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Écrire le lien : attachement, emprise, émancipation (Toronto)

Écrire le lien : attachement, emprise, émancipation (Toronto)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Université de Toronto)

(english version below)

Écrire le lien : attachement, emprise, émancipation

Département d’études françaises, Université de Toronto

8-9 avril 2020

 

Fondamental à l’expérience humaine, l’attachement prend racine dans des relations amoureuses et érotiques, amicales et familiales; il est à la fois cultivé et mis en péril dans nos rapports à autrui, ouvrant la voie à une forme de bienveillance comme à une possible violence. Souvent pensés en termes d’intimité et de relations intersubjectives, l’attachement et son envers – le détachement – impliquent également un rapport à l’Histoire, à la collectivité, à la culture : la quête des origines, l’établissement d’une filiation, l’amour d’une langue ou d’un territoire sont toutes des manifestations d’un lien tantôt contraignant, tantôt libérateur à un héritage ou à une communauté. Si la vie humaine est ainsi traversée par d’innombrables formes d’attachements, il en va de même pour la littérature. À l’inverse des discours sociaux, qui offrent souvent des représentations partielles et limitées de l’attachement, les œuvres littéraires permettent une conception plurielle du lien, l’explorant dans toute sa complexité.

La pratique du récit de soi, la reconnaissance grandissante de l’expérience queer et l’intensification des flux migratoires, par exemple, ont entraîné une recrudescence de la question du rapport à l’autre : les œuvres de Nelly Arcan, Edouard Louis et Ying Chen, parmi d’autres, en témoignent. Il va sans dire que l’attachement n’est pas un thème uniquement contemporain ni une préoccupation exclusivement européenne. En effet, il a pris de multiples formes à travers la littérature des siècles passés : que ce soit dans les textes des poètes romantiques, des écrivains de la négritude ou des auteurs emblématiques de la Révolution tranquille, la question de l’attachement traverse les corpus et s’y voit sans cesse renouvelée. 

En relisant des classiques, en se penchant sur des œuvres moins consacrées ou en explorant des textes contemporains, les participants au colloque seront invités à interroger les diverses représentations de l’attachement et à se demander : quels enjeux sont convoqués par ces représentations? En quoi les relations queer et postcoloniales offrent-elles de nouvelles formes et représentations de l’attachement? Les textes présentent-ils des images problématiques, voire toxiques d’attachement? Comment penser l’attachement au territoire, à la langue, aux origines? Peut-on penser l’attachement en termes de filiation? Qu’en est-il du détachement, qu’il soit volontaire ou forcé (rupture, exil, migration, deuil)? L’attachement peut-il constituer un moteur de création? Quelles stratégies discursives sont employées pour mettre en scène les relations intersubjectives? Enfin, en quoi les représentations, ainsi que l’écriture de l’attachement, ont-t-elles évolué? 

Les pistes suivantes – non exhaustives – peuvent être explorées :

Relations, ruptures, déchirements :

  • Attachements amoureux, sexuels, érotiques
  • Attachements familiaux : rapports à la figure parentale, sororité, fraternité, récits d’enfance
  • Relations queer
  • Relations asymétriques : dynamiques de pouvoir, attachements toxiques, obsessions, dépendance
  • Troubles de l’attachement
  • Attachements interdits : relations extraconjugales, interraciales, incestueuses
  • Détachement : rupture, deuil, perte, rejet, exclusion, stigmatisation 
  • Stéréotypes de l’attachement: faiblesse, féminité, dépendance

Histoire, culture, littérature :

  • Attachements spatiaux : récits des origines, célébration du territoire
  • Héritages culturels : langue, patrimoine (architectural, culinaire, artistique, etc.)
  • Attachements au passé : nostalgie, devoir de mémoire, actes commémoratifs 
  • Ruptures et renouveaux : migration, exil, rejet des traditions, récits de transfuges 
  • Filiations et rapports aux traditions littéraires : adoptions et rejets 
  • Attachements esthétiques : intertextualité, hommages, réécritures, allusions, parodies, pastiches, adaptations 
  • Appartenance à une communauté littéraire : identification à un personnage, à un mouvement, à une théorie, à une idéologie
  • Questions d’onomastique : noms de personnages, pseudonymes 

Les présentations, d’une durée de 20 minutes, pourront avoir lieu en français ou en anglais.

