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Fantasy et féminismes : aux intersections du/des genres 

Fantasy et féminismes : aux intersections du/des genres

Publié le par Université de Lausanne (Source : Comité d'organisation)

Appel à communications 

Colloque Fantasy et Féminismes : aux intersections du/des genres 

11-12-13-14 mai 2021 

Virtuel/Distanciel (Zoom) 

 

Pourtant, ça fait un bail que les mondes imaginaires 

Sont peuplés de sibylles en galère et de combattantes hors pair. 

Alors tu penses toujours que les femmes, toi qui lis cet article slamé,  

Qu’elles se nomment Talia ou Hermione, sont enfin libres d’exister, 

Qu’elles soient belles ou laides, vieilles, reines, écuyères ou rien, 

Politiciennes, mercenaires ou musiciennes, dans ces univers contemporains?  

Pour ma part, c’est vrai, j’ai le sentiment qu’il y a un véritable mouvement, 

Une évolution, un changement même dans certains questionnements 

Puisque l’on interroge le genre et son identité, pas seulement la féminité. 

Mais sais-tu, y a encore pas mal de chemin à effectuer, de combats à mener,  

De ton côté comme du mien, pour que ces atavismes soient dépassés. 

« Femmes », Slam de Charlotte Bousquet (Dictionnaire de la fantasy, 2018, 141) 

 

Née en Angleterre à l’époque des révolutions industrielles du XIXesiècle, puis s’étant diversifiée  au XXesiècle, la fantasy est aujourd’hui l’un des genres de l’imaginaire les plus connus (Besson,  2018, 7-8; Blanc, 2019, 9). Elle se déploie autant dans la littérature que dans les jeux vidéo, la  bande dessinée, l’illustration, les séries télévisuelles et les films, formant une constellation  transmédiatique de récits, de thèmes et de codes sans cesse renouvelés, réappropriés et  transformés.  

Parmi les critiques adressées au genre, celle d’être sexiste et conservateur est particulièrement  récurrente. Il est vrai qu’à plusieurs égards, la fantasy, de par ses codes hétéronormatifs et son  histoire (Deckers, 1996, 209; Baker, 2012, p. 438; Besson (dir.), 2018, 137-138), peut contribuer  à renforcer une hiérarchie entre les genres sexués - la place moindre réservée aux personnages 

féminins, le plus régulièrement personnages secondaires, alliés ou intérêts amoureux du héros, en  est un exemple. Si ces reproches sont justifiés, il existe une catégorie, d’abord marginale, puis  s’étant popularisée depuis les années 1960, de productions de fantasy « [qui] jouent avec le genre  et la sexualité, [qui] remettent en question et perturbent les idées reçues, et [qui] permettent et  encouragent leur public à imaginer des façons d'être en dehors des contraintes sociales  constitutives de l'identité sexuelle et de genre [...]. [Elles peuvent] explorer ou tenter de rendre  possible des identités de genre et sexuelles non normatives » (1) (Roberts et MacCallum-Stewart,  2016, 1).  

En effet, par la création de mondes secondaires alternatifs et par ses codes génériques, la fantasy  constitue un genre dont les potentialités sont illimitées et offre la possibilité de renverser le système  hétéronormatif en place. La recherche sur la fantasy a d’ailleurs montré la grande porosité du genre  aux discours politiques et sociaux (Larue, 2010; Bould et Vint, 2012; Baker, 2012; Roberts et  Esther MacCallum-Stewart, 2016). Cette perméabilité, présente aux origines mêmes de la fantasy,  se joue tant au niveau de l’écriture des textes – soit dans la manière dont les créateurs·trices  transforment consciemment des discours politiques pour en faire l’un des nombreux éléments de  leurs récits – que dans la réception et la réappropriation des œuvres par les fans, groupes militants,  ou même par des entreprises (Besson (dir.), 2018, 320). Ce n’est donc pas un hasard si la fantasy  a ainsi été investie par des discours issus de divers courants féministes et queer. On peut, parmi  d’autres exemples, évoquer l’emploi de la magie comme moyen de contraception et de résistance  pour les femmes dans Women’s War de Jenna Glass, la récupération du thème du placard dans  Harry Potter pour parler de coming-out par le lectorat LGBTQ+, ou encore la diffusion  commerciale de la réplique « All men must die. But we are not men » de Daenerys Targaryen,  devenue un slogan sur des tasses et des t-shirts. 

