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Le « néo » dans les cultures européennes : sources, héritages et réécritures dans la littérature.

Le « néo » dans les cultures européennes : sources, héritages et réécritures dans la littérature.

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Université de Nantes)

Le « néo » dans les cultures européennes : sources, héritages et réécritures dans la littérature.

CRINI EA 1162 : Axe 2 littérature

Organisateurs : Jocelyne Aubé-Bourligueux ; Agnès Blandeau ; Carine Cardini-Martin ; Georges Letissier ; Cécile Marshall.

Dates : jeudi 6, vendredi 7 et samedi matin 8 décembre 2012.

Ce colloque international s’inscrit dans le prolongement d’une réflexion entreprise depuis 2006 autour des notions de préservation, transmission et réappropriation d’un patrimoine littéraire dans l’espace de l’Europe (Allemagne, Autriche, Grande Bretagne, Irlande, Espagne, Italie, Russie). Ce questionnement mené en corrélation étroite avec les concepts d’identité et de mémoire qui lui sont consubstantiels, sera structuré à partir de la catégorie du « néo », préfixe qui renvoie étymologiquement au grec νέοϛ : nouveau, et peut se décliner de façon quasi illimitée, et toujours ouverte, pour définir des formes littéraires, dont certaines sont désormais bien connues : le néo-baroque ; le néoclassicisme ; le néo-fantastique ; le néo-gothique ; le néo-médiéval ; le néoromantisme ; le néoréalisme etc. La liste ne saurait bien sûr être exhaustive puisqu’il est de la nature même du phénomène « néo » de pouvoir s’ouvrir sans cesse à d’autres associations et interférences. De nouvelles affixations apparaissent en effet au gré du devenir, de l’évolution ou des mutations, prévisibles ou inattendues, de la culture, qui est elle-même constamment en tension entre un rapport au passé sans cesse renégocié et des projections fluctuantes et labiles vers un avenir aux contours hypothétiques. Le « néo » peut ainsi accéder au canon, sous certaines de ses formes, au moment même où d’autres modes d’expression littéraire plus marginales viennent à émerger : preuves en sont les multiples entrées répertoriées sur le moteur de recherche google, e.g. néo-polar ; néo-victorien etc. Le préfixe « néo » ouvre donc un faisceau de pistes d’exploration ayant toutes en commun d’inviter à une réflexion sur la manière dont une culture, à un moment donné, se tourne par « affinités (s)électives », ou selon un continuum historique et littéraire, dont il conviendrait d’analyser les modalités, vers le passé.

Ce colloque voudrait susciter des communications dans le domaine de la littérature (poésie, théâtre, roman, nouvelle) dans les différentes cultures européennes, envisagées de façon indépendante ou complémentaire à travers leurs échanges, interférences et croisements. Les points suivants sont présentés comme des pistes ou directions d’analyse possibles.

- le néo/le rétro et le post (voire le post post) ; y-a-t-il une spécificité du « néo » qui le distinguerait d’une démarche purement nostalgique propre au rétro, ou de la volonté plus marquée d’inscrire une rupture, ou une démarcation avec une période antérieure (le post) ? Le néo-modernisme, par contraste avec le postmodernisme, constituerait-il un exemple de ces distinctions dont il conviendrait d’étudier la validité ? Le concept de « néo » a-t-il des limites dans son champ d’application ; y-a-t-il des retours à des formes littéraires et artistiques passées qui ne ressortissent pas au « néo » ?

- le « néo » dans son rapport à l’archéo (άρχαίος ancien) et à l’archétype. Dans quelle mesure le « néo » renforce-t-il la référence à l’original, entre reprise et écart, à travers de nouveaux filtres, ou au contraire la banalise-t-il jusqu’à l’invalider ? Présuppose-t-il une reproductibilité potentiellement illimitée de la littérature ou comporte-t-il nécessairement sa part de créativité ?

- le « néo » dans sa dimension politique, idéologique, voire identitaire. Le « néo » peut-il être un vecteur d’identification à des temps forts de la culture, un moyen de refonder le rapport à l’Histoire et au canon littéraire ? A contrario, le « néo » est-il compatible avec des remises en question, à des degrés divers, des codes culturels : le pastiche, l’humour, la parodie, l’ironie, le grotesque, la caricature, la déconstruction ?

- le « néo » dans ses aspects épistémologiques. Le « néo » participe-t-il d’une vision cyclique de l’Histoire et de l’histoire littéraire, est-il redevable d’une conception organiciste, évolutionniste de la littérature et des arts, en vertu de laquelle il serait, soit un simple avatar d’une forme esthétique antérieure de retour, soit une revitalisation de celle-ci ?

- le « néo » et l’esthétique de la réception. Le « néo » vient-il en réponse à un « horizon d’attente » ? Selon quelles déterminations une forme esthétique traduit-elle une nouvelle manifestation du goût ? Peut-on parler d’affinités étroites entre des époques distantes ? De quelle nature sont-elles et selon quels critères s’établissent-elles ?

- le « néo » comme mise en réseau des cultures européennes, le « néo » à travers les mutations temporelles, géographiques et spatiales. À partir de quels exemples pourrait-on envisager le « néo » comme figure de déplacement d’un pays européen à un autre ? Le « néo » peut-il constituer un creuset identitaire pour l’Europe ?

 

Invité pressenti : le poète anglais Tony HARRISON (né en 1937) « Sa poésie est une poésie de l’anamnèse et de la transmutation qui vise à faire émerger un ordre du chaos […] Cette obsession de la langue a amené Tony Harrison à traduire les auteurs latins comme Martial et grecs comme Aristophane, à récrire Le Misanthrope (1973) et Phèdre (Phaedra Britannica, 1975), à composer une Orestie (1981) et, enfin, à écrire plusieurs livrets d’opéra, des pièces de théâtre en vers et quelques poèmes polyphoniques, visant à travers ces ‘influences’, à ‘réaffirmer la puissance des mots’ », Anthologie bilingue de la poésie anglaise, La Pléiade, Paris : Gallimard, 2005, p. 1947.

Derniers ouvrages traduits :

  • Laureate’s Block, traduction de Cécile Marshall, Petropolis, Paris, 2011.

  • Cracheur de feu, textes choisis, traduits et présentés par Cécile Marshall. Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2011.

La langue du colloque sera le français. Les communications dans les autres langues devront être soumises aux organisateurs un mois avant la conférence pour être traduites.

La date butoir de soumission des propositions (20 lignes + court C.V.) est fixée au vendredi 30 mars 2012 et devront être adressées à :

jocelyne.aube-bourligueux@univ-nantes.fr

georges.letissier@univ-nantes.fr