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Écriture de la danse, écriture des corps( Festival Transversales 2021,

Écriture de la danse, écriture des corps( Festival Transversales 2021, "Trans'en Danse", Rennes)

Publié le par Marc Escola (Source : Gaëlle Debeaux)

« Écriture de la danse, écriture des corps »

Journée d’étude dans le cadre du festival Transversales 2021

11e édition : « Trans’en Danse »

Jeudi 25 novembre 2021

 

Dans le cadre de la 11e édition du festival Transversales intitulée « Trans’en Danse », la journée d’étude « Écriture de la danse, écriture des corps » vise à interroger le vaste corpus littéraire récent (de langue français ou non) prenant la danse pour objet, pour sujet ou pour matrice. De fait, la plupart des articles et ouvrages récents sur les rapports entre danse et littérature se concentrent sur les intersections entre ces deux pratiques artistiques (Colombo et Genetti, 2010 ; Nachtergael et Toth, 2015), rassemblant des œuvres et performances hybrides, à la frontière de plusieurs catégories esthétiques (comme ce que propose depuis plusieurs années désormais le festival Concordan(s)e). Le plus souvent (Dessy, 2019), les objets considérés relèvent de la performance, et si celle-ci peut donner lieu à des publications, comme c’est le cas pour Vous dansez ? de Marie Nimier (2005), prolongeant le spectacle À quoi tu penses ? créé avec Dominique Boivin et Joël Calmettes, le livre est rarement premier, et jamais seul. Le parti-pris de cette journée d’étude est alors d’explorer des œuvres résolument textuelles et imprimées dans lesquelles la danse et ses déclinaisons sémantiques occupent une place centrale : il s’agira ainsi davantage d’interroger l’immixtion de la chorégraphie au sein de l’œuvre littéraire. Comment la danse module-t-elle l’écriture ? Quelle place se creuse-t-elle au sein de la parole écrite et imprimée ?

Littérature et chorégraphie ont en commun, tout du moins d’un point de vue étymologique, l’enjeu de l’écriture : les textes littéraires récents prenant la danse comme objet font des corps en mouvement le sujet de l’écriture, que cette dernière soit narrative comme chez Jean Teulé (Entrez dans la danse, 2018) ou Fanny Chiarello (A Happy Woman, 2019), ou qu’elle soit poétique (Godfroy, 2015), comme chez Louise Desbrusses (Le corps est-il soluble dans l’esprit ?, 2013) ou Marie de Quatrebarbes (Voguer, 2019), voire à la frontière chez Suzanne Doppelt (Meta donna, 2020). De ces corps, les textes retiennent la sensorialité, la vitalité, et c’est précisément leur agentivité qui interroge et qui intrigue, façonnant la fiction ou modulant le rythme de la parole poétique. Dès lors, parler du mouvement des corps – du corps solitaire ou des corps rassemblés, collectifs comme dans Le Bal des folles de Victoria Mas (2017) – conduit à explorer ce qui se passe, précisément, dans ces corps (voir Avoir un corps de Brigitte Giraud, 2013, ou encore Deux cigarettes dans le noir de Julien Dufresne-Lamy, 2017), dans le corps de l’autre, ce qui se passe dans le rapport au corps de l’autre (voir Per amore de Lisa Ginzburg, 2016). Il est intéressant de noter la récurrence, dans ces œuvres, d’un questionnement sur le corps figé dans une identité à laquelle il est assigné, fixité que la pratique de la danse viendrait mettre en mouvement (par exemple dans Point Cardinal de Léonor de Recondo, 2017) : dans un univers très genré, où la ballerine continue de représenter une féminité idéale, fragile et évanescente, où le corps délié de la danseuse incarne, à la suite de Mallarmé et Valéry inspirés par Loïe Fuller (Fifteen Years of a Dancer's Life, 1908/1913) et Isadora Duncan (My Life, 1927), le geste pur de la poésie, où celui du danseur reste peu représenté, les œuvres de littérature contemporaines paraissent chercher à interroger les frontières et remettre en cause les assignations (on pense par exemple à Les Danseurs de l’aube de Marie Charrel, 2021). Cela peut passer par une réflexion sur la hiérarchisation sociale qui sépare le ballet de formes de danses populaires, chacun projetant une certaine représentation de la féminité et du Beau ; cette distinction opère aussi dans la performance (genrée, racialisée etc.) qui est exigée des corps sur scène. En ce sens, le corps qui danse est bien un corps au travail, façonné non seulement par des assignations sociales qu’il joue et parfois déjoue, mais aussi par une discipline qui le marque, voire le violente, comme le montre Lola Lafon (Chavirer, 2020), à la merci de ceux à qui il s’expose (par exemple dans La danse sorcière de Karine Henry, 2017). On s’intéressa donc aussi aux œuvres qui, parfois dans une vocation documentaire et sociologique, donnent à voir l’envers du décor, comme chez Camille Laurens (La petite danseuse de quatorze ans, 2017) ou Astrid Eliard (Danser, 2016), ou qui donnent la parole à cette figure du danseur, figure collective dans ob.scène. Récit fictif d’une vie de danseur d’Enora Rivière (2013).