À la lumière de ces enjeux, le présent colloque cherchera à interroger les intersections possibles  entre la fantasy et les théories féministes et queer, afin d’en élargir les possibilités critiques et d’en  questionner les a priori. Que peuvent apporter les approches féministes et les études queer aux  perspectives développées pour étudier la fantasy en tant que genre, mais aussi les phénomènes  faniques, militants et commerciaux qui l’entourent? Comment peut-on aborder les productions de  fantasy en évitant de reconduire une perspective binaire, et en s’intéressant plutôt aux dynamiques  de genres sexués et aux marges? 

Plutôt que d’étudier les représentations et réappropriations sexistes en fantasy, ce qui a d’ailleurs  fait l’objet de nombreux travaux (2), ce colloque souhaite s’intéresser plus spécifiquement aux  productions de fantasy qui ne se livrent pas à des considérations normatives habituelles, ou qui les  remettent en question. Il s’agira d’ouvrir les possibilités, de questionner – en somme, de générer  de nouvelles connaissances par la mise en commun de travaux et par la discussion – dans le but  d’élargir la réflexion sur la fantasy et son potentiel politique, féministe et queer. 

Le colloque se veut transdisciplinaire et intersectionnel, de même que situé aux croisements entre  la pratique d’écriture et la pratique politique, la recherche et la politique, la recherche et l’écriture.  En ce sens, nous vous encourageons à croiser différentes approches et lectures (féministes, queer,  antispécistes, antiracistes, etc.), lorsque les productions de fantasy que vous aurez choisies s’y  prêteront. Les propositions de communication peuvent porter sur des textes littéraires, des bandes  dessinées, des séries télévisées, des films, des jeux de rôle, etc. Les pratiques créatives ou les  réflexions de recherche-création sont aussi les bienvenues. 

Pistes de recherche : 

- Usages politiques : pratiques d’auteurs.trices, enjeux de réception et de réappropriation - Influences de la fantasy sur les représentations et les discours politiques  - Influences de mouvements sociaux sur la fantasy 

- Cultures de fans 

- Pratiques créatives et de recherche-création 

- Phénomène de la feminist fantasy 

- Corps en fantasy (féminins, queer) : enjeux des représentations des corps, des identités  et des sexualités 

- Représentations des personnages féminins et des diversités en fantasy; rapport à l’Autre  et aux différences 

- Questionnements et transformations des codes et des structures narratives de la fantasy  - Femmes de pouvoir, rapport des personnages féminins au pouvoir en fantasy - Réinterprétations de mythes et de contes en fantasy  

- Trope du personnage féminin fort (strong female character) : ouvertures et limites?  

Afin de nous adapter à la situation sanitaire mondiale tout en favorisant l’échange entre le Québec  et l’Europe, le colloque se déroulera en distanciel. Considérant le décalage horaire de 6 heures, les  communications auront lieu en avant-midi selon le fuseau horaire du Québec, et en après-midi  selon celui de la France. Elles seront en français ou en anglais et dureront au maximum vingt  minutes. 

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Les propositions de communication doivent inclure un titre et un résumé (250 mots), des mots clés, ainsi qu’une biobibliographie de quelques lignes de l’auteur·trice (affiliation académique ou  institutionnelle, principaux axes de recherche, publications majeures).

Elles doivent être envoyées  aux organisatrices du colloque à l’adresse fantasy_feminismes@hotmail.com avant le 21 février  2021.  

Notez que vous n’avez pas besoin de résider en Europe ou au Québec pour nous envoyer une  proposition de communication : nous acceptons les propositions de partout dans le monde. Vous 

devrez toutefois être disponible lors des horaires mentionnés ci-haut (avant-midi heure de  Montréal/après-midi heure de France).  

