générale et comparée à l’échelle universelle de manière générale et du Cameroun de manière spécifique.

Discipline universitaire aux facettes multiples et en constante mutation, la littérature générale et comparée se caractérise par son mal-être conceptuel, méthodologique et opératoire qui, paradoxalement, a pour corollaire sa perpétuelle remise en question et son irréfutable dynamisme. À ce titre, dans le contexte camerounais tout au moins, François Guiyoba fait partie des chercheurs qui ont permis à la littérature comparée d’opérer une percée décisive dans les travaux de recherche tant des étudiants que des enseignants. Aussi a-t-il mis un point d’honneur à consolider l’opérationnalité scientifique et heuristique de cette discipline.

D’une part, se fondant sur les deux pôles sémantico-épistémologiques majeurs de la littérature générale et comparée, il s’est attelé à la faire passer de simple approche synthétique, « unifiante » et « épistémologisante » des textes et des arts (littérature générale) à une méthode d’analyse éminemment comparatiste avec des concepts opératoires (littérature comparée). D’autre part, tout en apprivoisant des champs de recherche, somme toute classiques, comme l’imagologie et l’intertextualité, il a fait figure de pionnier et d’explorateur de champs en friche et innovants tels que l’« effet de vie », l’intermédialité, l’intergénéricité et l’interartialité. Ce faisant, il a mis en œuvre l’un des objectifs de la littérature générale et comparée, à savoir le décloisonnement des savoirs, des genres, des arts, des cultures, des civilisations. Dans ce sens, le colloque qu’il organise à l’École normale supérieure de Yaoundé en 2006, en partenariat avec l’équipe de recherche « Littérature et spiritualité » du Centre « Écritures » de l’Université de Metz sur le thème « Mythe et effet de vie littéraire » tient lieu de rampe de lancement symbolique. Les premières heures de cette « audace épistémologique » ne lui ont pas valu que des lauriers mais, parfois, des critiques acerbes voire des rejets de la part d’une partie de la communauté scientifique. Pourtant, jusqu’à sa disparition subite, force est de constater qu’on a assisté à une effervescence quasi frénétique autour des champs de recherche qu’il a contribué à vulgariser. Mémoires, thèses, articles et ouvrages, quasiment tout y passe. Pour preuve, avec à son actif une quinzaine de thèses et une centaine de  mémoires de son vivant, on a enregistré environ six (06) soutenances dans les semaines qui ont suivi son décès, et la courbe ascendante est loin de s’inverser. Ce qui, naturellement, pose la question de la nature et du contenu de la contribution de cet éminent chercheur au rayonnement/à l’avancée de la littérature générale et comparée. Cette question centrale en soulève d’autres, secondaires et non moins importantes : qu’est-ce qui a orienté ces nombreux étudiants vers lui ? Quelles étaient les thématiques et les champs  abordés ? Pourquoi était-il tant consulté, lu et respecté par nombre de ses pairs, notamment, à l’échelle internationale ? Quelle  est la spécificité de ses apports sur les plans scientifique, heuristique et pédagogique ? Bref, quel héritage laisse-t-il à la postérité universitaire ?

Telles sont les questions qui vont orienter les textes de ce volume. Il se veut un hommage mérité de la communauté universitaire qui, à la suite de sa mort, découvre avec une fascination et un étonnement émus la profondeur, la qualité et l’avant-gardisme scientifique de ce personnage immense tant par sa discrétion et son humilité que par sa riche production scientifique.

 

Quelques axes de recherche à titre indicatif :

1)  Biographie intellectuelle  

Le premier axe correspond à ce qu’on pourrait appeler la « biographie intellectuelle » du disparu selon la typologie de Martine Boyer-Weinmann (2005). Dans ce cadre, ses anciens collègues et étudiants peuvent donner des témoignages sur les éléments qui les ont profondément marqués dans la vie académique du Professeur Guiyoba. Ils peuvent ainsi parler de l’ensemble ou d’une partie seulement de sa production scientifique. Par ailleurs, ils peuvent évoquer certaines de ses plus belles rencontres, dans cette vaste discipline qu’est la littérature comparée, à l’exemple de celle avec le professeur Pierre Halen qui a animé au Cameroun plus d’un programme avec la collaboration des professeurs Guiyoba et Fotsing.