Ainsi, cette journée vise à interroger les rapports entre danse et littérature au sein de l’œuvre littéraire narrative ou poétique, fictionnelle ou factuelle (de langue française ou non), et la façon dont cette intersection permet à l’œuvre littéraire de construire (ou déconstruire) un discours sur les corps en mouvement : à quels types de danse correspondent quelles représentations des corps et quelles modalités narratives, quelles conceptions de la fiction ?

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Les propositions de communication (3500 signes espaces comprises maximum), accompagnées d’une présentation bio-bibliographique, sont à faire parvenir à l’adresse suivante : festivaltransversales@gmail.com. Elles sont attendues pour le 3 octobre. La réponse du comité de sélection parviendra au plus tard le 15 octobre.

Responsables scientifiques :

Agnès Barbier, Malou Beziat, Flavia Bujor, Gaëlle Debeaux, Marianne Di Benedetto.

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Bibliographie indicative :

Colombo Laura, et Stefano Genetti, Pas de mots. De la littérature à la danse, Paris, Hermann, 2010

Dessy Clément, « Écrivains et danseurs au corps à corps : l’expérience chorégraphique de la littérature », Fabula / Les colloques, Écrivains en performances, 2019, en ligne : http://www.fabula.org/colloques/document6389.php

Ducrey Guy, « Littérature et danse », in TOMICHE Anne (dir.), La Recherche en littérature générale et comparée en France en 2007 : Bilan et perspectives, Valenciennes, PUV, 2007

Fontaine Ariane, « De la littérature à la danse, quelques enjambées. Déroutes de Mathilde Monnier », Postures, dossier « Arts, littérature : dialogues, croisements, interférences », n°7, 2005, en ligne : http://revuepostures.com/fr/articles/fontaine-7

Godfroy Alice, Danse et poésie : le pli du mouvement dans l’écriture. Michaux, Celan, du Bouchet, Noël, Paris, Champion, 2015

Godfroy Alice, Prendre corps et langue. Étude pour une dansité de l’écriture poétique, Paris, Ganse Arts et Lettres, 2015

Gramigna Valeria, Dans l'encre de la danse. Roman et danse entre XXème et XXIème siècles, Bari, Edizioni B.A. Graphis, Coll. Marges critiques / Margini critici, vol. 6, 2006

Mesager Mélanie, Littéradanse, Quand la chorégraphie s’empare du texte littéraire. Fanny de Chaillé, Daniel Dobbels, Antoine Dufeu et Jonah Bokaer, Paris, L’Harmattan, 2018

Nachtergael Magali et Lucille Toth, Danse contemporaine et littérature, entre fictions et performances écrites, Pantin, CND, 2015

Psarolis Alexia (dir.), « Danse et Littérature », Nouvelles de la danse, n° 70, automne 2017, en ligne : https://contredanse.org/wp-content/uploads/2020/04/litterature_-NDD70.pdf.