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Écrire la frontière (Aix-en-Provence)

Écrire la frontière (Aix-en-Provence)

Publié le par Marc Escola (Source : Sabine Gamba)

Écrire la frontière

Vendredi 3 avril 2020 - Maison de la Recherche - AIx-en-Provence

Date limite de soumission des propositions : 12 janvier 2020

Date de notification des propositions retenues : 04 février 2020

 

Ecrire la frontière est une journée d’étude en deux volets organisée par l’Université d’Aix-Marseille. Cette manifestation est labellisée par la fédération interdisciplinaire CRISIS (Corpus, Représentations, Identités, Santé et Interactions Sociales), en partenariat avec l’IMéRA (Institut Méditerranéen d’études et de recherches avancées) et le Collège doctoral franco-allemand.

Cet appel est pour le premier volet (03/04/2020) de la JE et se déroule à la Maison de la Recherche – Aix-en-Provence.

 

PRESENTATION

Historiquement ligne de front et de conflit, figure de pouvoir et passage juridique, les frontières, comme objets historiques et politiques, laissent des traces dans le paysage physique, persistent dans les imaginaires, les corps ou les pratiques. Rémanentes, elles conservent, même après leur disparition formelle, une puissance d’agir indéniable. À l’instar d’une crise migratoire dans laquelle la frontière est un barrage de contrôle meurtrier – pensons à la Méditerranée et à ses murs – l’issue, même lorsqu’elle est positive, laisse finalement place à sa traçabilité physique et mémorielle.

Bien que certaines lignes frontalières tendent à disparaître, notamment dans un contexte de mondialisation, nos modalités d’existence sont entachées par ces formes de démarcations devenues immatérielles et opèrent ainsi une mutation de leurs apparitions. Aussi, elles s’immiscent dans le paysage social, géopolitique et linguistique que nous habitons. Nos pratiques contemporaines semblent alors définir la frontière dans son ambivalence entre l’effaçable, le disparu et l’ineffaçable de ses démarcations qui se révèlent sous d’autres formes. Elles s’inscrivent par exemple dans les voix, dans les corps, dans les rêves. La frontière peut ainsi être revendiquée comme un espace qui “s’habite” (Miano, 2012), formulant un lieu représentatif des hybridités culturelles contemporaines, et prendre la forme d’une mémoire qui inspire la création littéraire et artistique.  

En effet, la frontière évolue aujourd’hui dans la littérature et les arts vers une réminiscence, vers un espace de reconfiguration et oscille en permanence ; elle devient dès lors un lieu où « les mondes se touchent, inlassablement » (Miano, 2012). Ce caractère foncièrement mouvant produit , des dynamiques qui inaugurentant finalement un « au-delà » (Bhabha, 1994), dans lequel les les lignes/démarcations  «démarcations « traditionnelles » sont déconstruites. Les écrivains et artistes brouillent les frontières, croisent par exemple les langues dans un même ouvrage, une œuvre d’art, un spectacle, ou bien jonglent entre les genres, construisent de l’intermédialité, valorise l’hybridité artistique, composant ainsi des espaces d’unification, de liberté et défiant en même temps les limites qu’impose le monde politique qui a tendance à réhabiliter les frontières physiques.

Comment donc appréhender la frontière dans sa complexité, sa polysémie, ses paradoxes ? Comment conjuguer rémanence et réminiscence de la frontière ?

Faisant suite au  séminaire jeunes chercheur·e·s intitulé  « Frontières » (https://frontieresamu.hypotheses.org), organisé à la Maison de la Recherche d’Aix-en-Provence et qui rassemble depuis deux ans un groupe de réflexion interdisciplinaire, la journée d’étude Écrire la frontière souhaite approfondir encore la notion hautement polysémique des frontières, en interrogeant les traces que celles-ci ne manquent de laisser.

Les propositions pourront par exemple s’inscrire et être abordées dans les questions suivantes :

-   Passages visibles ou invisibles, réels ou fictifs, lien ou rupture, quelles sont les représentations littéraires et artistiques qui écrivent la frontière ? Quels espaces reconfigurés ou quelles identités la frontière fait-elle émerger ?

-   Quelle part échoit à la traduction dans les récits de la frontière entre souci du réel et tension à l’imaginaire ? Quelles frontières linguistiques dans le plurilinguisme, les dialectes, les variations ?

-   Quelle taxinomie constate-t-on dans les choix esthétiques et interdisciplinaires ? Quels écrits et quelles pratiques artistiques transgressent, célèbrent, résistent à la notion de frontière ?

-   Quelles mémoires de la frontière font ressurgir les récits et les démarches artistiques? Pour quelles créations ?

-   Quelle visibilité a-t-on sur les zones d’attente, les espaces frontaliers et les « non-lieux » (Augé, 1992) ?