2)  L’intermédialité

Dans cette partie, les contributeurs peuvent aborder les questions intermédiatiques, intergénériques et interartiales dont François Guiyoba était, avec Robert Fotsing Mangoua, son collègue et ami, l’un des principaux promoteurs au Cameroun. Les contributeurs pourront, également, parler de la question de la méthode comparatiste. Faut-il rappeler ici que le défunt avait un sens de la théorisation et donc de la formalisation très poussé ? Il aimait à dire qu’il n’y a de science que dans la formalisation. François Guiyoba et Robert Fotsing Mangoua ont ainsi contribué à l’enrichissement de ce champ de Jurgen Ernst Müller, suscitant par-là l’estime de ce dernier. 

3)    « L’effet de vie »

La théorie de l’ « effet de vie » développée par Marc-Mathieu Münch a fait l’objet d’un traitement particulier par François Guiyoba.  Il en a été fasciné, d’où son rapprochement de ce professeur et théoricien émérite. Et comme à son habitude, François Guiyoba ne s’en est pas laissé conter. Il a arboré son éternel sens critique pour déconstruire, critiquer et enrichir cette théorie. C’est ainsi que dans de nombreuses publications, il revisite le concept de la « synesthésie » de l’œuvre réussie et de la conception de l’ « œuvre d’art totale », telle que préconisée jadis par Wagner, et  remis au goût du jour par la théorie de l’effet de vie.

4)    L’imagologie

Cette théorie de la littérature comparée a si bien intéressé François Guiyoba qu’il s’en est servi dans sa thèse et son habilitation. En chercheur décomplexé, il s’est attelé à comprendre les tenants et les aboutissants de la manière dont les Africains et les Occidentaux se perçoivent eux-mêmes, d’une part, et  réciproquement d’autre part, de manière à faire sauter les verrous mentaux et les complexes de toutes natures qui existeraient aussi bien en eux qu’entre eux. Séduit par cette théorie de Jean-Marc Moura, le feu professeur Guiyoba a consacré une bonne partie de ses travaux, en dehors des  premiers  cités, à l’exploration de ce champ disciplinaire.

5)    Le postcolonialisme et le postmodernisme

Ces deux concepts font aussi partie des champs d’intérêt de François Guiyoba, d’autant plus qu’ils s’accordent sur un point, comme le précise Kwame Anthony Appiah, celui de « leur mise en cause des récits de légitimation des grands récits qui les précèdent ». Âme un peu tourmentée, Guiyoba était très soucieux des questions de marginalisation et de la problématique du « tiers-espace », qu’on retrouve dans le postcolonialisme et qui est défini par Paul Aron, Denis saint Jacques et Alain Viala comme « un lieu de traduction et d’hybridité », ainsi que ses corollaires : métissage, créolité, migrance, etc. Pour Moura, l’auteur postcolonial exploiterait les « instances de légitimation que sont les genres, les formes européens pour parvenir à exprimer son originalité ». Ce qui ne remporte pas l'assentiment de Guiyoba, pour qui le « centre » c'est-à-dire l'Europe à laquelle il faut ajouter l'Amérique du nord, l'occident donc, d'une manière générale, est en voie d'être supplanté par les « périphéries » que constituent, notamment, l'Afrique, le Japon, la Chine, l'Inde et le Brésil. Ces aires culturelles sont devenues de nouveaux pôles d'élaboration et de diffusion des savoirs et de la culture.

Quant au postmodernisme proprement dit, tout en reprenant l’hybridité dont François Guiyoba se faisait le chantre, il célèbre le malaise qui semblait habiter le professeur et l’individualisme qui caractérise la société. Toujours à la quête de l’actualité sociale, feu François Guiyoba se sentait interpellé par la condition post-moderne que Lyotard conçoit « comme celle de l’époque où les grands récits sous-tendant la civilisation occidentale sont remplacés par une pluralité de petits récits locaux et par des jeux de langage où des valeurs sont sans cesse recréées discursivement, faute d’un consensus universel », le relativisme intéressait donc François Guiyoba au plus haut point.