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Comité d’organisation (ordre alphabétique)  

Marie Lucie Bougon – Université d’Artois (Textes et Cultures) 

Marion Gingras-Gagné – Université du Québec à Montréal (CRILCQ, IREF) Pascale Laplante-Dubé – Université d’Artois (Textes et Cultures) / Université du Québec à  Montréal (CRILCQ, IREF) 

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Comité scientifique (ordre alphabétique) 

Megan Bédard – Université du Québec à Montréal (Figura) 

Justine Breton – Université de Reims Champagne-Ardenne (Cérep) 

Fanie Demeule – Université du Québec à Montréal, Éditions Tête première et Hamac Lori Saint-Martin – Université du Québec à Montréal (CRILCQ, IREF, RéQEF) Amelha Timoner – Université Paris Nanterre (CREA) 

Merci au Centre de recherche interuniversitaire sur la recherche et la culture québécoises  (CRILCQ), à l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), au laboratoire Textes et  Cultures, à la Société du Fantastique et de Science-Fiction Boréal (SFSF Boréal), aux membres du  comité scientifique et à la professeure Anne Besson (Université d’Artois) pour leur soutien.  

(1) Notre traduction, « [that] play with gender and sexuality, [that] challenge and disrupt  received notions and [that] allow and encourage their audience to imagine ways of being  outside of the constitutive constraints of socialized gender and sexual identity [...] [They  can] explore or attempt to make possible non-normative gendered and sexual identities ». 

(2) Entre autres, voir : The Lesbian Fantastic de Phyllis Betz, Fantasy Girls de Elyce Rae  Helford, Tough Girls: Women Warriors and Wonder Women in Popular Culture de Sherrie  A. Inness, Girls Transforming: Invisibility and Age-Shifting in Children’s Fantasy de  Sanna Lehtonen, Women in Science Fiction and Fantasy de Robin Anne Reid (dir.), Alien  to Feminity de Marleen S. Barr, etc. 

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Bibliographie (sélection) 

Baker, Daniel, « Why We Need Dragons: The Progressive Potential of Fantasy », Journal of the  Fantastic in the Arts, vol. 23, n° 3, 2012, p. 437-459. 

Bérard, Sylvie, « Femmes extrêmes : paroxysmes et expériences limites du féminin… et du  féminisme », Recherches féministes, vol. 21, no1, 2014, p. 1-12. 

Besson, Anne (dir.), Dictionnaire de la fantasy, Paris, Vendémiaire, 2018. 

____, Les pouvoirs de l’enchantement. Usages politiques de la fantasy et de la science-fiction,  Paris, Vendémiaire, 2021.  

Blanc, William, Winter Is Coming. Une brève histoire politique de la fantasy, Montreuil, Éditions  Libertalia, coll. « Édition poche », 2019. 

Cranny-Francis, Anne, Feminist Fiction: Feminist Uses of Generic Fiction, New York, St Martin’s Press, 1990. 

Deckers, Anne, « Wonderwoman. La Fantasy féminine », Phenix, numéro spécial fantasy, 1996,  p. 191-209. 

James, Edward et Farah Mendlesohn (dir.), The Cambridge Companion to Fantasy Literature,  Cambridge, Cambridge University Press, 2012. 

Larue, Anne, Fiction, féminisme et postmodernité. Les voies subversives du roman contemporain  à grand succès, Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Perspectives comparatistes », no4, 2010. 

Roberts, Jude et Esther MacCallum-Stewart (dir.), Gender and Sexuality in Contemporary  Fantasy: Beyond Boy Wizards and Kick-Ass Chicks, New York/Londres, Routledge, coll. « The  Cultural Politics of Media and Popular Culture », 2016. 

Schubert, Rikke, Super Bitches and Action Babes: The Female Hero in Popular Cinema, 1970- 2016, Jefferson, McFarland, 2007.