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Enquêter, explorer, documenter : la création en recherche (Pantin)

Enquêter, explorer, documenter : la création en recherche (Pantin)

Publié le par Marc Escola (Source : Atelier des doctorants en dance)

Enquêter, explorer, documenter : la création en recherche.

Date limite de soumission : 5 mai 2020

 

« Les activités artistiques et scientifiques [sont] à la fois proches en termes de production, de création, d’expérimentation et différentes en termes de réception et d’interprétation[1] »

Dans le cadre de la cinquième édition de Camping, événement du Centre national de la danse, l'Atelier des doctorants organise deux journées d'étude intitulées « Enquêter, explorer, documenter : la création en recherche » qui se tiendront les 17 et 18 juin prochains.

Ces journées d’études partiront du constat de la polysémie des notions de « recherche » et de « création » dans les champs universitaires et artistiques, et de la diversité réelle de leurs usages, pour interroger les liens et les passerelles entre ces deux attitudes d’exploration du mouvement dansé. En écho au développement des « thèses création » et des débats et réflexions qu’elles produisent[2], nous nous intéresserons ici aux démarches de recherche inhérentes à certaines approches de l’activité artistique. Comment les danseurs et chorégraphes, dans le cadre d’un processus de création ou de transmission par exemple, mobilisent-ils des outils et des méthodes issus ou détournés des pratiques universitaires ? Il s’agira de décliner cette notion de recherche en fonction des différentes pratiques qu’elle recouvre – activités de lecture et d’analyse, formes d’écriture diverses, verbalisation de leur travail dans le cadre d’ateliers pédagogiques ou de médiation – pour envisager les imaginaires et les représentations implicites qu’elle charrie : est-elle un vecteur d’autonomisation pour les artistes ou une ressource déjà investie par certaines techniques de mouvement ? Rappelons, en effet, que les méthodes et le lexique de la réflexion scientifique se trouvent, dans des pratiques de danse comme le contact-improvisation[3], au fondement même de l’élaboration du mouvement[4].

Plus largement, c’est la rencontre de ces deux manières d’appréhender un travail réflexif qui sera à interroger : quelle place est accordée aux travaux de recherche des artistes dans le milieu universitaire ? Le recours à certains outils ou méthodes considérés comme scientifiques facilite-t-il leur intégration dans des réseaux universitaires, voire l’étude de leur travail dans des séminaires ou des travaux de recherche ? Existe-t-il des prérequis nécessaires à la perméabilité entre ces deux domaines ? Trouve-t-on au contraire des points de scission entre ces deux types d’acteurs, avec des sujets de réflexion privilégiés par certains et négligés par d’autres, qui sous-entendraient une répartition de la recherche sur le mouvement dansé entre chercheurs et artistes ?

Ces relations entre recherche et création nous invitent en retour à étudier l’influence de la recherche universitaire sur les méthodes de réflexion et d’élaboration du geste par les danseurs, ainsi que sur les processus de médiation de leurs œuvres chorégraphiques. Il est désormais fréquent que des chercheurs intègrent le travail artistique des danseurs, qu’ils côtoient dans le cadre du studio ou avec qui ils dialoguent en entretiens : comment leurs propositions conceptuelles et leurs travaux scientifiques affectent-ils le champ chorégraphique, et que font les praticiens des discours universitaires qui s’intéressent à leur travail ?

Ces questions permettront de proposer quelques pistes pour redéfinir la notion de « recherche » et de penser ses diverses représentations – en termes d’attitude méthodologique et de relation aux savoirs et à leur constitution –, afin de saisir les multiples manières dont elles infléchissent les pratiques qui entourent les processus de création.

Les contributions à ces journées d’études pourront prendre la forme d’une présentation de méthodologie, d’une étude de cas, voire de performances illustrant cette tension entre création artistique et recherche. Cet appel s’adresse tant aux artistes qu’aux chercheur·se·s et doctorant·e·s dont le travail vient interroger les liens entre ces deux attitudes de réflexion du geste dansé ?

Modalités de soumission

Les propositions d’interventions sont attendues sous la forme d’un document Word ou PDF de 2 500 signes, et seront accompagnées d’un résumé (400 signes maximum) et d’une biographie (400 signes maximum).

Les propositions seront à envoyer avant le 5 mai, à l’adresse suivante : doctorantsendanse@gmail.com

Nous déciderons ensuite avec les participant·e·s des dates auxquelles nous aurons besoin de leur travail pour planifier la mise en ligne de ce colloque numérique.

 

                                       Comité de l'Atelier des doctorants en danse

                                       Céline Gauthier, université Côte d’Azur, CTEL

                                       Lucas Serol, université de Strasbourg, L’Europe des Lettres

                                       https://docdanse.hypotheses.org/

 

[1] Betty Mercier-Lefévre, 2017, « Chercheurs et artistes : du trouble dans la place », Recherches en danse n° 6. http://journals.openedition.org/danse/1743

[2] Citons à cet égard l’Université d’été européenne du Réseau Création, Arts et Médias (RESCAM) « La Recherche en création et ses différentes temporalités », qui se tiendra à Grenoble du 3 au 5 juin 2020.

[3] En témoigne l’importance du champ lexical de la recherche dans la présentation du contact-improvisation par son instigateur Steve Paxton. Cf. Steve Paxton, 1972, « Descriptif du premier atelier de Contact Improvisation », 26 août 1972 / Amherst College, MA. http://lolm.eu/contact-impro-quoi/

[4] Cette caractéristique se retrouve bien sûr dans d’autres pratiques du mouvement, par exemple dans les techniques somatiques : « Parfois nommées d'après le nom de leur fondateur (méthodes Alexander, Feldenkrais, Dannis Bois...) ou par un titre descriptif (eutonie – pour harmonie du tonus – Body-Mind Centering, gymnastique holistique, Idéokinésis, etc.) […] Elles se situent aux marges des savoirs dominants de leur époque, en dialogue avec le monde médical […], scientifique […], mais aussi économique […], ou encore artistique […]. In « Pratiques corporelles et pouvoir d’agir, pour une approche politique des pratiques somatiques » par le groupe Soma & Po, www.danse.univ-paris8.fr