Les propositions de 300 mots maximum, accompagnées d’une courte notice biographique, devront être envoyées au plus tard le 24 janvier 2019, à l’adresse suivante : colloquesesdef2020@gmail.com

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Writing Attachment: bonding, power, emancipation 

French Department, University of Toronto

April 8-9, 2020

Inextricably linked to human experience, attachment is rooted in intimate and erotic, social and parental relations; it can both be harvested and jeopardized in our relationship with others, paving the way to a form of benevolence as well as the possibility of violence. Often theorized in terms of intimacy and intersubjective connections, attachment and its polar opposite – detachment – also imply a connection to History, to collectivity and to culture. Characterized by returning to origins, by establishing parentage, or by expressing the love of a language or territory, these bonds can be restrictive or emancipatory in regards to a heritage or a community. If human life is navigated through these countless forms of attachment, the same goes for literature. Whereas social discourses, more often than not, offer partial and limited representations of attachment, literary works enable a pluralistic conceptualization of bonding, investigating it in all its complexity. 

From narratives of self-expression, increased recognition of queer experiences and intensified migration, for instance, new questions have emerged concerning the relationship to the Other: this is reflected in the works of Nelly Arcan, Edouard Louis and Ying Chen, amongst others. Evidently, attachment is not only a contemporary theme, nor is it an issue exclusive to the West. Attachment has taken on multiple literary forms over the past few centuries: from Romantic poetry to Black consciousness and the literature emblematic of the Quiet Revolution, the question of attachment traverses literary history and is continuously renewed.

By re-reading classics, by choosing to study works neglected by the Western canon, or by exploring contemporary texts, conference participants are invited to examine various representations of attachment and to ask the following questions: which issues do these depictions raise? How do queer and postcolonial relationships offer new forms and representations of attachment? Do the literary texts present problematic, if not toxic variations of attachment? How can we conceive of attachment to a territory, to language, to origins? Can we think of attachment in terms of heritage? What are the implications of detachment, whether voluntary or forced (rupture, exile, migration, bereavement)? Can attachment constitute a force of creation? Which discursive strategies are employed to produce intersubjective relationships? Finally, how have representations of and writings on attachment evolved?

Papers may address, but are not limited to, the following topics: 

Relationships, ruptures, breaches:

  • Intimate, sexual, erotic attachments 
  • Kinship: parental figures, sorority, fraternity, childhood narratives
  • Queer attachments
  • Relational imbalances: power dynamics, toxic relationships, obsessions, dependance
  • Attachment disorders
  • Forbidden relationships: extramarital, interracial, incestuous 
  • Detachment: rupture, mourning, loss, rejection, exclusion, stigma 
  • Stereotypes: weakness, femininity, dependency

History, culture, literature:

  • Spatial attachment: origin stories, celebrating the land
  • Cultural heritage: language, patrimony (architectural, culinary, artistic, etc.)
  • Attachment to the past: nostalgia, duty of remembrance, commemoration 
  • Rupture and renewal: migration, exile, disavowal of tradition
  • Literary lineage: resurgence and refusal
  • Aesthetic attachments: intertextuality, homage, rewriting, allusions, parodies, pastiches, adaptations 
  • Adhering to a literary community: identification to a character, allegiance to a movement, to a theory or ideology
  • Onomastics: naming a character, adopting a pen name

Papers can be in French or in English.

Proposals for 20-minute long talks containing an abstract of 300 words or fewer, with the speaker’s name, affiliated institution and a short biography, should be submitted to colloquesesdef2020@gmail.com by January 24, 2020.