Essai
Nouvelle parution
F. Pessoa, Commerce et civilisation

F. Pessoa, Commerce et civilisation

Publié le par Marc Escola (Source : Chloé Hardy)

Référence bibliographique :

Fernando Pessoa, Commerce et civilisation, Éditions de la Différence, collection "Minos", 2012. EAN13 : 9782729120023. 9 €

Traduit du portugais par Simone Biberfeld et Parcídio Gonçalves.

Préface de António Mega Ferreira.

 


Dans l’oeuvre foisonnante et multiforme de Fernando Pessoa, on passe généralement sous silence les textes théoriques et pratiques qu’il publia dans la Revue de Commerce et de Comptabilité, dirigée par son beau-frère Francisco Caetano Dias. Mais chercheurs et spécialistes minimisent de moins en moins l’importance de ces articles dans la pensée de Pessoa. Car Pessoa y montre le rapport étroit entre culture et commerce et fait observer que les sociétés qui se sont le plus brillamment distinguées dans la création de valeurs culturelles sont aussi celles qui se sont distinguées dans la pratique assidue du commerce : Athènes et Florence, par exemple. La doctrine économique de Pessoa est de type pré-keynésien, avec un penchant libéral, à l’américaine, et une foi dans les vertus infinies de la liberté du commerce. Il affirme que ses conceptions se fondent exclusivement sur la connaissance de l’histoire et une solide analyse des faits. « Toute théorie, écrit-il dans la présentation de la revue, doit être faite pour être mise en pratique, et toute pratique doit obéir à une théorie. » « La théorie et la pratique, ajoute-t-il, ont été
faites l’une pour l’autre. »

Extrait:

« L’homme croit qu’il est un animal rationnel. Il l’est peut-être, peut-être pas : la psychologie scientifique conteste l’importance et la prépondérance de la raison dans la vie de l’individu. Ce sont, dit-elle, les instincts, les habitudes, les sentiments et les émotions qui mènent vraiment l’homme ; la raison ne sert qu’à traduire à la volonté ces impulsions subrationnelles. Mais, du fait même que l’homme se considère comme un être essentiellement rationnel, il se trouve que la raison revêt dans sa vie une réelle importance, bien qu’indirectement. Or une des tâches abstraites de la raison est de formuler des préceptes, des maximes ou des normes intellectuelles pour la conduite de la vie, en général ou en particulier. Les préceptes sont de trois ordres : nous les appellerons 1) préceptes moraux, 2) préceptes rationnels, 3) préceptes pratiques. Les préceptes moraux nous disent ce que nous devons faire pour être en paix avec notre conscience. Les préceptes rationnels nous disent ce que nous devons faire pour être en règle avec notre vie. Les préceptes pratiques nous disent ce que nous devons faire pour satisfaire nos ambitions. »