-   Quelle histoire de la frontière écrit-on ? Quelles traces de leurs manipulations en demeurent dans les manuels scolaires ? Quelles figures emblématiques les ont transgressées ?

-   Quelles relations fait-on entre les figures d’exilé.e.s, de marcheurs, de voyageurs, de contrebandiers qui entretiennent avec la frontière un lien de survie, de pouvoir, de transgression, de rêveries ? Est-il (géo)politique ?

-   Quelles frontières interroge-t-on dans l’écriture et la représentation littéraire et artistique des identités genrées ?

-   Quelles pistes de réflexion ou quels reculs a-t-on aujourd’hui sur les démarcations urbaines et rurales des classes sociales ?

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Déroulement de la manifestation

Cette journée d’étude Ecrire la frontière se veut internationale et interdisciplinaire. Elle sera partagée en deux temps :

1er volet – Vendredi 3 avril 2020 – Maison de la Recherche – Aix-en-Provence : ce premier volet sera consacré à des communications de jeunes chercheur·e·s européen.ne.s ayant répondu à l’appel à contributions qui seront inaugurées par l’intervention de Patrick Suter, Professeur de littérature française à l’Université de Berne et auteur du théâtre-essai Frontières. Il s’agira de problématiser et circonscrire les divers points de vue interdisciplinaires sur la question des traces frontalières : « Frontières ? Si nombreuses sur la surface de la terre ! Si diverses ! Ne cessant de changer, de se recomposer, de naître, de disparaître ! (…) et certes, Frontières, le texte que tu lis, lecteur, ne contient que quelques variations parmi une infinité possible » (Suter, 2014).

2nd volet – Samedi 4 avril 2020 – IMéRA – Marseille : ces usages littéraires, artistiques et historiques de la frontière seront discutés lors d’une table-ronde d’écrivains et d’artistes de différents territoires géographiques et artistiques. Ces artistes du « Tout-Monde » (Glissant, 1997) seront invité·e·s à s’exprimer sur la présence/absence et la résonnance des frontières au sein de leurs œuvres. Les doctorant.e.s et les jeunes chercheur·e·s sont donc les bienvenu.e.s.

Date limite et modalités de soumission :

Les propositions de communication sont à envoyer à : frontieresamu@gmail.com au plus tard le 12 janvier 2020 ; nous vous prions d’envoyer conjointement une proposition de 400 mots maximum, ainsi qu’une courte bio-bibliographie ; les réponses seront envoyées le 4 février 2020. Les participant.e.s sont invité·e·s à présenter leur recherche dans le cadre du premier volet de la manifestation.

L’appel à contribution s’adresse à des doctorant.e.s et à des jeunes chercheur·e·s (ayant soutenu leur thèse il y a moins de 4 ans) issu·e·s de diverses disciplines en sciences humaines et sociales, notamment en arts, littératures, philosophie, esthétique, histoire, sciences du langage, anthropologie, langues et cultures étrangères.

Nous nous tiendrons à la disposition des participant.e.s retenu.e.s, pour toutes questions logistiques.

Les communications donneront lieu à une publication.

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Bibliographie indicative :

❖ Agier, Michel, La condition cosmopolite. L’anthropologie à l’épreuve du piège identitaire, Paris, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 2013.

❖ Assmann, Heinz-Dieter, Baasner, Frank, Wertheimer, Jürgen, (dir.), Grenzen, Baden-Baden, Nomos, 2014.

❖ Augé, Marc, Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992.

❖ Bhabha, Homi K., Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007 [1994].

❖ Glissant, Edouard, Traité du Tout-Monde, Paris, Gallimard, 1997.

❖ Le Bris, Michel, Rouaud, Jean (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard 2007.

❖ Mazauric, Catherine, Mobilités d’Afrique en Europe, Récits et figures de l’aventure, Lettres du Sud, Karthala, 2012.

❖ Mezzadra, Sandro, Neilson, Brett, La frontière comme méthode ou la multiplication du travail, Toulouse, L’asymétrie, 2019 [2013].

❖ Miano, Léonora, Habiter la frontière, Paris, L’Arche, 2012.

❖ Suter, Patrick, Frontières, Paris, Passages d’encres, 2014.

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Comité scientifique :

Silvio FLORIO, doctorant en littérature comparée, CIELAM, AMU. 

Sabine GAMBA, doctorante en littérature contemporaine d’expression française, CIELAM, AMU. 

Delphine MAZARI, doctorante en art et sciences des arts, LESA, AMU. 

Catherine Mazauric, Professeure en littérature contemporaine d’expression française et directrice du CIELAM, Université Aix-Marseille.

Marjolaine UNTER ECKER, doctorante en littérature contemporaine de langue française,  CIELAM.