 

Biblio (webo) graphie indicative :

Aron, Paul, Saint-Jacques Denis, Viala, Alain (2002). Le Dictionnaire du littéraire, Paris, PUF.

Durand, Gilbert (1992).  Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod.

Engélibert, Jean-Paul et Tran-Gervat, Yen-Maï (éds.) (2008). La Littérature dépliée : reprise, répétition, réécriture, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

Étiemble, René (1988). Ouverture/s/ sur un comparatisme planétaire, Paris, Christian Bourgois Éditeur.

Froger, Marion et Müller Jurgen Ernst (2007). Intermédialité et socialité : histoire et géographie d’un concept, Munster Nodus.

Guillebaud, Jean-Claude (2001).  Le Principe d’humanité, Paris, seuil.

Guillebaud, Jean-Claude (1999).  La Refondation du monde, Paris, Seuil.

Guillebaud, Jean-Claude (1995).  La Trahison des lumières. Enquête sur le désarroi contemporain, Paris, Seuil.

Guiyoba François, Roger Fopa Kuete, Albert Jiatsa Jokeng, Jurgen E. Müller (2022). Le Discours scientifique comme pratique intermédiale en arts, lettres et sciences humaines, Paris, L’Harmattan.

Guiyoba, François (éd.) (2019). Revue internationale d'art et d'artologie, numéro 3, adresse url: https://effet-de-vie.org/RIAA/riaa-3-2019-dec.pdf

Guiyoba, François (éd.) (2015). Littérature médiagénique - Écriture, musique et arts visuels, Paris, L’Harmattan.

Guiyoba, François (2013). « Albert Einstein au panthéon littéraire : une figure savante ambivalente » Revue d’Art et de Littérature, Musique (R.A.L,M.) https://www.lechasseurabstrait.com/revue/IMG/pdf/guyoba_einstein.pdf

Guiyoba, François (éd.) (2012). Entrelacs des arts et effet de vie, Paris, L’Harmattan.

Guiyoba, François (2008). « Autour de Cœur de ténèbres : l’intertextualité revisitée » in La Littérature dépliée : reprise, répétition, réécriture, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, pp. 363 – 372.

Guiyoba François et Pierre Halen (éds.) (2008). Mythe et effet de vie littéraire : une discussion autour du concept d’«effet de vie » de Marc-Mathieu Münch, Strasbourg, Éditions du Portique. 

Guiyoba, François, (2007). « La description comparée dans quelques récits de voyage modernes : un sacrifice à une tradition séculaire ? », Revue d’Art et de Littérature, Musique (R.A.L,M.), numéro 32, Adresse url : https://www.lechasseurabstrait.com/revue/spip.php?article1729 

Guiyoba, François, (2007). « Prolégomènes à une théorie générale de l’agonistique narrative » in Revue d’Art et de Littérature, Musique (R.A.L,M.), numéro 32, adresse url : http://www.lechasseurabstrait.com/revue/spip.php?article1646

Jiatsa, Jokeng Albert, Roger Fopa, François Guiyoba (2020). Intermédialité. Pratiques actuelles et perspectives théoriques, Collection « Essais et Littératures », Lucie Editions, Lausanne.

Journeau, Véronique Alexandre, (éd.) (2011). Le Surgissement créateur : jeu, hasard, inconscient, Paris, L’Harmattan.

Lumière, Émilie (2015). « Jürgen Ernst Müller et le concept d'intermédialité », LLA-CREATIS, adresse url: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02272561/document 

Lyotard, Jean-François (1979).  La Condition post-moderne, Paris Minuit.

Marino, Adrian (1988). Comparatisme et théorie de la littérature, Paris, PUF.

Memmi Albert (1957). Portrait du colonisé précédé du portrait du colonisateur, Paris, Gallimard.

Meschonnic Henri (1993). Modernité Modernité, Paris, Gallimard.

Moura Jean-Marc (1999). Littératures francophones et théories postcoloniales, Paris, PUF.

Müller, Jurgen Ernst (2006). « Vers l’intermédialité : histoires, positions et option d’un axe de pertinence », Médiamorphoses, vol. 16, p. 99/110.

Müller, Jurgen Ernst (2000). « L’intermédialité, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives théoriques et pratiques à l’exemple de la vision de la télévision », Cinémas : revue d’études cinématographiques/ Cinémas : journal of Film studies, vol. 10, n° 2-3, p. 105-134.

Münch Marc-Mathieu, (2014). La Beauté artistique : l’impossible définition indispensable, Paris, Honoré Champion.

Münch, Marc-Mathieu, (2004). L’Effet de vie ou le singulier de l’art littéraire, Paris, Collection Unichamp, Honoré Champion.

Münch, Marc-Mathieu (1991). Le Pluriel du beau. Genèse du relativisme esthétique en littérature. Du Singulier au pluriel,  Metz, Centre de Recherches en Littérature et Spiritualité.

Souiller, Didier et Troubetzkoy Wladimir (éds.) (1997). Littérature comparée, Paris, P.U.F.

 

Comité scientifique :

- Pr Marc-Mathieu Münch, Professeur émérite, Université de Metz.

- Pr Jurgen E. Müller, Université de Bayreuth.

- Pr Pierre Halen, Centre Écritures, Université de Lorraine.

- Pr Hélène Maurel-Indart, Université François Rabelais de Tours.

- Pr Maxime Meto’o, Université de Yaoundé I.

- Pr Richard-Laurent Omgba, Université de Yaoundé I.

- Pr Robert Fotsing Mangoua, Université de Dschang.

- Pr Jean-Claude Mbarga, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Marcelin Vounda Etoa, Université de Yaoundé I.

- Pr Alice Delphine Tang, Université de Yaoundé I.

- Pr Patricia Marie-Thérèse Bissa Enama, Université de Yaoundé I.

- Pr Emmanuel Matateyou, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.  

- Pr Raymond Mbassi Ateba, Université de Maroua.

- Pr Julia Ndibnu Messina, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Pierre Célestin Ndzie Ambena, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Auguste Owono Kouma, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Cathérine Nsata Awoundja, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Marie-Thérèse Betoko Ambassa, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Alphonse Moutombi, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Alexi-Bienvenu Belibi, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Odette Bemmo, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Jean-Claude Abada Medjo, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Pr Albert Jiatsa Jokeng, Université de Maroua. 

- Pr Roger Kuete Fopa, Université de Maroua.

- Pr Chantal Bonono, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Joseph Abah Atangana, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Simon Ombakane, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.  

- Dr Chantal Salomé Ntsama, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Eulalie-Patricia Essomba, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Placide-Bertrand Ebanga, Université de Ngaoundéré.

- Dr Jules Michelet Mambi Magnack, Université de Maroua.

- Dr Jean-Marie Yombo, Université de Ngaoundéré – École normale supérieure de Bertoua.

- Dr Edgar Abesso, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Marie-Cécile Bouguia, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Esaïe Mandeng Ma Bell, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Marcelin-Achilles Alima, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Edith Bertille Medouane, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

- Dr Zacharie Mfonzié, Chercheur indépendant.

- Dr Kisito Hona, Université de Yaoundé I - École normale supérieure.

 

 

Échéancier :

9 mai 2022 : Lancement de l’appel.

15 juillet 2022 : Date limite de réception des propositions.

15 septembre 2022 : Notification aux contributeurs.

30 décembre 2022 : Date limite de réception des articles rédigés ou des témoignages.

30 février 2023 : Retour des articles expertisés et des témoignages revus.

30 mars 2023 : Réception des articles et des témoignages définitifs.

30 Mai 2023 : Publication de l’ouvrage.

NB : Les résumés des propositions qui doivent contenir environ 300 mots au plus et comprendre 5 mots clés maximum, doivent être adressés aux adresses suivantes :

rmfotsing@yahoo.fr

bononochantal@gmail.com

kisito.hona@gmail.com

 

Responsables : CERLICO de l’Université de Yaoundé I et Université de Dschang